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Êtes-vous 'workaholique' ? Tout savoir sur la dépendance au travail

Le fait de s’investir corps et âme dans son activité professionnelle est souvent bien vu dans notre société, mais cela peut révéler une véritable dépendance comportementale. Difficile à repérer, le workaholisme peut avoir de lourdes conséquences mentales et physiques. Analyse avec Jean-Olivier Collinet, de Jobyourself.

Aux Etats-Unis, le workaholisme concernait en 2017 13% des femmes et 8% des hommes. En Norvège, 8,3% des travailleurs et en France 8%. Un simple calcul permet de dire qu’à l’échelle de la Belgique, cela pourrait représenter environ 400.000 personnes.

© Getty Images

Qui sont les workaholiques ?

Les boulimiques du travail sont souvent perfectionnistes, ils consacrent un temps démesuré à certaines tâches, ils ne savent pas déléguer, ils manquent parfois de confiance en eux et cherchent la reconnaissance sociale. Ils veulent assumer une lourde charge de travail et ils dépassent leurs limites.

L’addiction au travail sert parfois aussi à combler un vide personnel, une vie privée un peu compliquée. On se réfugie alors dans le travail, parfois jusqu’au burn out.

On a du mal à sortir de cet engrenage, de ce rythme fou de travail. Cela devient un cercle vicieux : on donne tout à son travail, on ne consacre plus de temps à ses loisirs ni à soi-même, on va de moins en moins bien, on s’isole et on se retrouve, sans s’en rendre compte, dans la dépendance, la dépression, voire dans l’alcoolisme, explique Jean-Olivier Collinet.

Les signes du workaholisme

Le workaholisme se traduit par une hyperactivité, une compétitivité professionnelle et une implication personnelle démesurées, un besoin de reconnaissance et une insatisfaction professionnelle permanente. On néglige sa vie familiale et amicale, on finit par ressentir une souffrance psychologique, une anxiété, des troubles du sommeil,…

Ces troubles s’installent insensiblement, avec le temps, mais il peut suffire de quelques mois… Parfois le code social est en cause, qui valorise le fait de rester tard au travail.

Le confinement a participé aussi à ce phénomène. Le télétravail a envahi la maison et la vie privée, il n’y avait plus de césure entre les deux univers. Beaucoup ont sombré dans le workaholisme, aggravé par l’isolement.

Comment en sortir ?

Il va s’agir d’abord d’arriver à en prendre conscience, pour pouvoir essayer de trouver un équilibre, de se mettre un cadre de fonctionnement. Et comprendre que travailler moins d’heures ne veut pas dire moins bien faire son travail ! Ce n’est pas simple, mais on peut se faire aider par un manager, un conseiller en prévention, un RH, un psychologue, un coach ou un proche.

Parmi les bonnes pratiques, on notera : se réserver un jour par semaine pour sa vie sociale et familiale, se ménager des moments de loisirs - activité sportive, culturelle... -, limiter la consommation d’excitants, veiller à son sommeil, se déconnecter...

La responsabilité de l’entreprise

La responsabilité de l’entreprise est engagée dans la lutte contre ce phénomène, il en va de la santé des salariés, affirme Jean-Olivier Collinet.

Elle doit s’articuler selon deux axes :

  • la prévention des risques psychosociaux. L’entreprise a la responsabilité du bien-être des travailleurs, y compris via le cadre de fonctionnement

  • l’encadrement de l’utilisation des outils numériques, avec des heures de fonctionnement et des temps de repos et de congé bien déterminés, pour que la vie privée et familiale soit préservée. C’est le droit à la déconnexion, prévu dans une loi en vigueur depuis ce 1er janvier 2023, qui concerne les entreprises de minimum 20 travailleurs.

Divers centres de prévention proposent des formations aux chefs d’équipe pour les aider à détecter et à accompagner les personnes concernées par le workaholisme.

>> Des tests en ligne existent pour vous aider à voir votre degré d’addiction au travail, parmi lesquels le test WART. Jean-Olivier Collinet en parle dans la suite de l’émission.

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