Est-ce dangereux de faire du sport avec le covid ? "Il y a un risque de pathologie extrêmement grave, mais il est extrêmement faible"

"Ce que l’on sait, c’est que dans les sports 'extrêmes' – comme le football, le cyclisme ou l’athlétisme de haut niveau -, on met le cœur à forte contribution. On sait que dans ces sports, quand on voit des gens qui s’effondrent, c’est lié entre autres et dans une grande partie des cas à ce que l’on appelle une myocardite, une inflammation du cœur. Un cœur qui n’a pas suivi à l’effort. Et cette inflammation peut être provoquée par des virus. Un des virus, c’est le Covid. Et on sait qu’au départ de la pathologie en 2020-2021 on avait un certain pourcentage de gens qui faisaient le Covid qui avaient cette fameuse myocardite. Et de là, vient toute la complexité de la situation. On peut avoir des complications cardiaques avec le Covid. Ces complications cardiaques à l’effort peuvent entraîner des conséquences. Mais quelle est vraiment leur fréquence, leur implication actuellement chez le sportif… toute la question est là", explique le virologue Yves Van Laethem, contacté par Christine Hanquet.

Après des longs mois de confinement ou de restriction de déplacement, le monde a petit à petit recommencé à tourner. Le Covid semble presque avoir disparu de nos vies. Sauf pour les sportifs. Le virus est toujours là et continue à circuler. "Le risque est assez global. La population en général vit comme avant. Plus personne ne prend des précautions. Une des questions devrait être dans le futur – au niveau du sport – faut-il continuer à mettre dans un bocal les sportifs de haut niveau alors que le monde danse autour d’eux. Et surtout dans un monde où pour la plupart les gens ont fait l’infection et/ou ont été multivacciné. Je pense qu’il faudrait une harmonisation de la situation. Qu’on prenne en considération les risques réels que cela peut poser. Mais que l’on ne continue pas systématiquement quelque chose qui – peut-être – n’est plus adéquat dans le monde actuel du Covid en 2023. Il faut un consensus international des médecins du sport sur le sujet."
 

Remco Evenepoel aurait-il pu continuer le Giro ? "La question est de savoir si un athlète pour lequel il y a potentiellement un risque extrêmement faible mais de pathologie extrêmement grave peut continuer à faire un sport. La réponse est médicale au niveau de la médecine du sport. Mais aussi éthique et humaine avec la décision de l’athlète lui-même par rapport à ce risque potentiel extrêmement faible".

Les médecins et les études scientifiques ne peuvent à l’heure actuelle pas offrir de réponse tranchée. Le recul n’est pas suffisant. Dans ces circonstances, Soudal-Quick Step et le champion du monde ont opté pour la prudence.