En ce matin de février, sous des températures frôlant les -20 degrés, le couple, qui élève des centaines de rennes, surveille son troupeau s'enfonçant dans les terres boisées et enneigées riches de la précieuse mousse. Cette année, ils ont dû faire un parcours plus long qu'à l'accoutumée pour trouver un terrain comme ce flanc de colline enneigé aux confins d'Örnsköldsvik (nord), sur les bords de la mer Baltique. Le trajet a pris deux fois plus de temps.
"Le plus grand problème aujourd'hui, c'est le changement climatique", explique Margret, 39 ans.
Lorsque les chutes de neige étaient régulières, les éleveurs pouvaient planifier les déplacements de leurs rennes, suivant les mêmes itinéraires année après année, au gré des changements de saison.
Désormais, la transhumance et l'errance des rennes en montagne et dans la plaine se heurtent aux fantaisies de la météo, qui fait alterner périodes de froid et de redoux, gelant le sol d'épaisses couches de glace et empêchant les rennes d'accéder au lichen.
En janvier, les températures ont été jusqu'à dix degrés supérieures aux normales saisonnières dans le nord du royaume, indique l'Institut météorologique suédois. Entre 1991 et 2019, certaines parties du nord et de l'est de la Suède ont connu une augmentation des températures moyennes de près de deux degrés par rapport à la période 1860-1900, d'après un rapport de l'institut.