"Nous étions aux champs, quand nous avons entendu des explosions et le bruit des balles qui se rapprochaient", raconte Aline Mwavita, une jeune fille de 15 ans, accompagnée de son petit frère. "Nous sommes rentrés à la maison, mais nos parents avaient déjà fui. Ils n’avaient même pas pris le temps de mettre le cadenas sur la porte."
Selon les Nations Unies, au moins 170.000 personnes ont été déplacées depuis fin mars par les affrontements entre les forces armées congolaises (FARDC) et les rebelles du M23, qui ont repris les armes. Des milliers de familles ont trouvé refuge à Rutshuru, à environ 70 kilomètres au nord de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, non loin des frontières rwandaise et ougandaise.
Ma femme fait du porte-à-porte tous les jours pour trouver à manger
Dans une école, ils habitent des salles de classes. Dans un stade qui accueillait des matchs de football, de grandes tentes blanches ont été plantées dans l’urgence pour les héberger. La plupart des déplacés sont partis dans la peur et la précipitation, sans rien emporter. "Ma femme fait du porte-à-porte tous les jours pour trouver à manger. Parfois les gens sont généreux, parfois nous restons le ventre creux", dit Jean de Dieu Yakaremye, un instituteur, père de quatre enfants.