Aux portes du Massif des Maures, sur la côte méditerranéenne entre Toulon et Saint-Tropez, Le Lavandou et ses villages fleuris évoquent la lavande. Et bien davantage encore que les plages, car outre la mer, la terre y est généreuse. A l’image des forêts de chênes et châtaigniers, des oliveraies ou des vignobles qui colorent et animent l’arrière-pays.
Le Lavandou, cité des baleines et des dauphins.
En Provençale, " lavadou " est synonyme de lavoir, là où les lavandières venaient battre leur linge dans une résurgence d’eau douce. La cristalline Méditerranée, qui fait face à l’authentique village de pêcheurs, a gardé la même transparence originelle que l’eau des quatorze fontaines locales. Le Lavandou protège les mammifères marins qui apprécient ses eaux couleur turquoise. Des cétacés nombreux à apprécier plus précisément ses eaux chargées de plancton au large des îles d’Or de Porquerolles, Port-Cros et Le Levant. " Charte Pélagos ", " Pavillons Etoile de Mer et Bleu d’Europe " sont autant d’engagement de cette ville balnéaire multifacettes pour préserver son littoral.
Assis dans la coque transparente d’un des trimarans de la Compagnie des Iles d’or, tous équipés pour la découverte de la vie marine, encadré par des éco-guides, Grandeur Nature partage quelques moments de la vie des poissons et des plantes peuplant les fonds. Entre d’imposantes roches, dès la sortie du port, ça grouille déjà de vie parmi les saupes, oblades, oursins, sars, étoiles de mer, méduses… "Les herbiers de posidonie que vous apercevez sous notre bateau sont le début de la chaîne alimentaire, des pouponnières aussi pour les jeunes poissons. La posidonie doit son nom au dieu Poséidon. Elle ne pousse que d’un centimètre par an, tout en oxygénant les fonds marins à 80%", détaille Céline en bonne naturaliste. On observera davantage de dauphins plus au large des 12 km du littoral que compte Le Lavandou. Cachalots, rorquals communs de 60 tonnes ou globicéphales noirs de 3 tonnes réclament qu’on largue les amarres au lever du soleil pour les observer à plus de 5 miles des côtes. "Nous sommes dans un sanctuaire marin couvrant 87.500 km2. Un triangle qui fait face à la Côte d’Azur et qui pointe jusqu’en Sardaigne et au nord de la Toscane." L’observation des cétacés se fait à plus de 100 m de distance, elle dure 15 minutes pour respecter les règles. Pas question de perturber les individus et encore moins les familles. Idem pour les paisibles tortues caouannes, vertes ou luth. Au retour, nous sommes survolés par des oiseaux marins qui se jouent du puissant mistral. Belle immersion.
Des olives au moulin du Haut Jasson
Olivier Roux est producteur moulinier à La Londe-Les-Maures. Selon la maturité des olives au moment de la récolte, la fermentation ou non des olives, les profils aromatiques des huiles diffèrent. Ses huiles d’olives fruitées ou maturées, bio dans tous les cas, accumulent les médailles au Concours général agricole à Paris. Le nom de son moulin est aussi celui de ses terres, où, sur 6 hectares, il tient à son AOP Provence.
Il nous désigne un cailletier, un cultivar d’olivier qui donnera de la petite niçoise, une olive de table. " On récolte entre 500 et 1000 l à l’hectare, et un hectare c’est 300 arbres maximum. Comptez entre 5 et 10 kilos d’olives pour faire 1 litre d’huile ", précise Olivier qui compte 1650 arbres sur ses parcelles sur la route de Collobrières menant tout droit au cœur du Massif des Maures.
Pour rentabiliser son pressoir et sa chaîne de transformation, outre sa propre production qu’il transforme le jour de la récolte pour le fruité vert ou mûr, il propose ses services à tout qui veut transformer ses olives en huile. " Cette année ma récolte a été de 250 tonnes. Mais on a aussi transformé en novembre pour des particuliers, des agriculteurs et certains vignerons dont les domaines viticoles possèdent aussi des oliveraies. On a surtout travaillé de nuit pour limiter les coûts en électricité ".
Grandeur Nature goûte son huile d’olive maturée obtenue après mise en fermentation en anaérobie après récolte. Une huile d’exception, extraite à froid comme les autres, et uniquement par des procédés mécaniques. Olivier Roux nous a convaincus, l’huile d’olive est bonne pour tout, pour la santé aussi.
Dans le sentier marin et sur celui du Littoral
A Lalonde-les-Maures, on veille à protéger le littoral et son sentier. Mais il y a aussi un sentier sous-marin au départ de la plage de l’Argentière. Il permet au visiteur équipé de palmes et d’un tuba, de mieux connaître les richesses côtières. Michel Barral, du département environnement de la commune, anime ce sentier dans l’eau de mer. " Les visites guidées c’est en juillet-août le matin et jusqu’à 7 personnes maximum. Je me suis inspiré de ce qui se fait depuis 20 ans à Port-Cros, là où j’ai travaillé auparavant. Toute forme de pêche est interdite sur 4 hectares. A travers ce parcours linéaire de 400 mètres en Méditerranée, on souhaite faire passer un message de protection. " Et cela commence par la plage où on explique le rôle de la posidonie. Cette plante oxygénante est enlevée fin mai puis remise après saison. Sur les plages, elle freine l’érosion ; sous l’eau, elles forment des dunes sous-marines en se décomposant. "Depuis l’instauration du sentier marin, j’ai remarqué une amélioration de la biodiversité. On observe des raies pastenaques, une espèce côtière présente sur les fonds sableux et dans les estuaires protégés. " Michel a même croisé un homard, devenu rare, à moitié caché sous un rocher. Comme son collègue Grégory Eynard, référent littoral pour les voisins de Bormes-les-Mimosas, il défend les activités en pleine nature. Ils veillent sur la bonne conduite du sentier du Littoral. "A Bormes, nous possédons une des communes les plus boisées avec 9500 hectares gérés par l’ONF. Le microclimat est favorable au dépôt de ruchers dans les vignes et les oliveraies. La lavande-papillon ne pousse qu’ici, elle résiste à la fois au sel et aux sols pauvres ; ses feuilles pointues lui permettent de conserver l’eau. " Le pin maritime s’est acclimaté lui aussi, parmi le chêne kermès, liège ou vert. Grégory évoque les 22 km de côte jusqu’au fort de Bregançon en suivant le balisage jaune. Deux tronçons du sentier du littoral, soit 17 km 100% pédestres, ont été aménagés sur l’ancien sentier des douaniers sous Napoléon. "On choisit le tracé en fonction des conditions. Le littoral est du domaine public maritime, mais les domaines privés qui les jouxtent limitent la surfréquentation. Mon but est d’aménager un tronçon manquant vers le fort de Bregançon. "
Château de L’aumérade, de la vigne à la bouteille
Première région productrice de vin rosé AOC en France, la Provence fait de son vin un art de vivre. A Pierrefeu-du-Var, le château de l’Aumérade se laisse visiter à pied ou vélo à assistance électrique avec VéloVar. C’est ici qu’en 1594, le Duc de Sully, alors Premier ministre du Roi Henri IV, planta le premier mûrier de France, ainsi que de magnifiques platanes qui ornent les jardins depuis plus de quatre siècles ! " Nous possédons 500 ha de vignes au total dont 112 de crus classés. On produit du vin ici dans cette plaine de Pierrefeu depuis l’antiquité. Notre domaine possède sa propre ligne de production complète. Il permet aussi aux visiteurs de passer du bon temps hors de la course quotidienne ", explique Delphine qui nous accueille. La famille Fabre est aux commandes de ce grand vignoble depuis 1932. Chaque jeudi, dès le 1er avril, il est possible de pique-niquer sous ces immenses platanes croisés avec des séquoias d’Amérique. La Provence est le premier producteur mondial de rosé cru classé ; rouges et blancs produits dans ce terroir offrent des tanins soyeux. Pour cela, il faut respecter les sols et l’eau si précieuse. " Nous avons une certification haute valeur environnementale HVE niveau 3. Outre la préservation de la biodiversité tout autour des vignes avec une démarche de polyculture dont des oliviers, on utilise des produits phyto de manière raisonnée tout en gérant de la même manière la ressource en eau. Tous les 30 ans, on renouvelle 15 ha de vignes ". Les déchets de taille sont broyés sur place, du fumier de mouton est épandu au pied des ceps pour nourrir ces terres argilo-calcaires apportant la spécificité aux vins locaux. Il n’y a plus qu’à déguster Marie-Christine, le rosé AOP-Côtes de Provence- cru classé 2022.
Collobrières, capitale de la châtaigne
Dès qu’on quitte la corniche varoise, on s’enfonce dans le massif des Maures. Anneke est une chaude figure de Collobrières, capitale de ce massif forestier et de la châtaigne. La Hollandaise, venue comme fille au pair en 1978, a fait sa vie ici. D’abord à récolter les châtaignes, à faire de la confiture et de la crème de marrons, puis à tresser des paniers et autres objets décoratifs au départ de rejets dans du bois de l’année. Des paniers précieux pour la récolte des champignons des locaux et plaisants pour les touristes. " Les éclisses sont ces lames obtenues par fendage. Plus larges, je les dispose au fond du panier. C’est tout l’art d’entrelacer ces matériaux nobles et naturels. Cet art existait bien avant la poterie ", raconte Anneke dont l’accent provençal est plus vrai que nature. " Mon atelier, c’est dehors. J’ai appris sur le tas, on vend tout sur place. Pas de site internet non plus " Dans sa boutique, rien que du châtaignier des murs au plafond, étiquetés, des abat-jours à n’en plus finir dominent les paniers restés au sol. Lou Castagnié se remet à l’ouvrage, le nom qu’elle s’est donné pour sa nouvelle vie dans le Var.
Respirer au même rythme que le Massif des Maures
Nous sommes à 20 km à vol d’oiseau du golfe de Saint-Tropez et à 550 m d’altitude, perdus au milieu d’une forêt dense et fermée qui nous semble interminable. Quelque 150.000 ha de pins, chênes, châtaigniers forment une mosaïque du vert clair au plus foncé, d’où le nom de " maures " signifiant " sombre " en provençal. Le Var est le département le plus boisé de France avec ses imposants massifs : l’Esterel, la Sainte-Baume, celui des Maures où nous sommes et les Gorges du Verdon. Seulement deux routes traversent ce massif forestier. L’occasion est belle de se réaccaparer l’espace naturel. Luc Blaison, technicien forestier à l’ONF nous attend devant la chartreuse de la Verne fondée en 1170. Pour Bruno, fondateur de l’ordre des Chartreux, la nature possède tout pouvoir sur l’homme. " Cette forêt a été utilisée par le passé, avec du pâturage, du maraîchage, de la culture, pour son bois… Toute activité humaine est désormais interdite sur 2600 ha autour de nous ; seule la nature opère des sélections. On a recréé ici cinq circuits pour découvrir la forêt et apporter également un contact sensoriel. " Luc se souvient des anciens qui, pour soulager leurs maux de dos, lui racontaient comment ils se frottaient à un châtaignier quand la sève montait au printemps. " Ici, le vent c’est comme une bonne claque qu’on prend et qui revigore. Il y a aussi la lumière, les odeurs… La communication est sensorielle, la forêt c’est très féminin ; le vivant est autant dans la partie aérienne que souterraine des arbres. Le message est simple : restons vivants dans le vivant. "
Grandeur Nature
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