Justice

Escorte en mer : la police de la navigation assure la protection des navires transporteurs de gaz

© RTBF

"Imaginez la protection d’un transport de valeurs par une escorte de police… Mais en mer", explique Léo Savels, responsable de la section "Kust" (Côte) de la police de la navigation, avant d’embarquer sur un bateau patrouilleur. Le temps clair et la mer modérément agitée offrent des conditions idéales pour la mission du jour. Les policiers fédéraux doivent escorter un navire, un méthanier, à partir du port de Zeebrugge.

Ni lingots d’or, ni argent, ni bijoux dans les cales ; la menace n’est pas celle d’un cambriolage. Les méthaniers convoient du gaz naturel liquéfié (GNL) dans d’énormes citernes. "Imaginez qu’une collision se produise : cela peut avoir de graves conséquences, vu la nature du produit déplacé", avertit l’inspecteur principal Kurt Claeys.

L’inspecteur principal Kurt Claeys (police fédérale de la navigation)
L’inspecteur principal Kurt Claeys (police fédérale de la navigation) © RTBF

Pour sécuriser le transport, les policiers prennent place à bord d’un patrouilleur de 22 mètres, loué avec équipage à la "DAB Vloot", une compagnie de la région flamande disposant d’une flotte de navires pour des missions de service public. La radio est toujours à portée de main. Elle répercute les informations échangées avec le Carrefour d’information maritime (MIK), sorte de centrale 101 de la mer.

Périmètre de sécurité autour du convoi prioritaire

Le ballet des méthaniers s’est intensifié avec la crise de l’énergie et la pénurie de gaz. En 2022, la police a consacré près de 150 heures de navigation pour sécuriser leurs allées et venues en faisant respecter des règles de circulation très précises.

Le "Coral Fungia", objet des attentions du jour, a déchargé sa marchandise au terminal gazier de Zeebrugge. Selon les sites de suivi du trafic maritime en temps réel, il repart vers la Russie, d’où l’Europe continue d’importer une part importante de son gaz naturel liquéfié.

Le Coral Fungia, un "petit" méthanier de 10.000 mètres cubes.
Le Coral Fungia, un "petit" méthanier de 10.000 mètres cubes. © RTBF

"Comme vous pouvez le voir, le navire flotte haut sur l’eau", fait remarquer Kurt Claeys. "Donc, il n’est pas chargé de gaz liquide. Évidemment, les cuves renferment toujours du gaz sous une autre forme. Cela reste dangereux", souligne le policier.

Le méthanier s’extrait du terminal avec précaution, aidé dans ses manœuvres par deux bateaux remorqueurs. Le port est fermé à la navigation le temps du passage du convoi prioritaire.

"Regarder loin devant"

Une fois lancé, le bateau-citerne file à une vitesse de 20 nœuds, soit 35 km/h. Pour s’arrêter, il lui faudrait environ 5 km. Même changer rapidement de trajectoire est compliqué.

En conséquence, "nous devons toujours regarder loin devant", rapporte Kurt Clayes, les yeux dans les jumelles. Depuis leur patrouilleur, les policiers vérifient "qu’aucun autre navire ne se trouve dans un périmètre de 370 mètres autour du méthanier. Nous veillons au respect de cette distance de sécurité".

Les policiers veillent au respect du périmètre de sécurité autour du méthanier.
Les policiers veillent au respect du périmètre de sécurité autour du méthanier. © RTBF

Un pilote expert du chenal pour naviguer jusqu’en haute mer

Précaution supplémentaire : pour naviguer entre les bouées et les balises à la sortie de Zeebrugge, le capitaine du méthanier a cédé la barre à un pilote hauturier certifié pour le pilotage des navires en mer du Nord. Ce pilote "local" connaît parfaitement les bancs de sable et les autres secrets du chenal.

Après une heure de navigation, la côte et ses pièges se sont éloignés. Le pilote spécialisé descend du transporteur de gaz, via une échelle le long de la coque. En pleine mer, il est récupéré par une autre embarcation qui le ramènera au port. La mission s’achève pour l’équipage de la police fédérale. Retour à Ostende, où le patrouilleur est amarré. Le méthanier et son équipage vont poursuivre la route seuls dans les eaux internationales.

Le patrouilleur de la police peut emmener huit personnes.
Le patrouilleur de la police peut emmener huit personnes. © RTBF

Les principales tâches de la police de la navigation, telles que décrites par la police fédérale, sont "la fonction de police dans les ports (autour de l’eau), la fonction de police sur l’eau, le contrôle des frontières (sur et autour de l’eau) et l’appui spécialisé avec des experts et des moyens techniques."

Selon le service presse de la police, communiquant des chiffres arrêtés au mois de décembre dernier, "plus de 350 personnes travaillent à la police fédérale de la navigation".

"Il demeure un déficit de personnel", concède la direction, qui cherche à recruter des inspecteurs pour intégrer les rangs.

Le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever, a plusieurs fois déploré le manque d’effectifs de la section anversoise de la police de la navigation chargée de la surveillance du port et engagée notamment dans la lutte contre le narcotrafic. Fin janvier, la police a décidé de mobiliser à Anvers le renfort d’une vingtaine de policiers de l’unité de réserve d’intervention fédérale.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous