Biodiversité

Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier

Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier.

© Jose Ramiro Laguna

Face aux incendies et aux vagues de sécheresse, la Provence s’est redécouvert un atout, l’arbousier : particulièrement robuste grâce à ses racines, cet arbuste longtemps délaissé est aussi une aubaine par ses fruits et ses feuilles, valorisables en confitures, liqueurs, sorbets ou même crèmes anti-âge.

Le feu ne lui fait pas peur

Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier.
Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier. © Annick Vanderschelden

Présent sur le pourtour de la Méditerranée et la côte Atlantique, "l’arbousier est très résistant grâce à son système racinaire très profond", explique Stéphanie Singh, ingénieure forestière en charge de la forêt et de la transition énergétique au Parc naturel régional (PNR) de la Sainte-Baume, dans le Var.

"Il permet au sol d’être maintenu, notamment au passage d’un incendie."

Une propriété utile pour un parc composé à 70% de forêts "soumises à de gros enjeux climatiques" et qui a engagé, avec le soutien de l’Union européenne, "une démarche de valorisation" de l’arbousier.

Pouvant atteindre trois à quatre mètres de haut, l’arbuste trapu et "pyrophile" (qui aime le feu), selon le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), repoussait ainsi dès la fin de l’été parmi les cendres de l’incendie de la Teste-de-Buch (Gironde), où 7000 hectares de forêt sont partis en fumée.

"C’est un arbuste qui se régénère très vite", atteste Mme Singh, depuis les hauteurs du bois de la Lare à Auriol (Bouches-du-Rhône), un des sites où le PNR a organisé sa récolte automnale d’arbouses, les fruits de l’arbousier.

Sa revalorisation est en marche

Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier.
Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier. © Gwenvidig

On trouve l’arbousier "un peu partout dans les collines mais je ne m’y étais jamais intéressé", reconnaît Jean-Charles Lafiteau, dirigeant d’une boulangerie-pâtisserie familiale de six boutiques autour de Brignoles (Var), un des artisans qui ont participé au projet du PNR.

L’objectif est de "favoriser dans son milieu naturel" une plante qui demeure une "essence d’accompagnement", souvent délaissée, revendique Stéphanie Singh, qui a travaillé avec l’association Forêt modèle de Provence, soutenue par la Région.

A la recherche "de produits identitaires" pour "se démarquer" de la concurrence, M. Lafiteau a intégré l’arbouse à ses sorbets, mettant en valeur sa texture "veloutée". Mais ce fruit a une autre qualité : "On sait où aller pour s’approvisionner, ce qui est du pain béni alors qu’aujourd’hui, on cherche jusqu’au sucre", entre la crise du Covid et la guerre en Ukraine.

Son fruit ravit tous les palais

Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier.
Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier. © Francesco Carta fotografo

Si l’arbouse a "peu de valeurs telle quelle", concède le MNHN, ce fruit est valorisable dans un grand nombre de produits : confitures, miels, crèmes, liqueurs ou bières. En Corse, il existe même un "vin d’arbouse".

L’arbouse "a un équilibre entre le sucre et l’acidité et quand on la travaille, on n’a pas besoin de rajouter beaucoup de choses", souligne Valentina Zanini, la cheffe de l’association anti-gaspillage L’économe, qui a concocté deux recettes de confitures d’arbouses.

"Elle se suffit à elle-même, c’est très agréable."

"Le fruit est très riche en graines, donc il faut le travailler, c’est un peu pénible, ça prend du temps. Mais le résultat est vraiment incroyable", complète la cheffe de cette association qui récupère et conditionne fruits et légumes, à l’aide d’une conserverie mobile, à travers le département.

"Un grand arbre médicinal"

Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier.
Face aux sécheresses et aux incendies, la forêt provençale redécouvre l’arbousier. © Anatoliy Vlasov

Faute de notoriété auprès du public, "on le fait souvent goûter, […] mais une fois (que les clients) le découvrent, ils sont vraiment conquis et ça marche bien", assure-t-elle.

Inscrit à la pharmacopée française et entrant dans la composition de gélules pour soulager les spasmes intestinaux et digestifs, l’arbousier est également commercialisé en pharmacie pour ses propriétés astringentes et antiseptiques.

Pour Clarisse Le Bas, herboriste et ethnobotaniste, c’est un "grand arbre médicinal, utilisé dans la tradition populaire depuis des siècles". Et il gagnerait à une commercialisation plus large de ses feuilles "sous forme de tisanes" pour faciliter et encourager son usage par le public.

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