Chroniques

Essai du BMW CE 04, le scooter électrique version 2.0

Le scooter le plus original actuellement sur le marché

© Jean-Christophe Willems

Par Jean-Christophe Willems

En 2014, alors que Tesla vient de révolutionner la mobilité électrique, BMW commercialise le premier gros scooter électrique au monde. Equipé de batteries similaires à celles de la voiture i3, il a connu son petit succès, principalement en France, malgré un prix dépassant les 15.000 euros. 8 ans plus tard, le C evolution n’est plus, il cède sa place au CE 04. Le changement de look est radical, mais les avancées techniques plutôt timides…

Un style qui ne fait pas dans la discrétion

Mélange d’engins issus de mangas japonais et de véhicules de Batman, le CE 04 ne laisse personne de marbre. Très, très long avec ses 2.285 mm (contre 2.207 à la grosse moto R 1250 GS par exemple), il propose une selle ajourée surplombant une grosse batterie carénée et un coffre. La roue arrière semble avoir été ajoutée une fois la structure terminée. C’est sûr qu’à son guidon, on ne passe pas inaperçu. Rien à voir avec son prédécesseur ni aucun autre scooter existant.

S’il a gagné du poids, l’engin pèse tout de même 231 kg mais dispose d’une bien pratique marche arrière, utile lors des manœuvres. La batterie de 8,9 kWh de capacité permet une autonomie théorique de 130 km. La puissance de 31 kW en crête (42 chevaux) propulse le scooter à 120 km/h, vitesse limitée électroniquement. En fait, la puissance et l’autonomie sont en légère régression par rapport au C evolution, tout comme le prix de départ de 12.250 €, même si quelques options indispensables alourdiront la facture finale. Bref, on s’attendait à une "R evolution", on reste un peu sur sa faim. 

Le tableau de bord permet de connecter son smartphone et propose de nombreux menus agencés de manière claire et logique. Un coffre (un peu chiche) ainsi que des petits vide-poches sont là pour les aspects pratiques. Mention spéciale au top case dont était équipé notre exemplaire, qui peut astucieusement augmenter sa capacité grâce à un levier faisant monter une double paroi. Il est déverrouillable, comme le coffre intégré et la trappe de recharge, en appuyant sur le bouton de démarrage, tout en gardant la clé en poche. Quant à la finition, elle se montre inférieure à la qualité à laquelle la marque nous a habitués. Des fils sont apparents sous la selle, les plastiques ne sont pas des plus valorisants et il m’est arrivé de reclipser le carénage qui avait tendance à se désolidariser du cadre à grande vitesse.

Un affichage dans l’air du temps, parfaitement lisible.
Un affichage dans l’air du temps, parfaitement lisible. © Jean-Christophe Willems

Positionnement étrange

Dans les faits, le CE 04 se comporte comme un scooter thermique de 3 ou 400 cm³. Il existe aussi en version légèrement bridée, équivalente alors à un 125 cc et utilisable avec un simple permis voiture. Il est donc parfaitement à l’aise sur le réseau secondaire composé de nationales et voies rapides. Pas trop rapides tout de même car en plafonnant à 128 km/h au compteur, il ne permet pas d’effectuer des dépassements éclair en toute sécurité. Car comme pour tout véhicule électrique, si les démarrages sont impressionnants grâce au couple (la force du moteur) disponible immédiatement, l’allonge est limitée et il faut un peu de temps pour atteindre la vitesse maximale.

Mais gageons que c’est plus vos cervicales qui abdiqueront avant le moteur, car la protection est vraiment inexistante. La position de conduite impliquant un buste penché plus en arrière que sur une moto, l’autoroute devient vite un long calvaire. D’autant que la selle en gel, pour originale soit-elle, se montre particulièrement inconfortable, même dans sa version "confort". Trop encombrant et puissant pour un usage strictement urbain, il lui manque une bulle digne de ce nom pour affronter les grands axes. D’autant qu’à 120 à l’heure, l’autonomie fondra comme neige au soleil et bien chanceux celui qui atteindra 80 km. A contrario, en mode "Eco", les 130 km revendiqués sont tout à fait atteignables à basse vitesse. D’autant que le système de régénération à la décélération fonctionne plutôt bien, permettant même un arrêt total sans toucher les freins.

A noter que cette régénération ainsi que la puissance et la manière dont elle est distribuée varie en fonction du mode moteur sélectionné (Eco, Rain, Road et éventuellement Dynamique en option). Et saluons aussi le calculateur précis qui adapte l’indication d’autonomie restante en fonction de la manière dont vous conduisez. C’est même assez rassurant.

En action en ville, où ses performances sont plus que suffisantes.
En action en ville, où ses performances sont plus que suffisantes. © BMW

Conduite plaisante

En mouvement, le scooter fait vite oublier son poids, sauf à très basse vitesse où la direction a tendance à "tomber" lors des virages serrés. On prend un malin plaisir à tourner la poignée de gaz sans arrière-pensée car la roue avant ne quittera jamais le sol. Les démarrages aux feux rouges sont vifs, à défaut d’être fulgurants, et le grand afficheur digital de 10,25 pouces fait défiler les chiffres de la vitesse très rapidement, du moins jusqu’à un bon 100 km/h. Et le tout bien entendu dans un silence royal, fort agréable au quotidien. Les suspensions sont plutôt fermes mais la tenue de route est rassurante. La recharge dure 3h30 au maximum mais peut être raccourcie à une grosse heure avec le chargeur rapide proposé en option.

Au terme d’une semaine de roulage, mêlant autoroute, ville et réseau secondaire, la consommation était de pile 8 kWh/100 km. Pas mal quand on sait qu’une bonne voiture électrique tourne aux alentours de 18 kWh/100 km. En évoluant en mode Eco, on peut descendre à 6 kWh/100 km en évitant l'autoroute.

Au final, autant j’avais été emballé par le C evolution, autant le CE 04 me laisse un peu sur ma faim. Je m’attendais à plus d’audace technologique avec une augmentation marquée de l’autonomie, mais il n’en est rien. Reste qu’avec son positionnement unique et ses performances honorables, le nouveau venu devrait continuer à occuper le terrain que son prédécesseur avait défriché. Il est d’ailleurs étonnant que dans le monde de la mobilité, BMW reste toujours le seul constructeur à proposer une alternative électrique aux gros scooters thermiques. Il y a bien quelques motos électriques très onéreuses ou quelques petits scooters chinois mais le CE 04 n’a pas de concurrent direct. Tout profit pour la marque allemande qui occupe ce créneau de niche promis à un développement certain.

Prise dans le coffre et recharge dans le carénage, en maximum 3h30.
Prise dans le coffre et recharge dans le carénage, en maximum 3h30. © Jean-Christophe Willems

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