Le président américain Joe Biden a vanté ce mercredi soir face au Congrès les avancées de son début de mandat, dressant le tableau d’une Amérique qui avait surmonté une série de crises sans précédent et avait répondu avec détermination à la pandémie de Covid-19.
A la veille du cap symbolique de ses 100 jours au pouvoir, le locataire de la Maison Blanche a décliné son "Projet pour les familles américaines", d’un montant total de près de 2000 milliards de dollars.
Décrivant un "pays en crise" à son arrivée au pouvoir (crise sanitaire et économique mais aussi l’assaut contre le Capitole du 6 janvier, "la pire attaque contre notre démocratie depuis la guerre de Sécession"), Joe Biden a affiché sa confiance.
Biden soutenu par deux femmes
Pour la première fois dans l’histoire, deux femmes avaient pris place derrière le président, dans le champ des caméras : Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre, et Kamala Harris, devenue en janvier la première femme à accéder à la vice-présidence. "Il était temps !", a lancé le président américain, sous des applaudissements nourris, juste avant d’entamer son discours.
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"Après 100 jours, je peux le dire au pays : l’Amérique va de nouveau de l’avant", a-t-il lancé.
Plan de relance
Le président démocrate s’est posé en défenseur de la classe moyenne, en vantant un gigantesque plan d’investissement visant à créer des millions d’emplois pour les Américains qui se sentent tenus à l’écart.
Pour le volet financier, le démocrate propose d’annuler les baisses d’impôts pour les plus riches votées sous Donald Trump, et d’augmenter les impôts sur les revenus du capital pour les 0,3% d’Américains les plus fortunés.
Avec une promesse martelée sur tous les tons : aucun Américain gagnant moins de 400.000 dollars par an ne verra ses impôts augmenter.
Cette allocution marque aussi le début d’un âpre combat au Congrès : si son plan de soutien à l’économie de 1900 milliards de dollars a franchi l’obstacle sans véritable difficulté, les discussions sur ses gigantesques plans d’investissement dans les infrastructures et l’éducation s’annoncent beaucoup plus houleuses.
Succès de la vaccination
"Plus de la moitié des adultes ont reçu au moins une injection" et "les décès de personnes âgées ont baissé de 80% depuis janvier", a-t-il souligné, tout en ajoutant, avec prudence : "il reste du travail à faire pour battre le virus, nous ne pouvons pas baisser la garde".
Plus de 96 millions de personnes, soit près de 30% de la population, sont considérées comme totalement vaccinées. Et, dans une décision chargée en symboles, les autorités sanitaires ont annoncé mardi que les Américains ayant reçu les piqûres salvatrices n’avaient désormais plus besoin de porter de masque en extérieur, sauf au milieu d’une foule.
En finir avec la guerre contre l’immigration
Le président Biden a rappelé que l’immigration a toujours été essentielle pour l’Amérique. "Pendant plus de 30 ans, les politiciens ont parlé de la réforme de l’immigration et n’ont rien fait à ce sujet. Il est temps d’y remédier", a-t-il lancé.
Il a fait mention du décret lié à l’immigration qu’il a introduit le premier jour de son mandat comme promis lors de sa campagne électorale. "Si vous pensez que nous devons sécuriser les frontières, adoptez-le car il contient beaucoup de financements pour la sécurisation high tech des frontières. Si vous êtes partisans de l’accès à la citoyenneté, adoptez-le de sorte à régulariser 11 millions de personnes sans papier, dont la majorité est ici avec un visa expiré", a enjoint le président aux élus américains.
Joe Biden n’a toutefois pas fait mention de la crise de l’asile à la frontière des Etats-Unis avec le Mexique où les arrestations de migrants ont atteint les mois passé leur plus haut niveau en quinze ans. Parmi ces personnes, se trouvent toujours plus de mineurs isolés, dont le nombre a doublé pour s’établir à 18.890 arrivées, un record historique, selon les données des services des douanes et des gardes-frontières (CPB). Ces flux migratoires avaient commencé à augmenter en 2020 mais ont clairement bondi depuis l’arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden. Ils posent un défi humain, logistique et financier considérable à l’administration démocrate, qui s’est engagée à ne pas refouler les mineurs non accompagnés. L’opposition critique fortement la nouvelle administration démocrate de Joe Biden pour la gestion de la situation.
Face à la Chine et à la Russie
Le président américain Joe Biden a assuré mercredi ne pas "chercher le conflit avec la Chine" mais être "prêt à défendre les intérêts américains dans tous les domaines".
"Dans mes discussions avec le président Xi (Jinping), je lui ai dit que nous étions favorables à la compétition" mais que "nous nous battrons contre les pratiques commerciales injustes", "maintiendrons une présence militaire forte dans la région indo-pacifique" et "ne renoncerons pas à défendre les droits humains", a-t-il déclaré lors d'une allocution au Congrès.
Au sujet de la Russie, le président américain a souligné mercredi face au même cénacle par la suite qu'il ne cherchait pas "l'escalade" avec la Russie, tout en insistant sur le fait que Moscou devrait répondre de ses actes.
"J'ai dit clairement au président Poutine que si nous ne cherchons pas l'escalade, leurs actes auront des conséquences", a-t-il déclaré. "J'ai répondu de manière directe et proportionnée à l'interférence de la Russie dans nos élections et aux cyber-attaques visant notre gouvernement et nos entreprises", a-t-il poursuivi. "Mais nous pouvons aussi coopérer lorsque c'est dans notre intérêt mutuel", a-t-il ajouté.
Question raciale
Joe Biden a également appelé ce mercredi le Sénat à adopter dès mai un vaste projet de réforme de la police qui porte le nom de l'Afro-Américain George Floyd. Il a également déploré "l'épidémie de la violence par armes à feu" et plaidé pour un contrôle plus strict de celles-ci.
Lors de son discours au Congrès américain, le président démocrate a fait appel au "courage du Congrès" pour voter définitivement la réforme de la police. Le texte a déjà été adopté à la Chambre des représentants et prévoit notamment de lutter contre la large immunité judiciaire dont jouissent les agents.
"Je sais que les républicains ont leurs propres idées", a-t-il ajouté, "nous devons travailler ensemble pour trouver un consensus, finissons-en le mois prochain, pour le premier anniversaire de la mort de George Floyd", tué le 25 mai 2020 par un policier blanc de Minneapolis.
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Le président des Etats-Unis a aussi fait part de son souhait de renforcer la législation sur l'acquisition d'armes à feu, citant les dernières fusillades mortelles qui ont endeuillé le pays depuis le début de son mandat.
"Je ne pense pas que ce soit un problème démocrate ou républicain, c'est un problème américain", a déclaré Joe Biden devant le Congrès au sujet de la nécessité de mettre fin à la violence par armes à feu dans le pays avec des mesures de contrôles plus strictes.
Il a invité les sénateurs républicains à rejoindre la majorité des sénateurs démocrates pour "résorber les failles dans le contrôle des antécédents des achats d'armes à feu". Il a aussi enjoint à interdire les armes d'assaut et les chargeurs de grande capacité, alors que le port d'armes, inscrit dans la constitution, est un sujet sensible aux USA où le lobby du secteur est très puissant.