Daniil Medvedev, Andrey Rublev, Aryna Sabalenka, Victoria Azarenka, des joueurs et joueuses du top, présents à Roland-Garros, et qui ne seront pas à Wimbledon. Comme tous leurs collègues russes et biélorusses, ils ont été exclus par les organisateurs du tournoi. C’est évidemment la conséquence de la guerre en Ukraine. L’épreuve londonienne est (pour l’instant) le seul Grand Chelem à avoir pris une telle mesure.
L’ATP et la WTA, qui gèrent les circuits masculin et féminin (mais pas les tournois majeurs), ont condamné la décision de Wimbledon. Et ont décidé de ne pas attribuer de points ATP et WTA pour l’édition 2022 de la compétition sur gazon.
Paradoxalement, c’est un joueur russe qui, tout en étant absent, va effectuer la meilleure opération au classement. Même s’il gagne encore le tournoi, Novak Djokovic va perdre les 2000 points de sa victoire de l’an dernier. Et il va devoir céder sa première place mondiale à Daniil Medvedev.
Cela ne va évidemment pas le traumatiser. Le Serbe joue pour la Coupe, pour les records, pour un nouveau Grand Chelem, pour l’histoire, et pas pour le classement. Pas un seul instant, il n’envisage de faire l’impasse sur Wimbledon. Il soutient la décision de l’ATP, même si elle lui est défavorable. "Cela m’affecte négativement, sur un plan personnel. Mais je suis content que quand un tournoi du Grand Chelem fait une erreur, et pour moi c’est une erreur, il en subisse les conséquences. Je ne vois pas Wimbledon comme un événement qui distribue de l’argent et des points, mais comme un tournoi qui me permet de continuer à réaliser mes rêves d’enfant. Donc, j’irai, bien sûr."
Un tournoi qui ne distribue pas de points, cela ne va-t-il pas inciter des joueurs à renoncer au voyage ? Peut-être, mais les cas seront sans doute rares. Naomi Osaka est la seule, pour le moment, à envisager de ne pas se rendre à Londres. "Si je joue Wimbledon alors qu’il n’y a pas de points, c’est comme si je participais à une exhibition. Je sais très bien que ce ne sera pas le cas, mais mon cerveau aura cette impression. Et je sais que si je joue une exhibition, je n’arrive pas à me donner à 100%. Je n’ai pas encore pris ma décision, mais la balance penche du côté d’un forfait". Wim Fissette, l’entraîneur belge de la Japonaise, va certainement essayer de la faire changer d’avis.
Après tout, le plus grand intérêt d’un tournoi du Grand Chelem, ce ne sont pas les points. C’est la quête d’un titre important, pour les meilleurs. C’est une façon de vivre sa passion et de gagner sa vie, pour les mêmes et pour les autres.
Ysaline Bonaventure devra passer par les qualifications. Et elle le fera, évidemment. "Je ne me pose pas la question de savoir s’il serait mieux de jouer d’autres tournois à la même période, qui donnent des points. C’est un Grand Chelem, et on joue les Grands Chelems. Et on ne va pas se mentir, les sommes d’argent distribuées ne sont pas négligeables, pour des joueuses de mon niveau. Et puis, je me sens bien sur gazon, donc je vais y aller."
David Goffin est du même avis. La question ne se pose même pas, il participera. "Cela reste un Grand Chelem, donc j’ai l’intention d’y aller, c’est certain. C’est mon tournoi préféré, et je n’y ai plus participé depuis un moment. Il n’a pas eu lieu en 2020, et je me suis pété la cheville juste avant l’année dernière. Je veux y aller, d’autant plus que je suis bien et que j’ai envie de faire des matches. Aller là-bas reste un grand moment, et je m’amuse bien quand je joue sur gazon. Les Russes et les Biélorusses sont les premiers déçus de ne pas pouvoir jouer. Mais c’est comme ça, on ne peut pas faire grand-chose. Ne pas donner de points, je trouve cela dommage. Chacun se retrouve dans une situation différente. Djoko va perdre 2000 points, Berrettini ne pourra pas défendre les points de sa finale. Chacun a des points à défendre. Ou pas, comme moi. Quant à dire que ce sera une exhibition, non, je suis sûr que ce ne sera pas le cas."
Pourtant, Alison Van Uytvanck utilise le même mot que Naomi Osaka, "cela va ressembler à une exhibition, mais pas question de faire l’impasse. On va essayer de le considérer comme un autre Grand Chelem, ce tournoi". La joueuse belge estime qu’il y avait d’autres solutions que celle prise par l’ATP et la WTA. "Je pense que pour les Russes et les Biélorusses, il aurait fallu garder les points de 2021. Et que des points soient attribués normalement pour les autres joueurs et joueuses. C’est dur, on n’a rien à dire, il faut accepter les décisions."
Les Russes et les Biélorusses devraient à peu près être les seuls absents à Wimbledon.