La Grande Forme

Endométriose : diagnostiquer la maladie via un test salivaire ou une prise de sang

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Par Dr Brichant Géraldine et Sophie Businaro

L'endométriose est une maladie gynécologique qui concerne une femme sur dix. De nouvelles avancées ont été publiées ces derniers temps. De quoi donner de l'espoir aux patientes qui en souffrent. Éléments d'information avec le Dr Brichant, gynécologue au LUCERM - Centre d'endométriose du département Universitaire de Gynécologie-Obstétrique de Liège.

Jusqu’à 10% de la population mondiale présente de l’endométriose. Cette dernière survient quand du tissu semblable à la couche interne de l’endomètre pousse en dehors de l’utérus. Elle peut causer douleur, infertilité ou être asymptomatique. Pourquoi et comment l’endométriose apparaît n’est pas connu aujourd’hui et les traitements ne sont pas curatifs mais soulagent les symptômes souligne le Dr Brichant.  

Diagnostic 

Le diagnostic est parfois long et repose encore actuellement sur la laparoscopie. Le développement d’une méthode de diagnostic non invasive éviterait la progression de la maladie et parfois la chronicisation de la douleur. 

  • Clinique 

Actuellement, le diagnostic débute par une anamnèse attentive. Cette dernière permet souvent d’envisager la présence d’endométriose et même de la localiser. Un examen clinique complet permettra parfois de confirmer les suspicions. 

  • Radiologique 

L’examen le plus fréquemment réalisé est l’échographie endovaginale (EEV). Cette dernière est très efficace dans le diagnostic de l’endométriose ovarienne par exemple. Dans les mains d’un opérateur formé et habitué, le diagnostic d’endométriose de la cloison recto vaginale est possible. Il existe également des signes indirects d’endométriose comme les adhérences (les ovaires sont accolés à l’utérus, …). L’IRM est l’autre examen fréquemment utilisée, notamment dans le diagnostic de l’endométriose diaphragmatique (le muscle qui permet de respirer) ou intestinale. Afin d’évaluer l’importance de l’atteinte digestive, en fonction des équipes, une colonoscopie (caméra dans le colon) ou un lavement baryté (radio après injection d’un produit de contraste dans le rectum) peut aider le chirurgien avant l’acte chirurgical. 

Close-Up of Woman on Couch with Pelvic Pain
Close-Up of Woman on Couch with Pelvic Pain © 2020 Grace Cary

Des chercheurs ont trouvé le gène responsable de l’endométriose

Au niveau des nouvelles avancées, on apprenait récemment que des chercheurs ont trouvé le gène responsable de l’endométriose et pensent qu’un nouveau traitement est enfin possible. Le Dr Brichant nous donne son avis à ce sujet :

"Des chercheurs ont récemment découvert que des variations dans le gène qui produit la protéine du récepteur du neuropeptide S (NPSR1) se retrouvent plus fréquemment chez les femmes qui ont de l’endométriose. Ce gène joue une rôle dans la transmission des signaux nerveux et dans l’inflammation. Pourquoi faire des recherches du côté de la génétique ? Parce que l’endométriose peut être une pathologie familial et que 50% du risque d’avoir de l’endométriose dépend de la génétique. L’endométriose reste cependant une maladie complexe, influence par de nombreux facteurs, dont les gènes de la personne, son environnement et les interactions entre les deux. 

Il reste aussi à comprendre en quoi le NSPR1 est connecté à l’endométriose 

Comprendre la génétique de l’endométriose pourrait amener à de meilleurs traitements, plus ciblés. Par exemple, une équipe allemande a éteint la fonction du NSPR1 chez des souris et a pu démontré que les souris présentaient moins d’inflammation et de douleur. Il reste maintenant à trouver un traitement autorisé chez l’humain et voir si ce dernier diminue les symptômes de l’endométriose. Il reste aussi à comprendre en quoi le NSPR1 est connecté à l’endométriose. Il faut savoir qu’il est aussi lié à d’autres maladies inflammatoires telles que l’asthme et les maladies inflammatoires intestinales (Crohn, RCUH, etc). On le trouve également dans certaines régions du cerveau et il pourrait donc jouer un rôle dans la façon dont le cerveau analyse la douleur. Ce qui peut également être une piste dans le traitement de l’endométriose."

Diagnostiquer la maladie via un test salivaire ou une prise de sang

Deux autres avancées ont été découvertes ces dernières semaines: L’endométriose pourrait bientôt être détectée par un simple test salivaire ou encore une prise de sang.

L'avis du Dr Brichant au sujet de ces deux actualités :

  • Test salivaire

"En effet, l'équipe de chercheurs dirigée par le Pr Emile Daraï de l'hôpital Tenon, à Paris, en collaboration avec les spécialistes en intelligence artificielle de l'entreprise lyonnaise Ziwig Health est sur le point de mettre en place une méthode révolutionnaire de diagnostic. Il s’agit d’un test salivaire d’une fiabilité supérieure à 95%, rapide et à réaliser à domicile. Comme le précisent les chercheurs, le développement de ce test salivaire a été rendu possible grâce à l'usage d'un séquençage du génome et de l'intelligence artificielle. En effet, au début de l’année 2021, 15 000 patientes ont répondu à un questionnaire. Parmi elles, 200 patientes, en passe de subir une intervention, ont accepté de faire un prélèvement salivaire pour se faire tester. Cette même technologie pourrait être utilisée pour d’autres pathologies. En attendant, les chercheurs n’ont pas encore reçu les autorisations de commercialisation. Lorsque ce sera le cas et que les tests seront autorisés à être vendus sur le marché, ils ne seront, à priori, pas remboursés par la Sécurité sociale."

  • Prise de sang

"Dans une nouvelle étude scientifique, des chercheurs ont identifié deux différences au niveau du sang menstruel des femmes permettant de mieux diagnostiquer l'endométriose, à l’aide d’une simple analyse de sang...  Les microARN (miRNA) sont des fragments d’ARN qui permettent la régulation de gènes. Ces fragments d’ARN peuvent être retrouvés dans le sang, la salive et les urines. Des études sont réalisées afin d’évaluer la possibilité d’utiliser les microARNs dans le diagnostic de l’endométriose. Une équipe à Yale a élaboré un algorithme basé sur différents MiRNA retrouvés dans le sérum de patientes atteintes d’endométriose. Lorsqu’ils ont appliqué cet algorithme dans un autre groupe de patientes, ce dernier a pu différencier les patientes souffrant d’endométriose de patientes sans cette pathologie." 

La Grande Forme, c’est du lundi au vendredi de 13h à 14h30 en direct sur VivaCité. Vous avez manqué l'émission? Nous vous invitons à la revoir sur Auvio.

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