Dans quel monde on vit

Étienne Daho : "L’histoire est amnésique"

Dans quel Monde on vit

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Par Marine Lambrecht et Pascal Claude via

"Tirer la nuit sur les étoiles, la nuit nous appartient", chante Etienne Daho. Des paroles inspirées d’un documentaire d’Arte sur l’iconique actrice américaine, Ava Gardner. Pour écrire son dernier album, l’artiste s’est inspiré en partie du septième art. Il puise surtout dans ses propres histoires d’amour et compte toujours sur son intuition. L’artiste est aussi marqué par la guerre en Ukraine, en cours depuis plus d’un an. "L’histoire est amnésique", dit-il.

Dans une société qu’il constate comme de plus en plus "renfermée", Etienne Daho se présente comme "un citoyen du monde". Il est l’invité de Pascal Claude dans l’émission "Dans quel Monde on vit".

© Pierre-Ange Carlotti

Né en Algérie, il fuit la guerre avec sa famille et arrive en France. "J’étais beaucoup plus fort que les petits gamins de mon école ou que les ados de mon lycée à cause des choses que j’ai vécues", se souvient-il. "Je me suis construit une armure. Ça a été un avantage parce que même si j’ai un métier merveilleux, il n’est pas simple. Quand on débute, les gens pensent qu’ils peuvent faire de vous ce qu’ils veulent".

Garder le meilleur de l’Algérie… pas les balles

"Quand je suis arrivé en France à l’âge de sept, huit ans, j’ai trouvé cela très compliqué d’être étranger, même si j’étais français de nationalité", confie-t-il. Longtemps, Etienne Daho se sent comme une "bête curieuse" et veut "se fondre dans la masse". "J’avais l’impression que si j’avais des choses à dire, des choses de cette période, c’était des choses un peu tristes en fait. Et j’avais envie d’être une nouvelle personne."

De son passé en Algérie, il dit ne garder que le "meilleur". "Je conserve des moments merveilleux ensoleillés, avec une famille aimante, beaucoup de musique, la plage, la liberté, la scolarité en diagonale… mais pas les balles." Nos cerveaux font le tri, ils oublient, d’une certaine manière.

Ces balles, ces bombes, ces chars font partie du quotidien des Ukrainiens depuis plus quinze mois. La guerre a fait des milliers de victimes, côté ukrainien et côté russe. Elle a aussi poussé des milliers de familles sur la route de l’exil. Leurs récits ont particulièrement touché l’artiste. Face aux guerres à répétition, l’histoire aussi est "amnésique". C’est ce que dit l’artiste dans "Le chant des idoles". "Les idoles sont bien sûr les dictateurs", précise-t-il.

"C’est des autres qu’on apprend"

Etienne Daho brosse un portrait d’un monde cloisonné, excluant. "Ça n’engage que moi, mais quand j’étais jeune homme dans les années nonante, je n’ai pas le souvenir que la religion, la couleur de peau, l’orientation sexuelle, le niveau social comptaient pour les gens", confie-t-il. "Les gens se referment de plus en plus. C’est complètement absurde. On vit avec les autres et c’est des autres et de la différence qu’on apprend des choses."

Dans la vie comme dans sa musique, l’artiste fait confiance à son intuition. "Elle peut vous amener parfois dans des malheurs, dans des mauvaises directions. Le danger, c’est toujours très excitant. Tous les artistes ont envie de sortir de leur zone de confort pour écrire."

Tout au long de son nouvel album, "Tirer sur les étoiles", enregistré entre Londres (Abbey Road), Paris (Motorbass) et Saint Malo, l’amour s’infiltre. Tomber amoureux, pour Etienne Daho, "c’est être emporté par quelqu’un, par son mystère, par sa voix, par ce qu’on imagine que la personne est". Une forme de danger irrésistible ? "Il n’y a rien de plus mystérieux que l’autre, que la rencontre avec l’autre. Pourquoi tout d’un coup on s’attache à quelqu’un plutôt qu’à une autre personne ? C’est très mystérieux."

Etienne Daho sera en concert à Forest National le 2 décembre prochain.

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