Economie

Explosion des coûts de production : pourquoi l'augmentation des prix reste (pour le moment) limitée dans la grande distribution

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Par Victor de Thier sur base d'un reportage de Simon Bourgeois

Entre l’envolée du prix des matières premières, les pénuries et les prix de l’énergie, les coûts de production du secteur alimentaire explosent. Comment une grosse entreprise fait-elle pour gérer cette envolée des prix et comment peut-elle - ou pas - répercuter ces augmentations sur les consommateurs finaux ? Simon Bourgeois s'est rendu dans une usine de pizzas, chez l'Artisane, à Courcelles. Dans cette entreprise, on fabrique 20 millions de pizzas par an, notamment pour des chaînes de magasin telles que Carrefour, Aldi et Colruyt.

Huit tonnes de farine par semaine

"Vous avez une boulangerie qui est semi-industrielle où il y a encore des manœuvres à la main", explique Gregory Dumont, responsable qualité de l’usine. "On reçoit huit tonnes de farine toutes les semaines. Cette farine est originaire de Belgique, de Tchéquie, d’Allemagne. (...) La demande va devenir très forte. On peut estimer qu’aujourd’hui un blé natif qui était à 300 € la tonne atteint plus ou moins les 400 € la tonne. Et ça veut dire qu’hier, si on achetait notre farine à 350 € la tonne, le produit fini, on est quasi à 600 € aujourd’hui".

Un problème qui ne concerne pas que la farine. Ici, tout coûte plus cher, de la mozzarella impactée par les coûts liés à l'élevage et les tomates liées au prix du transport aux emballages en carton ou en plastique. "Ces prix augmentent entre 5 à 30%, mais également les coûts fixes de l’entreprise, autant pour notre personnel que pour l’énergie qui augmente. Et ça devient vraiment ingérable", ajoute Gregory Dumont.

Le secteur agroalimentaire se serre la ceinture

Pour le moment, c’est le secteur agroalimentaire qui fait tampon en Belgique face à cette hausse de prix, bien que des négociations soient en cours avec les grands distributeurs.

"La réalité, c’est que la grande distribution fixe ses prix d’achat et que l’ensemble de la grande distribution en Belgique - mais également en France - ne veut jamais être le premier à augmenter le prix du consommateur", explique le directeur de l'usine Christophe Motta. "Chacun regarde ce que fait son voisin et dit "moi, je ne bougerais pas si mon concurrent direct ne bouge pas". Donc nous, la chaîne de production agroalimentaire, on est entre le marteau et l’enclume. Nos fournisseurs nous appliquent directement une hausse de prix. Nous ne sommes pas en mesure de la répercuter tout de suite".

Une situation qui mène de plus en plus d'entreprises à envisager de stopper ou de réduire leur production. 

Extrait du JT du 29/03/2022 :

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