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C’est l’un des points les plus délicats des négociations entre l’Etat belge et Engie en vue de la prolongation de la durée de vie de deux réacteurs nucléaires : le montant des travaux pour mettre les déchets nucléaires à l’abri pour des milliers d’années. Le gouvernement fédéral et l’exploitant des centrales nucléaires souhaitent s’accorder une fois pour toutes sur le montant maximal de la facture qu’Engie devra payer pour la gestion des restes radioactifs issus de sa production d’énergie, selon le principe du "pollueur-payeur".
Une facture dont le calcul complexe prend ses racines depuis quarante ans dans les profondeurs du sous-sol de Mol, en province d’Anvers. Pour le comprendre, il faut s’enfoncer sous terre, dans un laboratoire baptisé Hades, du nom de la divinité grecque qui régnait autrefois sur le monde sous-terrain, le maître des enfers. Un ascenseur métallique installé dans un bâtiment perdu au milieu d’une pinède de la Campine descend à 225 mètres de profondeur.
"C’est à cette profondeur, dans une couche argileuse, qu’on fait les recherches nécessaires pour étudier la sûreté et la faisabilité d’un stockage géologique des déchets de haute activité et de longue durée de vie." Peter De Preter, le directeur du laboratoire, nous ouvre les portes métalliques de l’ascenseur menant à un long boyau de ciment planté dans la glaise. "On fait ça déjà depuis quarante ans, depuis le début des années 80."