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Erreur de casting du siècle en NBA : Anthony Bennett ou l’homme qui n’aurait jamais dû se retrouver là

Erreur de casting du siècle en NBA : Anthony Bennett ou l’homme qui n’aurait jamais dû être là

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Par Antoine Hick

La NBA est un monde impitoyable. Un univers où, plus que le talent brut, c’est l’environnement d’un joueur qui peut décider de la réussite (ou non) d’une carrière. Plongée dans l’éphémère carrière d’Anthony Bennett, un honnête colosse, un peu rustre, que les Cavaliers ont eu l’erreur de sélectionner en #1 lors de la Draft 2013. Et qui s’est retrouvé, trop vite, sous le feu des projecteurs, alors que rien ne l’y prédestinait….

Retour en 2013, donc. À quelques jours de la traditionnelle Draft NBA, l’indécision est totale. Une fois n’est pas coutume, aucun taulier ne se dégage de cet essaim homogène de joueurs prometteurs. Difficile donc de prédire qui sera choisi en #1 par les Cleveland Cavaliers.

Le soir de la Draft, le suspense est à son paroxysme. Après de longues minutes d’attente, David Stern lbig boss de la NBA à l’époque, monte enfin sur scène. Sourire narquois aux lèvres, comme s’il pressentait ce qui allait suivre, il énonce solennellement : "Avec le premier choix, les Cleveland Cavaliers sélectionnent….Anthony Bennett."

Explosion de joie dans le camp Bennett. Stupéfaction chez les quelques supporters des Cavs massés dans la salle. Casquette des Cavaliers subitement vissée sur le crâne, le colosse canadien de 20 ans bondit de son siège. Sourire serein aux lèvres, il enlace ses proches et file sur scène pour la traditionnelle séance photos. Détendu, il s’épanche sur sa sélection : "C’est génial ! Mon nom sera pour toujours associé à tous les grands noms sélectionnés en 1. C’est un vrai honneur. Je veux tout donner et essayer d’aider l’équipe."

De belles paroles prometteuses pour un homme qui ne s’attendait probablement pas à être sélectionné aussi haut. Lui qui tournait à 16 points et 8 rebonds à la fac et qu’on annonçait plutôt autour des places 5-6. Mais les Cavaliers, orphelins de Lebron James depuis 2011, avaient besoin d’un ailier fort. Et Bennett semblait être le meilleur fit sur papier. La tête dans les étoiles, le Canadien se met déjà à rêver des strass et paillettes de NBA. La suite sera tout autre…

De l’envie mais un talent beaucoup trop restreint

Anthony Bennett, pire numéro 1 de draft de toute l'histoire NBA ?

Parce que malgré cette bonne volonté apparente, Bennett… manque cruellement de talent. Et pour un numéro 1 de Draft, encore plus que pour n’importe quel autre joueur, c’est rédhibitoire. Parce que les attentes, elles, sont là. Et sans vrai talent, difficile d’y répondre.

Pourtant, fidèle à son tempérament de guerrier, Bennett tente d’apporter de l’impact physique. Il a faim, envie de tenir son rang… mais rien n’y fait. Ses débuts sont catastrophiques et il rate ses 15 premiers tirs. Son premier panier, il ne l’inscrit que lors de son 5e match en carrière. Trop petit pour être un ailier fort, trop lent défensivement pour endosser le rôle d’ailier, il se cherche sur le parquet.

Et forcément, ses stats ne décollent pas. Il met même 33 matches avant d’inscrire plus de 10 points, la plus longue période de disette de l’histoire pour un #1 de Draft.

Son sempiternel sourire enfoui sous une montagne de doutes, il erre (déjà) entre le banc et le terrain. Et très vite les critiques n’épargnent pas ce gros nounours trop peu mobile qui compile péniblement 4 points et 3 rebonds de moyenne après une saison complète.

Plus personne ne veut de lui

Anthony Bennett sous le maillot de Minnesota.

Preuve que les Cavaliers ont compris très vite qu’ils avaient sans doute fait l’erreur de casting du siècle, ils n’hésitent pas à échanger leur ex-futur joyau dès l’intersaison suivante. Une petite saison et puis s’en va donc pour Anthony Bennett qui file, à son corps défendant, vers Minnesota.

Un changement d’environnement qui aurait dû lui faire du bien au moral mais qui ne va faire que l’assommer encore davantage de critiques et d’incertitudes. Chez les Wolves, Bennett joue un petit peu plus (15 minutes par match), mais son impact reste dérisoire. Incapable de s’écarter du cercle dans une NBA toujours plus portée vers le tir extérieur, le Canadien force son jeu… et joue à contre-courant. Et après 57 petits matches, il est tout bonnement… libéré par les Wolves. Un camouflet énorme pour cette éphémère star déchue, dont les étoiles dans les yeux entre-aperçues 18 mois plus tôt, semblent déjà bien loin.

Raillé pour ses lacunes au tir, pointé du doigt pour ses largesses défensives, Bennett tente de se recycler une dernière fois à Toronto. Mais comme pour flanquer un dernier coup sur la cafetière déjà bosselée de Bennett, les Raptors l’envoient dans leur équipe affiliée de G-League, l’antichambre de NBA. Un premier choix de draft relégué en G-League deux ans à peine après sa draft, du jamais vu en NBA…

Il ne le sait pas encore, mais il ne reverra quasiment plus jamais le moindre parquet NBA. Ah si, une fois, en 2017, pour un bref et insipide passage chez les Nets, une nouvelle fois, malheureusement sans marquer les esprits (5 points de moyenne).

L’Europe comme vaine tentative de refaire surface

La queue entre les jambes, oublié par une NBA qui ne veut déjà plus de lui, Bennett franchit l’Atlantique, dans une vaine et dernière tentative de relancer sa carrière. Mais rien n’y fait. Après quelques matches au Fenerbahce, il signe un contrat dans l’anonymat médiatique du championnat israélien en août dernier. Il y retrouve Thon Maker, un autre espoir déchu de NBA.

Triste fin pour un joueur au physique de déménageur mais dont le talent a trop vite montré l’étendue de ses limites. Un joueur volontaire et motivé, qui aurait sans doute pu être un honnête joueur de complément, mais qui a été étouffé par la périlleuse pancarte de #1 de Draft, dont il a été affublé dès son arrivée dans la Ligue. Itinéraire d’un joueur dont la carrière s’était déjà quasiment terminée avant qu’il ne mette son premier pied sur un parquet.

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