La récente faillite de Silicon Valley Bank (SVB) "est un symptôme plus qu’une crise en elle-même. On se trouvait devant une spirale à laquelle le gouvernement fédéral a dû mettre fin et il a réussi à le faire", estime Georges Ugeux, ex-vice-président de la Bourse de New York et actuellement PDG de la banque d’affaires Galileo Global Advisers, interrogé sur La Première. Ce n’est pas du tout un scénario comme "lors de la crise de 2008 où l’ensemble de la sphère financière a été en énorme difficulté et où on a dû intervenir pour des montants colossaux. Il est important de garder la tête froide. Il y a certainement des leçons à tirer, des sanctions vont devoir être prises, mais il n’y a pas aujourd’hui de risque systémique".
Nous vivons depuis les trois dernières années une "période secouée avec la pandémie, les politiques monétaires des banques centrales, un certain nombre de scandales, ce qui s’est passé dans la cryptosphère, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. On peut comprendre la crainte établie au sein des investisseurs et que la confiance ne soit pas restaurée".
Pour expliquer la faillite de la SVB, "il y a eu une hausse des dépôts dans les banques pendant la pandémie avec l’idée d’une utilisation future. A la reprise de l’économie, ces dépôts ont commencé à être utilisés. Comme la SVB avait prêté ces dépôts et avait acheté des obligations d’Etat à long terme, alors que les dépôts étaient à court terme, elle prenait le risque qu’un retournement des taux d’intérêt (qui s’est produit) aurait pour conséquence que, si elle devait répondre à une sortie des dépôts, elle allait devoir prendre des pertes. A partir de ce moment, dès que le doute s’installe, cela va extrêmement vite. Et il a fallu que les autorités fédérales interviennent pour empêcher la chute complète".
Si Georges Ugeux estime qu’on a tiré les leçons de la crise précédente, il croit "qu’on n’a pas encore tiré les leçons des conséquences des politiques monétaires des banques centrales face à la pandémie. Elles ont noyé le marché de liquidités qui ne pouvaient pas se mettre dans l’économie réelle, qui était fermée. Et cela s’est mis dans des actifs financiers et la Bourse, après une correction, a monté de plus de 100% en près d’un an. Dans cette situation, l’effet de choc mené par la politique monétaire va devoir nous mener à nous poser des questions sur la manière dont les banques centrales se sont comportées, compte tenu du fait que nous sommes dans un monde extrêmement volatil".