Exposition

"Faces of water" à Bozar, le vrai visage de la mondialisation

Installation view of Theresa Schubert’s Glacier Trilogy PART 2 (Conservation of earth memory), 2022

©Kristien Daem

Par Axel Coenen

L’eau, c’est la vie.

Comme dirait notre JCVD : "Dans 20, 30 ans y’en aura plus !". A peine exagérée, cette sentence est, certes indirectement, décortiquée par quatre artistes internationaux et la commissaire d’exposition Sofie Crabbé.

Nichée dans l’un des espaces d’exposition réservés aux projets plus transversaux de Bozar, l’exposition "Faces of Water" accueille les pensées et œuvres de Theresa Schubert, Joshua G. Stein, Haseeb Ahmed et Anne Ridler. Chacun. e, prend un angle bien particulier et aborde notre consommation de l’eau de façon différente. Pollution des cours d’eau, sécheresse historique, impact de la fonte des glaciers et perceptions historiques et économiques sont traversées par les créations de ces penseurs et penseuses.

Au cours des 100 prochaines années, l’océan changera davantage qu’au cours des 50 derniers millions d’années.

Sofie Crabbé, commissaire de l’exposition " Faces of Water " à Bozar

 

Installation view of Theresa Schubert’s Glacier Trilogy PART 1 (Re-imagining glaciers through artificial intelligence), 2022
Installation view of Theresa Schubert’s Glacier Trilogy PART 1 (Re-imagining glaciers through artificial intelligence), 2022 ©Kristien Daem

Deux créations sortent particulièrement du lot : Glacier Trilogy de l’artiste allemande Theresa Schubert offre une œuvre visuelle et digitale, sorte de panorama en perpétuel mouvement de la fonte des glaces. Vidéo créée à l’aide d’une intelligence artificielle alliant photographies historiques et banques de données, Glacier Trilogy trace une parallèle évidente avec la mondialisation.

Sorte d’uniformisation du temps et de l’espace, elle met en perspective les conséquences du réchauffement climatique. Devant nous, une succession de photos de glaciers et montagnes répartis sur l’ensemble du globe s’enchaînent. Initialement enneigés, ces témoins immenses fondent et se dénudent irrémédiablement de leur manteau blanc. Le gris de la roche qui s’impose à notre regard, devient alors le symbole de la mondialisation et de l’augmentation des températures.

Installation view of the different artworks made by artist Haseeb Ahmed in the exhibition 'Faces of Water', at Bozar, Brussels.
Installation view of the different artworks made by artist Haseeb Ahmed in the exhibition 'Faces of Water', at Bozar, Brussels. ©Kristien Daem

Autre œuvre, autre artiste, autre thématique, le belgo-américain Haseeb Ahmed prend un sujet assez peu abordé dans le débat public, celui de la pollution pharmaceutique : "Il faut savoir que 90% de la pollution pharmaceutique provient de notre urine et de celle des animaux que nous consommons."

Une réalité sur laquelle l’artiste se penche dans ses travaux Your Urine, A Fountain of Eternal Youth et The Fountain of the Amazons, s’intéressant tour à tour aux médicaments contre le vieillissement et aux contraceptifs.

Cette dernière remet en question la consommation des pilules contraceptives. Quasi entièrement utilisée par les femmes, on y voit l’urine, s’écoulant d’un bassin féminin, y être filtrée. Au fur et à mesure, un dépôt de matières lourdes s’est formé dans le bas du réceptacle. Symbolisant les éléments difficilement filtrés par nos systèmes d’épuration, il fait également penser à l’aliénation des corps que provoquent ces produits pharmaceutiques si nocifs et pourtant si banalisés.

Theresa Schubert, 2022
Theresa Schubert, 2022 © Faces of water, Bozar

Une collaboration interdisciplinaire entre l’art, la science et la technologie qui représente l’ADN du programme européen S + T + ARTS (Science, Technology and the Arts), dont cette exposition fait partie.

Bien que courte et parfois difficile de lisibilité avec les créations liées aux sédiments et à l’érosion des bâtiments proposées par Joshua G. Stein (US), l’exposition "Faces of Water" nous confirme que l’art contemporain et l’art digital œuvrent eux aussi à nous donner matière à réfléchir.

Théorique mais audacieuse, l’exposition est à voir jusqu’au 4 décembre 2022 à Bozar.

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