Energie

Énergie en Europe : onze États membres, emmenés par la France, s’engagent à renforcer leur coopération nucléaire

Une photo de famille montre les chefs de délégation de la session Énergie lors de la réunion informelle avec les ministres des télécommunications, des transports et de l’énergie (TTE) de l’UE au Scandinavian XPO à Marsta, près de Stockholm, en Suède, le 2

© AFP

Onze des vingt-sept États membres de l’UE ont annoncé mardi vouloir coopérer davantage dans le développement de leurs projets d’énergie nucléaire, mettant en avant la décarbonation de l’économie et la sécurité d’approvisionnement, en marge d’une réunion informelle des ministres de l’Énergie à Stockholm. Le cabinet de la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait affiché avant la réunion l’objectif de "créer une alliance du nucléaire […] et d’envoyer un signal fort dans les différentes négociations européennes".

 

Sans la Belgique (pour le moment ?)

Ces pays, emmenés par la France, sont pour bon nombre des États de l’est de l’Europe (Bulgarie, Croatie, Tchéquie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie et Slovénie), ainsi que la Finlande et les Pays-Bas. La Belgique n’y figure pas. "Je n’ai pas reçu d’invitation formelle", a expliqué la ministre Tinne Van der Straeten. Mais elle assure entretenir de très bonnes relations avec ces pays et dit qu’elle examinera de près leurs propositions, "notamment en ce qui concerne l’hydrogène".

Hydrogène vert

La Commission européenne a proposé il y a quinze jours que l’hydrogène produit à partir d’un mix électrique comportant du nucléaire puisse, sous conditions, être considéré comme "vert", une victoire de la France qui souhaite recourir à l’atome pour atteindre les objectifs fixés par l’UE.

"L’énergie nucléaire est l’un des nombreux outils permettant d’atteindre nos objectifs climatiques, de produire de l’électricité de base et de garantir la sécurité de l’approvisionnement", affirment ces pays dans une déclaration commune.

Allemagne et Espagne fortement opposées

Plusieurs Etats, dont l’Allemagne et l’Espagne, y sont totalement opposés. Dans le cadre d’une réforme du marché européen de l’électricité, la France préconise par ailleurs des contrats de longue durée à prix garanti, y compris au bénéfice de la production nucléaire, ce que refuse Berlin.

Etats-Unis, Royaume-Uni, Corée du Sud, Chine, Inde et même Japon envisagent le nucléaire comme moyen important de décarboner leur économie

"Le nucléaire représente 25% de notre production électrique européenne, émet moins de carbone que l’éolien et le photovoltaïque", avait martelé lundi Agnès Pannier-Runacher, y voyant un outil "complémentaire" des renouvelables "pour atteindre la neutralité carbone" visée par l’UE en 2050. "Nous devons unir nos forces" pour innover et "développer de nouvelles installations", avait-elle plaidé. "Etats-Unis, Royaume-Uni, Corée du Sud, Chine, Inde et même Japon envisagent le nucléaire comme moyen important de décarboner leur économie. Nous devons être sur un pied d’égalité", a-t-elle souligné.

 

"Se passer des énergies fossiles "

Les onze pays signataires sont les mêmes qui soutenaient fin 2021 la reconnaissance du caractère "durable" du nucléaire, énergie n’émettant pas de CO2, dans la "taxonomie" européenne, une labellisation verte permettant de faciliter certains investissements. Ils avaient obtenu gain de cause dans le texte finalement adopté mi-2022, au grand dam des antinucléaires. La Suède, dont l’actuel gouvernement est pro-nucléaire, n’a pas signé la déclaration de mardi, étant contrainte à la neutralité durant les six mois de sa présidence du Conseil de l’UE. Elle s’est néanmoins montrée accommodante. "Nous respectons le fait que les Etats choisiront des solutions différentes pour leur transition, le but essentiel étant de se passer des énergies fossiles", a insisté la ministre Ebba Busch. L’initiative de la France intervient à l’heure où le modèle énergétique allemand, basé sur des importations de gaz bon marché, est mis à mal par la guerre en Ukraine et les efforts de l’UE pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. L’hostilité de Berlin à l’atome est partagée notamment par l’Autriche et le Luxembourg.

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