Depuis le 23 juin 2021, toutes les applications mobiles des organismes et des entreprises publics doivent être accessibles, à tout un chacun et quel que soit le handicap de l’usager.
C’est une directive européenne qui l’impose à tous les Etats membres, mais force est de constater que la Belgique est à la traîne comparée à d’autres pays. A peine 5% des applications mobiles sont accessibles aux personnes porteuses d’un handicap.
Un petit déclic mais la Belgique est loin du compte
Après les sites internet des organismes du secteur public, les applications mobiles doivent être accessibles aux personnes en situation de handicap. Grâce à une nouvelle directive européenne transposée dans la loi belge, toutes ces applications proposées par les communes, les SPF, les SPW, mais aussi par les organisations et entreprises publiques doivent être aussi utilisables par tous.
15% de la population belge, qui souffrent d’un handicap visuel, auditif, cognitif ou moteur, sont quasiment exclus en termes d’accessibilité numérique. Certes, il y a quelques petits déclics en Belgique mais on est encore bien loin du compte comme nous l’explique Rafal Naczyk, porte-parole de l’association Eqla : " En Belgique, on remarque qu’il y a certaines avancées. Certains secteurs du service public ont pris conscience de l’étendue du problème. Mais à l’heure actuelle, on estime qu’il y a 5 à 8% des sites internet et des applications mobiles qui sont réellement accessibles aux personnes porteuses de handicap. On est réellement à la traîne. Avec notre association Eqla, on travaille et on accompagne quelques services publics, notamment la Stib qui fait de vrais efforts d’inclusivité. Mais cela reste encore des exceptions. Le vrai paradoxe belge, c’est que la plupart des sites et des applications mobiles des services publics deviennent illégaux. Du fait qu’ils ne suivent pas cette directive européenne. "
La majorité des sites et des applications non conformes
Des sites internet et des applications mobiles hors la loi, pourtant les directives européennes doivent s’appliquer dès qu’elles sont entrées en vigueur. Selon l’association Eqla (ex-Œuvre nationale des aveugles), la Belgique ne sanctionne pas les organismes et entreprises publics qui ne respectent pas la loi. En France, en cas de non-respect de cette réglementation, une amende de 2000 euros peut être infligée à une collectivité de moins de 5000 habitants, et monter jusqu’à 25.000 euros pour certaines entreprises privées.
" Les services publics peuvent jouer un rôle de modèle dans la promotion de l’accessibilité numérique pour tous. Cette directive vient les rappeler à leurs devoirs, car environ 25% de Belges se retrouvent en situation de handicap sur le web. Qu’elles soient aveugles, malvoyantes, en situation de handicap auditif, physique, moteur, cognitif ou mental, les personnes à besoins spécifiques ne sont pas des citoyens à part, mais bien des citoyens à part entière ", explique Rafal Naczyk, porte-parole d’Eqla.
En collaboration avec l’asbl Passe-Muraille, Eqla a passé à l’épreuve du test une série de sites web publics : de la recherche des horaires d’ouverture d’un service communal à l’agenda électronique de la Ville de Bruxelles, en passant par le formulaire d’inscription sur le site du TEC, tous présentent des failles d’accessibilité qui rendent la navigation et, surtout, les démarches administratives " les plus simples " extrêmement compliquées, voire impossibles.
Dans cette vidéo de sensibilisation réalisée en 2020, les deux associations dévoilent 5 pièges récurrents auxquels sont confrontés les internautes porteurs de handicap. La vidéo présente le témoignage de Bruno, formateur en nouvelles technologies chez Eqla et déficient visuel, qui perd doucement pied dans un environnement numérique essentiellement visuel.