Economie

Faillite de FTX : les personnes qui ont investi dans des cryptomonnaies doivent-elles s’inquiéter ?

Cryptomonnaies : la chute de Sam Bankman-Fried

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La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le milieu des monnaies virtuelles : ce week-end, la société de vente et d’achat de cryptomonnaies FTX a été déclarée en faillite, entraînant la démission de son CEO et fondateur, Sam Bankman-Fried. Si les personnes qui avaient investi dans l'entreprise de ce milliardaire qui a tout perdu ne reverront peut-être jamais leur argent, qu’en est-il des cryptomonnaies dans leur ensemble ? Faut-il s’inquiéter si vous possédez, par exemple, des Bitcoin ou des Ether ?

FTX était la deuxième plus grande plateforme d’échange de monnaies virtuelles au monde. Comment une entreprise valorisée à 32 milliards de dollars (31 milliards d’euros) en janvier dernier a-t-elle pu faire faillite aussi rapidement ? Les marchés des cryptomonnaies, impactés par l'affaire, s'en remettront-ils ?

Conflits d’intérêts

Lorsque Sam Bankman-Fried fonde la société FTX en 2019, il n’a que 27 ans. À son apogée, cette entreprise basée aux Bahamas comptait plus d’un million d’utilisateurs. Mais en une semaine, tout s’est effondré. "Ce qui s’est réellement passé reste un secret pour beaucoup de gens", confirme le formateur et spécialiste en cryptomonnaies Jean-Luc Verhelst, selon qui Sam Bankman-Fried n’aurait "pas été aussi honnête qu’on ne l’aurait cru".

Par souci de rentabilité, Sam Bankman-Fried avait investi les fonds de ses propres clients dans différents secteurs, et notamment dans un fond de spéculation lui appartenant : Alameda Research. La majorité de ces investissements étaient donc financés par des FTT, la cryptomonnaie créée par FTX elle-même. En plus des questions de conflit d’intérêts que cela soulève, il apparaît qu’Alameda Redearch entraînerait FTX dans sa chute si elle venait à faire banqueroute.

Coup de poker du concurrent

Début novembre, certains investisseurs commencent à se méfier de la mauvaise santé financière d’Alameda. Le 6 novembre, le CEO de la société Binance, principal concurrent d’FTX, revend l’intégralité de ses FTT. La valeur du FTT chute en l’espace de quelques jours. "C’est l’élément déclencheur, confirme Jean-Luc Verhelst. C’est aussi un très bon move. Non seulement, il dévoile à tout le monde que la plateforme concurrente n’a pas les fonds qu’elle prétend avoir, mais en plus de ça, il détruit son principal concurrent", analyse-t-il. Et en effet, les autres investisseurs vont aussi progressivement se poser des questions.

Mardi 8 novembre, le patron de FTX annonce être en difficulté financière. Il lance un appel à Binance et lui propose un rachat. Binance approuve dans un premier temps, mais fait volte-face le lendemain même, justifiant sa décision par l’impossibilité d’apporter son aide à des problèmes aussi profonds.

Le crash

Les clients de FTX continuent de retirer en masse leurs fonds de la plateforme, mais la société n’est plus en mesure de leur rendre leur argent. "Une fois que tout le monde souhaite retirer ses fonds en même temps, il devient encore plus clair que ces fonds ne sont pas là ; ce qui accélère encore ce mouvement de panique", commente Jean-Luc Verhelst. À l’heure de Twitter, il ne faut que deux jours pour que FTX n’ait d’autre choix que de se déclarer en faillite. Sam Bankman-Fried démissionne alors de son poste de CEO.

Le coup de grâce arrive à la suite de cette faillite, où FTX est victime d’un piratage informatique. Au moins 370 millions de dollars (355 millions d’euros) supplémentaires partent en fumée.

Chute d’une icône

Sam Bankman-Fried avait pourtant l’avenir devant lui. À seulement 30 ans, il avait gagné la confiance de nombreuses personnes du milieu de la finance. "Il a connu un succès fulgurant, reconnaît Jean-Luc Verhelst. Il avait d’ailleurs financé la campagne de Joe Biden et avait très vite acquis un statut de personne de confiance", raconte-t-il.

En témoigne cette séquence, diffusée il y a un an à peine aux États-Unis. On y voit la star du football américain, Tom Brady, accompagné de son ex-femme, la top-modèle brésilienne Gisele Bündchen. Le slogan "Are you in ?", comprenez "Tu en es ?", est répété à plusieurs reprises. À noter que chez nous, l'Autorité des services et marchés financiers (FSMA) annonçait en juillet combattre les publicités trompeuses à ce sujet.

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Quel avenir pour les cryptomonnaies ?

Le crash du FTT n’a rien arrangé à celui du Bitcoin, dont la valeur a été divisée par quatre en une année. Alors, faut-il s’inquiéter si l’on possède des fonds en monnaies virtuelles ? Pas sur le long terme selon Jean-Luc Verhelst. "Je pense que c’est une bonne piqûre de rappel, ajoute-t-il toutefois. Depuis des années, on dit qu'il faut sécuriser ses cryptomonnaies et ne pas dépendre d’un intermédiaire de confiance comme une plateforme."

Pour y voir plus clair, imaginez que FTX fonctionne comme une bourse d'échange : si vous souhaitez acheter 5 Bitcoins par exemple, la plateforme va vous mettre en relation avec une personne qui en vend. Vous vous retrouvez ensuite avec une promesse de retirer cette somme acquise le jour où vous le demandez. Mais en attendant, ces Bitcoins achetés sont toujours entre les mains de FTX. C'est la raison pour laquelle Jean-Luc Verhelst conseille de les récupérer pour les placer dans la blockchain.

Mieux vaut donc redoubler de prudence. Car en plus de l’absence de régulation, ces plateformes s’exposent aussi aux risques de vol ou de manipulations frauduleuses. En témoigne le piratage dont a été victime FTX après avoir fait faillite, même si Binance n'est pas en reste avec plus de 100 millions de dollars disparus le mois dernier. Quant aux investisseurs qui faisaient confiance en Sam Bankman-Fried, "ils apprennent la leçon de façon très difficile", conclut Jean-Luc Verhelst.

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