Dans le Pacte d’excellence, le projet d’évaluation des enseignants est l’un des dossiers qui braque les syndicats. Au départ, il y a l’idée de soutenir et d’accompagner les enseignants, notamment ceux qui sont en début de carrière. On parle ici de pédagogie. Il s’agit de rendre systématiques des entretiens entre un enseignant et sa direction.
Il y a ensuite une autre étape. Celle-ci prévoit un parcours disciplinaire. On veut pouvoir sanctionner des enseignants qui ne conviendraient pas. Du rappel à l’ordre à l’obligation pour l’enseignant d’atteindre des objectifs précis pour redresser le tir, plusieurs étapes seraient ainsi définies avec, comme ultime sanction, la possibilité pour une direction de se séparer d’un enseignant.
C’est cette partie de l’évaluation et le risque de sanctions qui fâchent les syndicats. Le mois dernier, les syndicats socialistes et libéraux ont d’ailleurs claqué la porte du comité de concertation du Pacte pour un Enseignement d’excellence auquel ils participaient. Les affiliés de la CSC-Enseignement doivent, eux, se prononcer pour le 28 avril au plus tard, sur le maintien du syndicat chrétien au sein de ce même organe.
Ce jeudi matin, les syndicats du secteur de l’enseignement ont convié la presse pour rappeler leur opposition au deuxième volet de l’évaluation des professeurs. Dans les grandes lignes, ils sont d’accord sur l’accompagnement pédagogique. "Les enseignants ont vraiment besoin d’avoir un feedback sur leur pratique", résume Muriel Vigneron, vice-présidente de la SLFP Enseignement.
En revanche, pas question d’entendre parler de la deuxième étape pouvant mener aux sanctions. L’évaluation par la direction d’école ou le pouvoir organisateur est inacceptable pour les syndicats. "Il y a déjà une évaluation qui est prévue, une évaluation qui fonctionne. On peut sanctionner les membres du personnel qui dysfonctionnent. Il y a des inspecteurs qui sont des professionnels de l’évaluation", rappelle Marc Mansis, président d’Appel, le syndicat libéral de l’enseignement libre. Pour ce dernier, le projet d’évaluation avec sanction à la clé contenu dans le Pacte d’excellence, "c’est une procédure expéditive menée par quelqu’un qui n’est pas un professionnel de l’évaluation".
Dernièrement, la ministre de l’Education, Caroline Désir a déjà laissé entendre qu’elle pourrait séparer le volet disciplinaire du volet pédagogique. Par exemple, le volet pédagogique pourrait d’abord être mis en œuvre et on différerait la date d’entrée en vigueur du volet disciplinaire.
Du côté syndical, on avertit déjà : on veut bien du volet pédagogique, mais pas du volet disciplinaire. "Si on vote les deux volets avec une date d’application du deuxième volet, ça ne change strictement rien", estime Joseph Thonon, responsable de la CGSP Enseignement. "Ce qu’il faut faire, c’est d’abord mettre en application le premier volet, l’évaluer dans un an ou deux et, éventuellement, si nécessaire, rediscuter des sanctions disciplinaires ou d’une modification des sanctions disciplinaires", plaide Joseph Thonon.
Bref, à ce stade, rien n’est tranché au sujet de cette évaluation des enseignants. Le point devrait revenir sur la table du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles la semaine prochaine.
C’est aussi la semaine prochaine, jeudi 27 avril, que les syndicats ont choisi pour programmer une cinquième grande manifestation dans les rues de la capitale. Outre le projet de décret sur l’évaluation des profs, les syndicats dénoncent aussi le trop grand nombre d’élèves dans certaines classes, la charge de travail générée par les plans de pilotage, ainsi que les incertitudes liées à la réforme de l’enseignement qualifiant.