Bruxelles

Expo : Banksy Genius or Vandal ?

© THOMAS COEX - AFP

Une exposition s’ouvre ce jeudi 10 juin à Bruxelles sur la Grand Place. Elle est consacrée au streetartiste le plus célèbre au monde : Banksy. Comme la plupart des expos qui lui sont consacrées, celle-ci n’est pas autorisée par l’artiste. Il s’agit d’œuvres prêtées par des collectionneurs privés et rassemblées dans l’ancien siège de la CBC totalement réaménagé pour l’occasion. On y trouve l’une ou l’autre œuvre directement retirée du mur original, mais surtout beaucoup de sérigraphies, de photos, de reproductions et quelques projections. L’expo se termine par une immersion en réalité virtuelle dans le Bristol des débuts de lcarrière de l’artiste, hélas cette visite en réalité virtuelle n’est accessible qu’en payant un supplément de trois euros au prix du billet initial (16,5€ pour un adulte).

L’exposition fait la part belle aux thèmes de prédilection de Banksy : la société de consommation, les migrants, la guerre, la police. Ces thèmes sont développés à travers les différentes pièces plutôt bien mises en scène. On peut également découvrir une reproduction de l’atelier de l’artiste.

Banksy est plutôt un dessinateur de presse qu’un génie

En toile de fonds de cette exposition, une question : Banksy est-il un génie ou un vandale ? Vandale parce qu’il réalise ses œuvres illégalement, mais génie car il est chaque fois adulé et sa que notoriété a depuis bien longtemps fait le tour du monde. " A partir du moment où les œuvres de Banksy sont protégées par du plexiglas à Londres ou à Paris, ce n’est plus du vandalisme, ça devient tout simplement quelque chose d’institutionnel", explique Christophe Genin, professeur de Philosophie de l’Art à la Sorbonne et grand spécialiste du Streetart. 

"En plus, on le sait très bien, dès qu’un mur reçoit une œuvre de Banksy, il prend automatiquement une plus-value. Quant au génie, sans être insultant envers Banksy, il me semble que c’est un excellent dessinateur de presse. Il y a beaucoup d’esprit, beaucoup d’à-propos, beaucoup de pertinence. On voit par exemple deux policiers qui s’embrassent, on voit un soldat israélien fouiller une petite fille … Donc il y a toujours une manière de présenter une situation un peu saugrenue, paradoxale, ça c’est le talent du dessin de presse. Mais dans le fonds, il n’y a pas de dimension vraiment spirituelle qu’on attend des génies. "

 

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Des œuvres déplacées

Comme chaque fois lors des expositions consacrées à Banksy, il est étrange de voir des œuvres sorties de leur contexte et enfermée dans une exposition payante. L’artiste a, en effet, construit sa notoriété avec ses pochoirs évidemment, mais c'est surtout le moment et l’endroit où il les réalise qui leur donne une dimension supérieure.

Une œuvre qui critique le Brexit à Douvres, une colombe de la paix prise pour cible par un sniper sur un mur de Gaza ou encore cette jeune fille triste sur la porte de secours du Bataclan… Sorties de leur contexte ces œuvres perdent inévitablement de leur saveur.

Radicalement, c’est plutôt une perte de sens", explique Christophe Genin.

"’œuvre de Banksy est plutôt opportuniste au sens propre du mot, elle est liée à une circonstance politique ou historique. Inévitablement ça va devenir des œuvres déplacées, dans tous les sens du terme, elles ont quitté leur lieu d’être leur lieu de sens. Mais on peut malgré tout tirer un plaisir esthétique de ce déplacement. " Conclut le professeur de la Sorbonne

L’exposition est à voir Grand Place numéro 5 jusqu’au mois de septembre.

Sur le même sujet: JT 02/03/2021

Oeuvre de Banksy à Reading

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