Belgique

Evasion de la prison de Gand : retour sur des évasions qui ont marqué l’histoire pénitentiaire

Un détenu s’est évadé de la prison de Gand ce mercredi 4 août

© Photo de JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

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Par Melanie Joris

Hier matin, un détenu de la prison de Gand s’est évadé. Dans la foulée, une opération de recherche a été lancée dans les alentours de la prison à l’aide de dizaines d’agents, des chiens pisteurs et un hélicoptère.

En 2020, on dénombre 10 évasions en Belgique. Un détenu s’est évadé de la prison de Wortel, sept autres se sont échappés de deux établissements à régime semi-ouvert et deux autres ont réussi à s’échapper de leur chambre d’hôpital. Ces histoires sont parfois spectaculaires, parfois rocambolesques. Retour sur des évasions qui ont marqué l’histoire pénitentiaire.

Technique n°1 : creuser un tunnel

Le cinéma s’est souvent emparé de scénarios à base d’évasion. Parfois la réalité est tout aussi incroyable que la fiction. Prenons l’évasion qui s’est passée en janvier 2020 à la prison de Wortel près d’Anvers. Dans la cellule du détenu évadé, les gardiens ont découvert un trou creusé dans le mur du coin toilette.

Cela rappelle, dans de toutes autres proportions, l’évasion célèbre d’El Chapo, le trafiquant de drogue mexicain considéré comme le plus dangereux du monde. Le 15 juillet 2015, Joaquin Guzman est dans sa cellule. Il se glisse du côté de la douche située dans l’angle mort de la caméra de surveillance. En fait, il s’engouffre dans un trou de cinquante centimètres carrés qui le mène directement à un tunnel creusé à plus de dix mètres de profondeur. Ce tunnel fait un kilomètre et demi et l’emmène vers la liberté.

Le tunnel creusé sous la douche dans la cellule d’El Chapo à la prison mexicaine d’Altiplano.
Le tunnel creusé sous la douche dans la cellule d’El Chapo à la prison mexicaine d’Altiplano. © YURI CORTEZ

Cette évasion spectaculaire n’a été possible que grâce à l’aide de complices à l’extérieur de la prison, mais aussi à l’intérieur. Plusieurs fonctionnaires ont été inculpés et placés en détention. Six mois plus tard, l’homme le plus recherché du Mexique était retrouvé.

Technique n°2 : l’hélicoptère

Certains détenus, au lieu de s’engouffrer sous terre, tentent de s’échapper par les airs. Le 25 septembre 2020, la prison de Forest et son quartier pour femmes de Berkendael ont été survolés par un hélicoptère. À son bord, un pilote et trois individus armés. Le pilote avait été pris en otage à l’aéroport d’Anvers-Deurne et forcé de survoler Bruxelles. La mésaventure s’arrête là vu l’impossibilité pour le pilote de se poser. L’hélicoptère atterrit dans le Brabant wallon et les trois hommes s’enfuient.

Parfois, l’histoire est encore plus rocambolesque et audacieuse. Imaginez une femme qui apprend à piloter un hélicoptère pour venir libérer son homme détenu. Ce n’est pas le synopsis d’un téléfilm, c’est l’histoire de Nadine Bourgain et Michel Vaujour.

26 mai 1986 : des enquêteurs inspectent l’hélicoptère qui a servi à l’évasion de Michel Vaujour de la prison de la Santé à Paris
26 mai 1986 : des enquêteurs inspectent l’hélicoptère qui a servi à l’évasion de Michel Vaujour de la prison de la Santé à Paris © Michel Gangne AFP

Michel Vaujour est une figure bien connue du banditisme en France. En 1986, il a déjà été condamné dix fois pour des braquages. Il purge alors une peine de prison de 18 ans pour homicide. Mais l’homme est un habitué des évasions, il a déjà réussi trois fois à se faire la belle.

Cette fois-ci, le braqueur peut compter sur sa compagne. Celle-ci prend des cours de pilotage sous un faux nom depuis six mois. Ce matin-là, elle s’approche de la prison de la santé, reste en stationnaire pendant cinq minutes puis Michel Vaujour apparaît sur le toit de la prison et s’agrippe aux patins de l’Alouette. L’opération ne dure que quelques minutes et permettra au couple de vivre une cavale de quatre mois avant d’être rattrapé par la police.

Technique 3 : la prise d’otage

On retrouve dans nos archives beaucoup de faits divers impliquant des détenus qui ont pris en otage des agents pénitentiaires. Les faits laissent souvent des séquelles psychologiques pour le personnel menacé.

Le 31 juillet 2011, trois détenus de la prison de Jamioulx ont réussi à s’évader. Ils avaient pris en otage une gardienne en lui posant un couteau sous la gorge et en la menaçant de l’immoler par le feu après l’avoir aspergé d’essence.


►►► A lire aussi : De plus en plus de détenus vont à fond de peine : est-ce vraiment un choix ?


Le 13 avril 2012, deux détenus réputés dangereux s’échappent de la prison d’Arlon. Ils ont attendu la fin de la promenade pour prendre en otage deux gardiens et les ont blessés avec des lames de rasoir. Un des agents est blessé au visage, l’autre à la gorge. Un des deux détenus n’en était pas à son coup d’essai. Il avait déjà été condamné à huit ans de prison pour une tentative d’évasion avec prise d’otage à la prison de Nivelles…

L’évasion n’est pas punissable

Autant de techniques qui ne sont pas à encourager, mais il est à noter que la loi belge ne pénalise pas directement l’évasion. Il s’agit d’un vieux reste de notre Code pénal pensé au dix-neuvième siècle. Un évadé peut toutefois être poursuivi pour les délits supplémentaires qu’il commettrait pour s’enfuir : prise d’otage, violence, destruction de matériel et même vol s’il emporte avec lui son uniforme de détenu.

Par ailleurs, dans les articles 332 à 337 de notre Code pénal, sont évoquées les infractions réalisées par des personnes tierces qui aident un prisonnier à s’évader. Autrement dit, s’évader en tant que tel n’est pas un délit pénalement punissable, mais aider un détenu à s’évader est bien un délit.

Mort du roi de l'évasion: le Petit Robert (JT 18/11/2020)

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