Energie

Éteindre les illuminations de Noël dans les villes pour économiser l’énergie ? Une mesure principalement symbolique (infographies)

Le fait que les éclairages soient du LED rend la consommation d’énergie beaucoup moins importante qu’auparavant.

© Getty images

OFF. Les illuminations de Noël ne restent pas allumées aussi longtemps que les autres années cet hiver en raison de la crise énergétiqueQuatre heures en moins par jour pour Brussels by light en allumant à 17 heures plutôt qu’à 13 heures, trois heures en moins pour Liège en illuminant seulement de 16 heures à minuit.

"Cela permet une économie de 25%", peut-on lire dans le dossier de presse de Brussels by lights. Mais 25% de quelle consommation ? "Etant donné que toutes les décorations de Noël sont du LED, c’est une mesure plutôt symbolique, visible et facile mais les plus grosses dépenses d’énergie des communes sont ailleurs", analyse Frederic John. Il est cofondateur de D-carbonize, une start-up qui s’occupe de mesurer l’empreinte carbone des entreprises et de leur donner des pistes pour les réduire.

Et de prendre l’exemple des Champs Elysées dont les quatre kilomètres de guirlandes vont consommer un total 11.500 kWh sur toute la période de Noël, soit l’équivalent de la consommation d’un ménage parisien de deux personnes pendant un an. Est-ce beaucoup ou peu ? Et qu’en est-il de chez nous ?

En ce qui concerne la technologie, l’entreprise qui s’occupe des Champs Elysées est la même que celle qui fournit les illuminations dans une centaine de villes et communes en Belgique : Liège, Charleroi, Durbuy, La Louvière, Bastogne jusqu’à Hasselt, Grand, Anvers en passant par le sapin de la Grand-Place, c’est l’entreprise Blachère illumination. Et ils nous ont donné la puissance de chaque type d’illumination : avec les lampes LED, une traversée lumineuse (100 W) est en effet dix fois moindre que votre four à micro-onde (1000 W).

Mais là où votre micro-onde ne fonctionne que quelques minutes, les décorations de Noël, elles, restent allumées pendant plusieurs heures pendant toute la période. Nous avons donc calculé leur consommation sur une hypothèse de 8 heures d’illumination par jour pendant 42 jours (6 semaines). Appuyez sur chaque guirlande lumineuse pour l’allumer et savoir ce qu’elle consomme.

 
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Reste à savoir la quantité de ces décorations installées dans chaque ville. Et là, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Brussels by lights par exemple, ce sont 18,5 km de motifs lumineux et 9,3 km de guirlandes. "Leur consommation est de 80.000 Watt, l’équivalent de 56 aspirateurs de puissance moyenne", lit-on dans le communiqué de presse. À Liège, Blachère, a calculé que toute la période consommait 29.898 kW.

Et en ce qui concerne le coût, il dépend du contrat d’électricité signé par chaque commune. Bruxelles Ville par exemple a toujours la chance d’être sous un contrat fixe conclu avant la période de crise, ce qui réduit fortement la facture. La Ville de Liège a également un tarif en dessous de celui du marché actuel. Pour nos calculs, nous nous sommes basés sur un prix théorique de 0,4€/kWh, celui proposé par l’Union des villes et communes de Wallonie dans ses calculs.

 
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Constat similaire dans la Région de Bruxelles Capitale où les puissances mises à disposition des communes pour les illuminations de Noël équivalent à la consommation de huit ménages par commune. "Nous mettons à disposition une certaine puissance, à la demande du pouvoir public, pour lequel un forfait est facturé. Donc, pour les illuminations de fin d’année, nous ne comptabilisons pas l’énergie réellement consommée, explique Johan Debruyn, responsable communication chez Sibelga. Mais si chaque commune utilisait au maximum la puissance mise à disposition, on arriverait à une consommation d’environ 8 ménages par commune."

Quand ces illuminations étaient allumées 15 jours de plus et pendant 380 heures plutôt que 200 heures, c’était l’équivalent de 15 ménages. Donc, oui, réduire les heures d’illumination est logiquement presque deux fois moins énergivore.

En termes de coût, cela revient à moins de 10.000 euros pour décorer les villes à Noël cette année, c’est beaucoup moins qu’avant la généralisation des ampoules LED, comme le souligne l’Union wallonne des villes et des communes dans ses calculs. "La puissance (sans LED, ndlr) est évaluée de 45 W par mètre et sa consommation pour les mêmes hypothèses de fonctionnement, s’élève à 15,12 kWh par mètre pour un coût d’électricité de 6,05 € par mètre. Ces illuminations sont très énergivores."

Une mesure symbolique

C’est ce qui pousse Frédéric John à dire qu’aujourd’hui, éteindre les lumières de Noël est une mesure symbolique. "Si l’on regarde le mix énergétique belge, on sait que 1 kWh d’électricité provenant du réseau égale approximativement 200 g de CO2 / KWh. Pour mettre en perspective, c’est 1/3 de moins qu’en 1990. Pour la ville de Liège, si on compte environ 30.000 kWh/an pour les illuminations de Noel, nous obtenons un impact environnemental de 6 tonnes de CO2 (30.000 kWh x 200 gCO2). C’est l’empreinte carbone d’une voiture citadine au bout de 30.000 km."

Pour l’expert en empreinte carbone, mieux vaudrait concentrer ses efforts ailleurs, sur des mesures peut-être moins visibles du public. "Pour mettre en perspective, la ville de Liège opère 440 véhicules. Pour 'compenser' l’impact environnemental des illuminations de Noel de Liège, la Ville pourrait convertir une voiture (soit < 0,3% du parc total) en un vélo cargo ou par exemple électrifier 2 véhicules (~140 gCO2/km) et le tour est joué." Un exemple pour Liège qui pourrait être applicable à bien d’autres communes.

À Bruxelles, par exemple, Fabian Maingain, l’échevin des affaires économiques se dit bien conscient de l’impact restreint d’une telle mesure. "Dans le cadre de la crise énergétique actuelle, il est important de faire sa part", indique son cabinet qui pointe l’économie faite en restreignant les heures d’éclairage : 25%, "ce qui a permis d’éclairer d’autres rues", indique le communiqué de presse.

Car oui, même si le message est de réduire les éclairages, le choix des élus est tout de même de garder les décorations de Noël dans les villes avec comme tout premier argument : l’attractivité économique. "Compte tenu du retour sur investissement, il y a un vrai gain", indique le cabinet Maingain à la Ville de Bruxelles. Même discours à Liège et du côté des entreprises Blachère.

"Et puis, dans la morosité ambiante, ça fait plaisir de se balader dans des rues illuminées", nous glisse la cheffe de cabinet. Un impact psychologique positif donc.

Peu d’impact négatif sur l’empreinte carbone, attractivité économique et bon pour le moral, nos interlocuteurs sont donc d’accord pour dire que les illuminations de Noël, finalement, ont toujours leur raison d’être.

Sur le même thème: Extrait JT (04/12/2022)

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