"Il y a quatre ans, je venais d'entamer ma transition hormonale. Je vivais à Montpellier. Je sentais qu'il restait quelque chose en suspens, un vide à combler. Ce vide, c'était la sensation de ce membre manquant. Je venais de changer mon prénom, je souhaitais redéfinir mon identité et mon enveloppe corporelle pour qu'elles correspondent mieux à mon ressenti. Alors, je me suis dit : 'pourquoi pas des prothèses péniennes ?" J'ai donc commencé à faire quelques recherches. Mais j'ai rapidement constaté que le choix était assez limité en France ou alors que les prothèses disponibles étaient très onéreuses. Donc, à moins d'économiser pendant des mois et des mois, ces prothèses restent peu accessibles", explique Maé.
À l'époque, la solution lui apparaît comme une évidence : puisque des prothèses de qualité et à des prix abordables n'existent pas sur le marché français, il faut les inventer.
"L'idée a commencé à germer dans ma tête. J'ai suivi une formation intensive pour apprendre à fabriquer les prothèses. J'ai eu la chance de rencontrer Mona, spécialisée dans le domaine et elle aussi issue de la communauté queer. Elle souhaitait lancer une entreprise avec un projet similaire, nous avons donc décidé de travailler main dans la main et de concevoir ensemble les prothèses", raconte Maé, qui s'est consacré corps et âme à son projet, parfois au détriment de son sommeil. "La création de ces prothèses était devenue le 'goal of my life'". "Tous les jours, je me renseignais, j'expérimentais, mon salaire entier y passait !", se remémore-t-il.