Education

Enseignement : le CEB et le CE1D vont-ils être revus ou disparaître avec la réforme du tronc commun ?

© Belga

Va-t-on modifier la numérotation des années d’études en maternelle, primaire et secondaire avec l’instauration du tronc commun de l’enseignement ? Le tronc commun – qui concerne les années scolaires de la 3e maternelle à la 3e secondaire – a chamboulé l’organisation de l’enseignement ces derniers mois. Dans ce contexte, les épreuves certificatives comme le CEB en fin de primaire ou le CE1D en fin de 2e secondaire ont-elles encore un sens ? Elles auraient peut-être intérêt à coller davantage à la nouvelle organisation de l’école.

Commencer en 1re et finir en 9e

Le sujet n’est pas nouveau et était déjà sur la table lors des premières réflexions autour du tronc commun dans le cadre du Pacte pour un Enseignement d’excellence. Rappelons que le tronc commun a pour but d’offrir à tous les jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) une formation commune quelle que soit l’orientation choisie après la 3e secondaire.

Il est donc important de marquer le coup estime Marc Romainville, professeur à l’Université de Namur et responsable du Service de Pédagogie Universitaire : "Les six années du primaire et les trois premières années du secondaire font partie de cet ensemble indifférencié et donc ça aurait du sens de les numéroter en commençant par 1 jusqu’à 9."

Cependant, ce spécialiste rappelle qu’il y a des questions à régler avant d’aller plus loin.

Par exemple, le tronc commun démarre en réalité en 3e maternelle. Va-t-on dès lors commencer la 1re année à ce moment-là ? Bonne question…

Autre élément qui a son importance : l’inscription en 1re secondaire marque un passage important pour les élèves. L’enfant change d’établissement, n’a plus le seul titulaire devant lui et il aura des enseignants d’un autre type (appelés dans le passé des régents).

Du changement dans les épreuves certificatives CEB, CE1D ?

Les épreuves externes certificatives ont-elles encore du sens dans leur forme actuelle. Le CEB, pour Certificat d’études de base arrive en fin de 6e primaire, or le tronc commun s’arrête en 3e secondaire. "Dans l’absolu, ça n’a plus beaucoup de sens d’avoir une première certification qui arrive bizarrement aux deux tiers de la formation de base." Cela plaiderait en principe pour la suppression du CEB.

Mais d’autres éléments entre en ligne de compte pour ce spécialiste. Exemple, lors des travaux sur le tronc commun, les experts se sont rendu compte que le CEB était "un premier diplôme qui, parfois, pouvait être utile à certaines personnes qui n’en obtiennent jamais un autre." Entendez que le certificat d’études de base est le minimum requis pour accéder à certains emplois.

Deuxième point qui pourrait faire douter sur la pertinence de supprimer l’épreuve certificative en fin de primaire est une raison plus anthropologique explique Marc Romainville. Il rappelle que la fin des primaires est une forme de rite de passage, souvent accompagné d’une petite fête dans les écoles. "Symboliquement vous passez à une autre étape de votre vie."

Du côté du cabinet de la ministre de l’Education on souligne l’intérêt du CEB à des fins de statistiques pour évaluer et piloter le système éducatif en FWB. Quant à un éventuel abandon on précise que : "La suppression du caractère certificatif du CEB ne figure par contre pas dans la Déclaration de politique communautaire et n’est donc pas à l’ordre du jour à ce stade."

Certificat de Tronc commun (CTC)

Si la suppression du CEB n’est donc pas à l’ordre du jour, au cabinet de la ministre de l’Éducation, on nous dit que le CE1D par contre "risque de ne plus s’avérer pertinent dans le cadre du tronc commun, à un an de la passation du CTC." CTC pour le futur Certificat de Tronc commun. Il sera organisé "au terme de la troisième année du niveau d’enseignement secondaire dès l’année scolaire 2028-2029." Mais tout cela fait encore l’objet de réflexions, précise-t-on.

Rappelons que le CE1D arrive en fin de 2e secondaire. Si celui-ci devait disparaître un jour, "sa suppression doit néanmoins, elle aussi, faire l’objet de discussions et de concertations officielles puisqu’elle nécessitera bien des adaptations décrétales préalables."

Ce débat autour de la nouvelle logique apportée par le tronc commun dans l’enseignement a été abordé ce lundi 14 novembre en Commission Éducation au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La ministre de l’Éducation, Caroline Désir (PS) a rappelé qu’un groupe de travail réfléchit actuellement aux questions liées à une nouvelle numérotation ou encore à de nouvelles écoles du tronc commun.

Tous les changements qui pourraient avoir lieu ne se feront pas d’un claquement de doigts, tant les implications et conséquences sont nombreuses, a rappelé la ministre de l’Education : "Travailler à un réel continuum pédagogique de la première année maternelle à la troisième année secondaire n’est pas qu’une question de volonté. Cela touche en effet à des dimensions à la fois juridiques, statutaires et infrastructurelles."

À ce stade, nous ne sommes qu’aux prémices d’une éventuelle réforme, précise-t-on au cabinet de la ministre de l’Education. Une note d’orientation (attendue pour mars 2023) doit être présentée aux différents acteurs de l’enseignement (Comité de concertation du Pacte pour un enseignement d’excellence, ndlr).

Aucune décision n’a donc été prise à ce stade. Et si ça trouve, le gouvernement n’en voudra pas. Par ailleurs, le tronc commun n’a pas encore été totalement déployé. Cette année, ce sont les 1re et 2e primaires qui l’on rejoint. A la rentrée prochaine (2023-2024) ce seront les 3e et 4e primaires. Et ainsi de suite jusqu’en 2028 pour les 3 secondaires.

Des écoles de tronc commun

Pour Marc Romainville, le plus important dans ce débat concerne les écoles de tronc commun (qui prendraient donc en charge les élèves de la 1re primaire jusqu’à la fin de la troisième secondaire). Car : "Pour le moment, malheureusement, les trois années secondaires d’un établissement secondaire, elles sont quand même colorées par ce qu’il y a après dans cet établissement-là." Il s’agit là évidemment d’un point symbolique puisqu’en principe le programme est le même pour tous les élèves du tronc commun.

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