Alexander De Croo a-t-il décidé de saborder son gouvernement (comme il l’avait fait en 2010, avec le gouvernement Leterme sur le dossier BHV), espérant (comme en 2010) reprofiler son parti ?
Ou plus simplement, confronté à des sondages cataclysmiques pour sa formation, a-t-il décidé d’aligner les libéraux du Nord sur la ligne défendue par la N-VA, via Zuhal Demir, et partagée aussi bien par le Vlaams Belang ou le CD&V, soit l’ensemble de la droite flamande ?
Président de parti et pas Premier ministre
Même si Alexander De Croo nuance ses propos, s’il ne remet pas en cause les objectifs européens en matière de CO2, il formule des demandes qui ne font pas l’objet d’un consensus au sein de son gouvernement et qui n’ont même pas été débattue en son sein ! On aurait pu comprendre une telle sortie de la part du président de l’Open VLD, voire du vice-premier de son parti, mais du garant de l’équilibre entre les sept formations. Alexander De Croo a bien trop transpiré à tenter de garder le cap fixé par la déclaration gouvernementale, que pour l’ignorer.
De plus, il est piquant de noter que le chef du gouvernement fédéral se fait le chantre des recommandations européennes quand il s’agit de budget, mais beaucoup moins quand on évoque l’environnement et le climat !
Climat électoral
Bien entendu, il n’est pas anormal que le positionnement politique de la Belgique fasse débat. Les Pays-Bas, qui comme la Flandre, peinent déjà à respecter les normes actuelles en matière d’émission d’azote notamment, renâclent. La France d’Emmanuel Macron, ne dit pas autre chose, même si là aussi, la considération politique locale semble également l’emporter sur l’enjeu environnemental et climatique.
Le sujet mérite un débat. Mais le Premier ministre emprunte sans doute la plus mauvaise voie pour y trouver une issue sereine. Socialistes et écologistes de sa coalition sont déjà vent debout contre la sortie de " leur " Premier ministre. Même le MR, qui ne désavoue pas Alexander De Croo, en appelle à la nuance et à la sérénité.
Des discussions tendues entre les quatre ministres de l’environnement du pays ont lieu ces dernières semaines afin de parvenir à une position belge avant le sommet européen des ministres de l’environnement en juin. Cela coince et les propos du Premier (garant de la cohésion du pays) viennent mettre mal ce processus.
Depuis quelques semaines, on sent les partis flamands prêts à en découdre électoralement. Il faut ainsi rappeler que le scrutin fédéral n’est pas lié au même calendrier que les autres rendez-vous électoraux. Rien n’empêche ceux qui désirent de le faire, de convoquer le citoyen aux urnes après l’été pour renouveler la Chambre… et le gouvernement fédéral.