Face au réchauffement climatique, décroissance ou croissance verte?

Un homme tien une pancarte où il est écrit "Pour un peu d'argent, ils tueraient terre et mer" lors d'une marche pour le climat en France.

© SEBASTIEN BOZON - AFP

Par E.E

L’heure du changement a sonné. Ils étaient encore 70.000 à le scander dans les rues de Bruxelles ce dimanche lors d’un grand rassemblement pour le climat. Changer oui, mais comment ? Et quel modèle économique pour soutenir ce changement ? Deux experts s’affrontent : l’un prône l’indépendance de la société par rapport à la croissance, l’autre préconise une croissance plus "verte". Débat.

Faire table rase ou faire évoluer

Pour Philippe Roman, chercheur en économie et chargé de cours à l’ICHEC Brussels Management School c’est clair, il faut sortir du modèle économique actuel. Ou en tout cas le faire évoluer vers un modèle bien différent. Un modèle, où la croissance ne serait plus le maître. "Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de germes de l’économie du futur dans l’économie actuelle : certaines entreprises ont des pratiques louables et des consommateurs des pratiques soutenables. Cependant l’organisation actuelle de l’économie de consommation n’est pas tenable" explique-t-il au micro de Soir première.

Or le temps presse. Car plus les jours passent, plus l’écart entre ce que nos sociétés devraient faire pour être soutenables et ce qu’elles font réellement s’agrandit au lieu de se réduire. Tic tac, tic tac. "Plus nous retardons l’action, plus celle-ci devra être drastique" précise le chercheur en économie.

La croissance peut être une bonne chose dans certains cas, mais si elle est notre objectif numéro 1, on va droit dans le mur

 Au-delà de la croissance ou de la décroissance, l’indépendance. Pour Philippe Roman, il faudrait surtout rendre nos économies et nos sociétés bien moins dépendantes, voire carrément non-dépendantes de la croissance. D’abord parce que la croissance est incertaine, rien ne dit qu’elle va se prolonger. Et puis car la question de savoir si cette croissance est désirable ou non se pose. "Certains travaux en économie écologique avancent que depuis les années 70, tous les surcroîts de croissance qui ont eu lieux ont été néfastes au bien-être de manière général, à la santé sociale des pays" précise-t-il.

Une autre croissance est possible

Pour Didier Paquot, directeur de recherche et développement à l’Union Wallonne des entreprises, la croissance est au contraire indispensable. D’une part parce que la population augmente ; et de l’autre parce que certains gains de productivité sont très positifs et importants pour la société. La croissance peut donc être une bonne chose, selon lui.

Cependant, il y a croissance et croissance assure-t-il. "Cette croissance future pourra être le fruit de l’intelligence artificielle, la digitalisation, de la connaissance et donc une croissance qui n’ira pas chercher de matières premières non-renouvelables et qui sera alors tout à fait soutenable. La croissance peut aussi représenter un vecteur de l’innovation technologique, de ces secteurs importants pour l’avenir et pour avoir une planète plus verte" explique l’expert de l’UWE.

Pour Philippe Roman, chercheur en économie, si une économie basée sur la connaissance permettant de rendre l’économie plus verte est envisageable, ce n’est pas forcément le cas pour la digitalisation. La raison ? Le revers de la médaille de cette dernière: elle consomme énormément d’énergie et émet beaucoup de CO2.

Les progrès techniques devraient à l’avenir pouvoir palier à ces problèmes ajoute cependant Didier Paquot, "Mais est-ce que cela va aller assez vite ? La question est là" relève-t-il.

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