Ce mardi, la Commission européenne présente son projet de régulation qui devrait s’imposer aux "géants de la tech", appelés les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft…). Un projet qui risque encore plus de contraindre ces géants de la Sillicon Valley tant en termes de valeurs que de taxes puisqu'ils pourraient s’exposer à des amendes allant jusqu’à 10% de leur chiffre d’affaires en cas de violation des règles européennes.
Depuis plusieurs années, l’Union européenne a apporté une vigilance toute particulière aux GAFAM, notamment avec la régulation sur la protection des données. Ce fut aussi sous l’égide de la commissaire Margrethe Vestager que des procédures en infractions ont été lancées, entre autres contre Google et Apple. Bref, avec les GAFAM, l’Union européenne ne rigole pas. Une image de rigidité positive, qui montre que parfois, le mastodonte européen peut aussi jouer les gros bras pour les intérêts de ses citoyens et qui a permis à l’Union européenne de devenir un leader mondial en termes de régulation sur les questions du numérique.
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Mais en face, ce ne sont pas des amateurs. Et les GAFAM ont les moyens. Résultat, il se déroule sur la place européenne une intensification des activités de lobbying financées à grand renfort de millions. Comme l’explique le New York Times, au premier semestre de l’année 2020, les GAFAM avaient déjà dépensé 19 millions d’euros pour leurs activités de lobbying dans l’espoir d’influencer les eurodéputés et la Commission européenne. C’est l’équivalent de leurs dépenses pour l’ensemble de l’année précédente.
Une activité de lobbying de plus en plus intense, mais avec quels effets ?
Occuper l’espace, multiplier les contacts et augmenter les fonds
Au mois d’octobre dernier, un document interne de Google a fuité. Il révèle le plan de lobbying prévu par la compagnie au sein de l’Union européenne pour éviter que ne soit mise en œuvre une quelconque régulation qui serait dommageable pour les géants du numérique.
Ce document met en évidence une cible – le projet du commissaire Thierry Breton — il identifie un message à faire passer - le projet européen aurait un sérieux impact sur l’économie de l'Union européenne— et des outils – mobiliser les relations transatlantiques (y compris le gouvernement américain, les ambassades), développer un large réseau de contacts et se servir des académiques. Cela passe également par le financement de think tank et des recherches réalisées par des "alliés du monde académiques" et organiser de multiples évènements. Au total, "73 organisations sont financées par les GAFAM", précise Margarida Silva, chercheuse pour l’observateur des lobbys, Corporate Europe observatory.