Environnement : quand le secteur de la mode et du textile belge mouille sa chemise

Images d’illustration

©Getty

En ce moment se déroule la "Semaine de la mode belge". Louvain en est la ville hôte, mais ce sont plus de 900 magasins et une centaine de marques belges qui participent à l’événement dans tout le royaume.

C’est aussi une nouvelle saison qui commence pour le secteur, qui redémarre enfin après des temps de crise sanitaire. "Nous avons le sentiment que l’appel à soutenir les détaillants de mode locaux ne cesse de croître et cela ne peut que profiter à notre secteur", explique Isolde Delanghe, directrice de Mode Unie.

A la mode de chez nous

Remettre l’accent sur la mode belge, c’est bien. Mais nous sommes aussi dans une période où l’écologie devient une préoccupation majeure pour de nombreuses personnes.


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"Il est et reste important de sensibiliser les consommateurs aux avantages d’acheter de la mode belge et aux atouts de faire ses achats dans un magasin de mode local", déclare Wendy Luyckx, responsable de la communication chez Creamoda. La fabrication en Belgique favorise les circuits courts. Mais le consommateur est-il davantage sensible à l’aspect environnemental en 2021 pour ses choix d’achats textiles ? C’est peut-être une autre paire de manches…

Reportage JT du 24 septembre dernier :

En finir avec le "prendre – transformer – jeter"

Pour aider les firmes du secteur et les consommateurs à y voir plus clair dans les pratiques durables dans le domaine (de la conception à la "fin de vie" d’un vêtement, en passant par le design, la vente ou encore les ressources disponibles), des organismes flamands – Vlaanderen Circulair et le District de la Créativités de Flandre – ont mis à disposition des outils, notamment sur le web. Comme ce petit guide bien éclairant… Appelé Close The Loop, celui-ci permet de comparer des produits, des modes de fabrication et même de management pour mieux adhérer à une façon de produire et de consommer plus écolo.

Vers des cercles plus vertueux ?

Ainsi, il en est pour les différents types de fibres présentes dans les vêtements. Coton (recyclé ou pas, bio ou encore génétiquement modifié), polyester, bambou, lyocell, laine, soie, denim, chanvre, … Il y en a pour tous les goûts. Des critères sur lesquels les couturiers ou les concepteurs de vêtements peuvent se baser sont l’origine des ressources – privilégier souvent les circuits courts — ; une utilisation raisonnable de l’eau – le coton, par exemple, est terriblement gourmand dans ce domaine – ; un usage responsable de l’énergie – ça, c’est le domaine du synthétique qui est fortement exposé — ; le recours aux teintures – chaque jean en coton biologique évite environ un demi-litre de produits chimiques déversé dans la nature — ; ou des techniques de finitions plus vertes – à titre d’exemple, les finitions ou imprimés numériques sont nettement plus vertueux —. Tous les aspects d’un produit doivent être analysés.

Extraits des séquences "Œil sur demain" (JT) de septembre 2019

La filière chanvre textile

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Entreprises à la pointe

Revenons au shopping. Observe-t-on une lame de fond vers des achats plus écoresponsables ? En fait, il y a assez peu d’informations à ce sujet. Et une vague lourde ne serait pas d’actualité. Par contre, ce seraient les marques qui mèneraient la barque. "La tendance vient particulièrement des entreprises, qui se veulent de plus en plus durables", explique Cédric Vanhoeck de Resortecs, une start-up qui s’occupe de technologies de recyclage pour l’industrie textile. Et bien des fabricants seraient loin de se moquer de l’environnement comme de leur première chemise…

Si, dans les magasins, le choix entre durable ou non durable ne se ressentirait pas énormément de la part du consommateur (excepté la pression mise sur les matières qui ne sont pas animales), les industriels, eux, désirent avoir un meilleur contrôle des ressources et des différentes filières de recyclage, notamment.


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Pour les employés de Resortecs (lauréat du Global Change Awards 2018), il est là, le grand enjeu : "Pouvoir recycler en Europe ce qu’on porte en Europe". En effet, il n’y a plus de grande capacité industrielle textile sur le Vieux Continent. Mis à part quelques foyers d’industries encore en Lombardie (pour le luxe) ou dans les gammes Premium au Portugal et en Espagne, la production de masse a quitté l’ouest du Vieux continent. Et ce, pour s’installer en Asie du Sud-Est ou plus proches de nous, en Europe de l’Est, en Turquie ou en Tunisie. "On manque de capacité de production de masse en Europe pour faire du circuit court", explique Cédric Vanhoeck.

Cela vaut principalement pour le prêt-à-porter. Par contre, les techniques, elles, peuvent venir de chez nous. Le secteur du vêtement de travail se porte bien. Les technologies comme le Gore-tex, l’élimination des fils de couture et des boutons, de nouvelles matières pour les fibres textiles, permettent davantage de recyclage. Jusqu’à pouvoir recycler entièrement un vêtement.

Extrait des Niouzz, de mars 2021

Vêtements recyclés : le fil magique qui se dissout à la chaleur

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Recyclage

Le recyclage a donc le vent en poupe dans notre pays. Notamment celui de ce qu’on appelle les matériaux secondaires (au contraire des biens fabriqués à base de matière première vierge, comme le pétrole ou le bois). Le secteur recouvre pas mal de domaines d’activité : recyclage des terres et déchets de construction, des déchets médicaux, des métaux et du verre et le tout-venant issu du secteur privé. Et, évidemment, du textile.

"Y a pas école, on révise" du 29 avril 2020

Ça sert à quoi le recyclage ?

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Recherche et développement

Le domaine de la mode en Belgique saisit donc à bras-le-corps l’occasion d’y faire appel. Une production belge, à plus petite échelle, s’attelle également à faire bouger les lignes. Elle mise sur la durabilité, la "slow fashion" (concevoir des designs les plus "intemporels" possibles), le marché de la deuxième main, les textiles biodégradables, le "re-design" (revalorisation) et évidemment les nouvelles technologies. Ainsi, dans le rayon des pistes pour le futur, de nouvelles fibres textiles pourraient faire leur apparition, comme la "fibre de lait". Nommée "Qmilk", d’origine naturelle et antibactérienne, elle serait parfaitement adaptée à l’industrie textile.

La mode et l’industrie textile belge ont donc un vaste horizon et des opportunités à saisir pour contribuer à un monde plus respectueux de l’environnement. Et ça pourrait lui aller comme un gant.

Extrait "Champ des possibles" (Quel temps !) de 2020

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