L’investiture démocrate, témoin des temps
Après sa victoire à l’investiture démocrate en 2008, Barack Obama avait célébré, ému, le début d’une aventure "historique" devant des milliers de personnes survoltées. Huit ans plus tard, sous un tonnerre d’applaudissements, Hillary Clinton avait salué un "tournant" qui la voyait devenir la première femme candidate pour un grand parti américain.
Joe Biden, lui, a marqué sa victoire dans les primaires démocrates par un communiqué et quelques remarques retransmises en ligne depuis le sous-sol de sa maison, où il était confiné à cause du coronavirus. Tout un symbole, même si les circonstances des investitures des trois candidats démocrates à la présidentielle étaient bien différentes.
Dans le cas d’Obama et de Clinton, leurs nominations ont mis beaucoup plus de temps à se dessiner avec des duels en interne plus serrés et qui ont donc généré plus d’attention. Leurs profils respectifs avec des "premières" en tant que "noir" ou "femme" ont aussi contribué à insuffler une certaine dynamique dans les campagnes qui ont suivi. Pour Biden, rapidement annoncé gagnant, l’engouement a été plus contenu.
Trump et Biden, des tempéraments opposés
Si l’on peut toujours compter sur Donald Trump pour animer les débats avec des prises positions souvent très marquées et des critiques acerbes envers ses contradicteurs, Joe Biden, 77 ans, prône de son côté l’authenticité, l’honnêteté, la compassion ou l’empathie.
A 74 ans, Donald Trump va continuer à miser sur la recette qui a fait son succès il y a quatre ans pour tenter de se faire réélire. Le milliardaire, franc-tireur et parfois outrancier, aime occuper l’espace médiatique. Avec ses tweets enflammés et son tempérament tempétueux, le milliardaire est le casting idéal pour une campagne explosive. Ce n’est pas Hillary Clinton, qui a mis plusieurs mois à se remettre de sa défaite face à l’ancien présentateur d’une émission de télé réalité américaine qui devrait affirmer le contraire.
Joe Biden semble l’avoir bien compris et préfère jouer la carte de la modération, quitte à sembler parfois absent. La stratégie du froid contre le chaud plutôt qu’un feu d’artifice incontrôlable dans lequel il n’aurait pas l’avantage.
Une approche qui semble payer d’après les derniers sondages. Mais, on le sait, la dernière ligne droite sera déterminante. Une évolution positive de la situation sanitaire et un rebond, même léger et inespéré de l’économie américaine, pourraient changer la donne et inverser la tendance.
Une stratégie en ligne à leur image
Largement en retrait sur la toile par rapport à son rival républicain, Biden a finalement décidé de passer à la vitesse supérieure en mai dernier. Il a investi les différentes plateformes en ligne et renforcé son équipe en charge de sa stratégie de communication digitale.
En 2020, et surtout en temps de coronavirus où les meetings des candidats ont été limités ou annulés, c’est sur la toile que la campagne peut aussi se jouer. L’importante présence en ligne de Barack Obama tout comme celle de l’actuel président n’est pas totalement étrangère à leurs victoires respectives.
Mais si leurs caractères, antagonistes sous plusieurs aspects, auraient pu créer des étincelles, Joe Biden a donc choisi de ne pas rentrer dans une dynamique d’invectives via messages condensés à l’égard de l’homme actuellement en charge à la Maison Blanche.
Et même s’il ne ménage pas son rival et critique ouvertement certaines décisions de Trump, la sobriété des Tweets de l’ex sénateur du Delaware illustre la volonté de son équipe de campagne de ne pas se risquer à une surenchère sanglante avec un adversaire qui maîtrise bien mieux ce terrain que lui.