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"Exilés" : le passé rattrape l’actualité dans une expo à Liège sur les réfugiés espagnols de 1939

L’exposition "Exilés" 1936-2022 à la Cité Miroir de Liège présente des photos inédites de la "Retirada", cet exode massif après la guerre d’Espagne, qui fait inévitablement penser à l’Ukraine d’aujourd’hui

© Philippe Gaussot

"Chemins de l’exil…" C’est le titre d’une expo présentée à la Cité Miroir de Liège. Une centaine de photos inédites d’époque retracent la "Retirada", cet exil des réfugiés républicains qui ont fui leur pays en 1939 à la fin de la guerre d’Espagne. Un exode impressionnant à l’époque. Ils ont franchi les Pyrénées en plein hiver, pour rejoindre la France. C’était, il y a plus de 80 ans. Aujourd’hui ces photos de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sur les routes font évidemment écho à l’actualité des réfugiés de la guerre en Ukraine.

C’est Juan Chica Ventura avec son association "24 août 44" qui propose l’exposition "chemins de l’exil"
C’est Juan Chica Ventura avec son association "24 août 44" qui propose l’exposition "chemins de l’exil" © Tous droits réservés

Juan Chica Ventura est petit-fils de républicains espagnols installé à Paris. C’est lui avec son association "24 août 44" qui organise cette exposition à Liège en collaboration avec les Territoire de la Mémoire. Il a pu disposer de négatifs photos réalisées par Philippe Gaussot (1911-1977) qui à l’époque de la guerre d’Espagne, était venu en aide dans les camps de réfugiés.

C’est un exil massif. On parle de 500.000 réfugiés en 2 semaines

"Là, on voit des colonnes de réfugiés par exemple. On a des femmes, des enfants. Ce sont les premiers jours. La Retirada n’a duré que deux semaines. C’est un exil massif parce que là, on parle de 500.000 civils. Aujourd’hui, en Ukraine, on est déjà sur des chiffres d’un million d’exilés, c’est-à-dire le double. Et aujourd’hui, ces civils fuient aussi les bombardements. C’est terrible de rencontrer encore des images comme ça, on pensait que ça n’existerait pas, que ça n’existerait plus. Et que ça revienne comme ça à la figure… Le passé rattrape l’actualité."

Ils ont été accueillis dans des camps de concentration

La différence avec l’Ukraine, c’est que, très vite, les exilés ont été enfermés dans des camps : "Tout de suite. Ils se sont imaginés, en arrivant en France, comme c’était une république aussi, qu’ils allaient être reçus comme des héros, ce qui n’a pas du tout été le cas. Ça représentait pour la France une menace. Ils ont été accueillis dans des camps de concentration qui étaient en fait des plages tout le long du Roussillon, face à la mer. Et derrière, il y avait des barbelés. Et derrière ces barbelés, il y avait des tirailleurs sénégalais et marocains avec des mitrailleuses."

Le photographe Pierre Gonnord a dressé le portrait de 22 survivants de l’exil espagnol
Le photographe Pierre Gonnord a dressé le portrait de 22 survivants de l’exil espagnol © Pierre Gonnord

Les portraits de survivants dans une seconde exposition photo

En parallèle, la Cité Miroir propose une exposition du photographe Pierre Gonnord. Intitulé "Le sang n’est pas eau", son projet photographique s’intéresse aux survivants – ou à leurs descendants – de l’exode de la guerre d’Espagne en France. L’artiste propose 22 portraits accompagnés de la retranscription de leurs témoignages. Pour lutter contre l’oubli.

Le photographe Pierre Gonnord

L’exposition 1936-2022 "Exilés" - des résistants de la Retirada à aujourd’hui – est à voir à la Cité Miroir de Liège jusqu’au 22 mai.

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