Monde

Etats-Unis : plus qu’une élection, ces midterms sont un crash-test pour la démocratie

L'invitée: la politologue spécialiste des États-Unis, Nicole BACHARAN

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Par Anne Poncelet, avec une interview de Thomas Gadisseux via

Les discours de campagne sont terminés et les votes vont commencer aux Etats-Unis, pour ces élections de mi-mandat, les midterms. Au-delà du débat strictement américain, ce scrutin porte des enjeux bien plus larges : les relations avec l’Europe et l’Otan, l’implication des Etats-Unis dans la guerre en Ukraine. C’est sur cette élection que repose la politique américaine des deux prochaines années.

Pour Nicole Bacharan, historienne et politologue franco-américaine, la question est encore plus essentielle : Les Etats-Unis seront-ils encore une démocratie ?

"On a besoin de savoir si cette démocratie américaine tient le choc et encore capable d’organiser des élections."

Les Etats Unis peuvent-ils aujourd’hui organiser une élection carrée, incontestable ? Ou les perdants reconnaîtront leur défaite, quels que soient les perdants ? "Depuis 2020, Donald Trump clame que c’est lui qui a gagné l’élection de 2020, qu’elle lui a été volée par fraude, rappelle Nicole Bacharan. Et pour la campagne des législatives, il a soutenu des candidats républicains qui, tous, devaient se soumettre à ce test et affirmer, eux aussi, que l’élection de 2020 a bien été volée.

Aujourd’hui il y a un risque que les perdants ne reconnaissent pas leur défaire, ce qui fragilise la démocratie. Une démocratie ou les perdants refusent d’accepter leur défaite, ce n’est plus une démocratie."

S’appuyer sur des élus locaux 'à sa botte'

Ces élections vont renouveler les deux assemblées législatives mais aussi toute une série de postes comme les gouverneurs ou les secrétaires d’État qui, notamment, valident les résultats des élections. Là aussi, il pourrait y avoir une vague républicaine, ce qui pourrait augurer des tensions.

On peut craindre le pire pour l’élection présidentielle de 2024.

"Il y a 50 états et 50 règles mais généralement, explique Nicole Bacharan, celui qu’on appelle le secrétaire d’État certifie les élections et ensuite le gouverneur appose sa signature. Pour ces législatives de 2022, ce seront donc ces responsables locaux qui devront signer les documents certifiant l’exactitude des élections.

Mais si, comme l’espère Donald Trump, les secrétaires d’État sont très nombreux à être des républicains trumpistes, on peut craindre le pire pour l’élection présidentielle de 2024, où Donald Trump est prêt à tout pour reprendre le pouvoir, au prix de toutes les manipulations, en espérant s’appuyer sur des élus locaux qui seront à sa botte.

Des élus radicaux devenus incontournables

Marjorie Taylor Greene, plus trumpiste que Tuump, pourrait revendiquer une place en vue encas de victoire des républicains

Le parti républicain s’est radicalisé ces dernières années, la défaite de 2020 n’a pas modifié la ligne. "C’est devenu authentiquement le parti de Trump. Certains républicains ont quitté le parti, d’autres font profil bas. Et d’autres encore suivent, voire dépassent, leur leader. Le cas de Marjorie Taylor Greene est emblématique.

"Elle est dans la mouvance complotiste de QanonElle était marginale quand elle est arrivée en 2021, elle était outrancière, elle a perdu sa place dans des commissions, commente Nicole Bacharan ; deux ans après, elle est très influente dans le parti. Et en cas de victoire, elle réclamera le poste de numéro deux à la Chambre.

La droite du parti républicain est devenue extrême droite."

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