Face à face avec la Mort

Memento mori souviens-toi que tu vas mourir

Autour du chef-d'œuvre de van der Goes, l'exposition aborde différents sujets comme les adieux, le déroulement des obsèques, le sens de la vie, la spiritualité à travers plus de 70 pièces d’art des XIVe, XVe et XVIe siècles issues de la collection du musée et provenant de l’Europe entière. Bien sûr les peintures de Hans Memling (dans la collection permanente) mais aussi Petrus Christus, Jan Provoost, des sculptures, d'impressionnants livres d'heures et des objets de dévotion, dont un morceau du voile de la Vierge. En bonus, cinq artistes, dont Berlinde De Bruyckere et Anne Teresa De Keersmaeker, expliquent pourquoi l'œuvre de van Der Goes reste d'actualité pour eux. Lors de notre visite, les grands écrans vus à travers un voile retenaient assez peu le regard du public. La tendance actuelle d'ajouter un volet contemporain en regard d'une exposition patrimoniale relève souvent de l'intention plutôt que d'un réel dialogue. 

Rendons à Van der Goes ce qui appartient à Van der Goes : l'image entière de "La dormition de la Vierge" qui montre toute la virtuosité du maître dans ce tableau tardif. En particulier les visages des apôtres, sobrement absorbés dans le recueillement, qui nous touchent encore aujourd'hui. 

Génie tourmenté, à la fin de sa vie Hugo van der Goes sombre dans la maladie mentale "qui lui faisait dire sans cesse qu'il était condamné à la damnation éternelle" rapporte une chronique de l'époque. Comme seule la musique l'apaise, le prieur de l'Abbaye du Rouge Cloître, où réside le peintre, autorise la musique et d'autres spectacles récréatifs donnés pour le frère convers Hugo van der Goes. Trois chansons sont d'ailleurs en écoute dans l'exposition.

On ira tous au paradis ( ou pas)

Un tableau réalisé par un peintre anonyme vers 1490, Jugement dernier, les sept péchés capitaux et les sept oeuvres de miséricorde, est un mode d'emploi en quatorze scènes pour rejoindre le paradis ou finir en enfer. 

Donner aux pauvres, assister les malades, vêtir celui qui a froid (comme Jésus ressuscité qui couvre St. Martin de son manteau )... et on met toutes les chances de son côté. Mais si on se complet dans la paresse, l'avarice, l'ivresse... la drague (!) etc, on est voué au feu éternel de Satan. 

Une rhétorique de la peur qui a toujours cours aujourd'hui pour nombre de croyants, toutes religions confondues. Au-delà de la découverte de chefs-d'œuvre, c'est un des attraits de l'exposition, la réflexion sur nos rituels de deuil contemporains et les reliquats des croyances d'antan dans une société laïque. 

Marie toute puissante

Au Moyen Âge, les chrétiens pensaient que Marie pourrait intercéder en leur faveur au moment d'être jugé par le Christ. En plus, elle était directement montée au ciel, sans passer par la case jugement. les croyants vertueux espéraient qu'il en serait de même pour eux. On comprend l'importance du culte marial dans la foi catholique. 

Parmi les nombreux objets de dévotion, un morceau du voile de la Vierge conservé à la cathédrale de Liège. 

En pratique :

Face à face avec la Mort - Hugo van der Goes, un nouveau regard sur les anciens maîtres

Hôpital Saint-Jean, Mariastraat 38, Bruges

Jusqu'au 05 février 2023