Belgique

Énergies renouvelables : les entreprises belges lancées dans la course à la batterie

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Par Jean-François Noulet

L’interdiction prochaine de la commercialisation de voitures neuves à moteur thermique et, plus globalement, la transition énergétique augmente les besoins de stockage d’électricité. Le secteur de la production et du recyclage de batteries est en forte croissance. Sur ce marché de la batterie, des entreprises belges se positionnent pour jouer un rôle. 

Solvay annonce aujourd’hui un important investissement aux États-Unis et en a déjà annoncé d’autres en Europe. Autre poids lourd du secteur, Umicore a aussi présenté des projets récemment pour augmenter sa présence dans ce domaine. D’autres entreprises belges sont aussi impliquées dans divers projets tournant autour de la production et du recyclage de batteries. Ces investissements et ces développements s’inscrivent dans une dynamique plus large visant à développer chez nous et en Europe une filière "batteries" alors que le marché est dominé par l’étranger, par la Chine en particulier.

Solvay investit dans les matériaux pour batteries en Europe et aux Etats-Unis

Dans les batteries installées dans les voitures électriques, il y a certes des métaux tels que le lithium et le cobalt. Il y a aussi d’autres produits, notamment des polymères. C’est justement l’un des domaines d’activité du groupe basé en Belgique, Solvay, qui a, au début 2022, décidé d’étendre sa capacité de production d’un de ces polymères, le PVDF (polyfluorure de vinylidène) dans son usine située en Franche-Comté, en France, "ce qui en fera le plus grand site de production en Europe pour soutenir le marché en pleine croissance des batteries pour véhicules électriques et hybrides", a expliqué, lors d’une conférence de presse, la CEO de Solvay, Ilham Kadri.

Ce jeudi, Solvay poursuit dans sa logique pour devenir un acteur majeur dans la chaîne de production des batteries. Le groupe annonce qu’il va créer, dans le Sud-Est américain, une co-entreprise avec le groupe mexicain Orbia pour la production de polyfluorure de vinylidène (PVDF). Cette production sera destinée au marché des batteries en Amérique du Nord. L’investissement total est estimé à environ 850 millions de dollars. Au total, ce sont deux usines qui seront construites d’ici 2026. Elles seront capables de fournir des matériaux pour plus de 5 millions de batteries par an pour des véhicules électriques.

L’ambition du groupe Solvay est d’accroître ses ventes mondiales au marché automobile pour les faire passer 800 millions d’euros en 2021 à plus de trois milliards d’euros d’ici 2030.

Umicore investit massivement dans la production d’éléments pour batteries

Produire des matériaux pour batteries, c’est aussi le cheval de bataille d’un autre groupe belge, Umicore. L’entreprise, active au niveau mondial dans la production et le recyclage de métaux, notamment des métaux précieux, a bien senti le vent tourner et s’est aussi orientée vers le marché prometteur des batteries. Très récemment, fin septembre, Umicore a annoncé qu’il s’associait à PowerCo, le fabricant de batteries du groupe Volkswagen. Ils vont ensemble investir trois milliards d’euros pour produire des matériaux pour batteries, de quoi équiper plus de deux millions de voitures électriques d’ici 2030.

En Pologne, aussi, à Nysa, Umicore a inauguré mi-septembre une "Gigafactory" destinée à produire des matériaux pour les batteries des véhicules électriques. Produire et recycler est le maître-mot de l’entreprise. La capacité de production devrait croître et permettre d’équiper jusqu’à 3 millions de véhicules d’ici 2030.

La Belgique dans un projet européen de développement du secteur des batteries

Cela fait quelques années que l’Europe tente de rattraper son retard sur la Chine en matière de batteries. En 2019, la Commission européenne et une série d’Etats, dont la Belgique, avaient déjà mis en œuvre un plan pour soutenir les entreprises actives dans le secteur. A l’époque, Solvay, Umicore et l’entreprise namuroise Nanocyl y avaient participé.

Au début 2021, la Commission européenne a remis le couvert et lancé le projet "European Battery Innovation" pour dynamiser la recherche et l’innovation dans le secteur des batteries. L’idée est toujours de réduire la dépendance à la Chine qui s’est profilée en leader mondial du secteur. Inexistante sur ce terrain, l’Europe tente de résorber son retard, elle qui produit de plus de voitures électriques mais ne produit pas assez de batteries.

12 pays, dont la Belgique, se sont associés dans ce projet "European Battery Innovation" et fourniront jusqu’à 2,9 milliards d’euros au cours des prochaines années, de quoi donner un coup d’accélérateur à des investissements privés dans toute la chaîne de production des batteries, de l’extraction des matières premières, à la conception et la fabrication des cellules et des packs de batteries, jusqu’au recyclage des matériaux et à l’élimination des déchets.

En Europe, une quarantaine d’entreprises ont pris part au projet, dont des entreprises belges, notamment Hydrometal.  Hydrometal recycle et valorise des résidus complexes de métaux non ferreux par voie hydrométallurgique. Dans les batteries, elle vise à récupérer notamment le cobalt, le lithium et le nickel que d’autres entreprises pourront ensuite réutiliser y compris dans de nouvelles batteries. Hydrometal a vu dans les batteries un potentiel important de matières à recycler et participe, outre le projet "European Battery Innovation", à d’autres programmes voués à développer la filière "batteries" en Europe. "Les programmes de recherche dans lesquels on a soumis nos projets mettent clairement en lumière la résilience de l’Europe par rapport à la Chine", explique Thomas Boiselle, responsable de la recherche et du développement chez Hydrometal. "On va vraiment demain, en Europe, construire des batteries, mais aussi les recycler. Cela serait quand même dommage de laisser partir tous ces métaux hors de l’Europe", ajoute Thomas Boiselle.

Hydrometal participe aussi avec une série d’autres entreprises wallonnes à un projet wallon de recyclage des batteries. Ce projet de "reverse metallurgy" est inscrit au Plan de relance initié par le gouvernement wallon.

Bref, que ce soit en Wallonie ou ailleurs dans le pays, de nombreuses entreprises sont bel et bien lancées dans le virage technologique en cours et comptent bien en profiter.

Économie : des batteries assemblées en Wallonie

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