Associer architecture et droits des personnes LGBTQIA + *, c’est l’ambition de l’exposition Queering Brussels proposée aux Halles Saint-Géry cet automne. " Dans cette exposition, nous questionnons la norme - architecturale ou liée à une orientation sexuelle ou une identité de genre. Comment peut-on déconstruire cette norme ? Et comment le fait d’être une personne " hors-norme " nous pousse à concevoir différemment l’espace ? " explique Camille Kervella, architecte et commissaire de l’exposition.
Cette exposition part d’un constat. Dans notre capitale, l’espace public et son agencement ne permettent pas toujours de se sentir en sécurité quand on est une personne queer**. Camille Kervella nous donne deux exemples : la Place de la Bourse et les toilettes publiques.
Si vous vous baladez sur le Boulevard Anspach pour rejoindre la place de la Bourse, vous pouvez constater que cet endroit reste majoritairement masculin et hétérosexuel. Sur les marches de la Bourse, avant les travaux, les hommes seuls ou en groupe s’y sentent plus légitimes de se poser alors que les femmes et les minorités LGBTQIA + préfèrent traverser la place et ne pas s’y attarder. "La place de la Bourse ne favorise pas le vivre-ensemble et la sérénité. Cela peut s’expliquer aussi par l’environnement et son organisation. Tout ce qu’on trouve (ou non) aux alentours : les terrasses, les types de commerces, les lieux culturels. "
De même, non seulement les toilettes ne sont pas assez nombreuses en ville, mais elles se révèlent aussi peu inclusives en ne proposant par exemple que des urinoirs ou que des toilettes genrées. " Cela peut représenter une forme de violence pour les personnes dont l’identité de genre ne correspond pas à la norme. Or, on parle ici de répondre à un besoin humain. Avec un prisme queer, on peut donc s’interroger : pourquoi ne pas proposer davantage de toilettes non genrées, même si ce n’est pas forcément adapté dans toutes les situations ? "
A Bruxelles, on trouve aussi un quartier LGBTQIA +, majoritairement pour les hommes gays avec des bars concentrés autour de la rue Marché au Charbon. Pour Camille Kervella, ces espaces doivent être préservés. " Ces lieux garantissent un refuge, une sécurité pour les personnes LGBTQIA +, mais il faut aussi " hacker " d’autres espaces : occuper des lieux qui ne sont pas propres à la communauté LGBTQIA +, voire moins accueillants pour susciter des réflexions et mieux favoriser le vivre-ensemble. "