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Faillite de la Silicon Valley Bank : qui est Peter Thiel, le milliardaire qui aurait précipité la chute de la SVB ?

Déclic et des claques

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La faillite retentissante de la Silicon Valley Bank, aux États-Unis a entraîné un vent de panique sur les marchés boursiers. Si le spectre d’une crise financière mondiale semble s’éloigner, on en sait encore peu sur l’origine de cette banqueroute. Tentative de réponse dans Déclic.

La chute de la SVB est la plus grande faillite d’une banque depuis la crise financière de 2008. Le président américain, Joe Biden, a tenté de rassurer les Américains. Tout comme l’Union Européenne et la BNB l’ont fait pour l’Europe. Aujourd’hui, le risque de contagion à l’économie américaine et à l’économie mondiale semble bien se dissiper.

Après le frisson vient l’heure de l’interrogation : comment en est-on arrivé à la faillite de cette banque ?

La Silicon Valley Bank est un des symboles de l’écosystème de la Silicon valley et donc de l’industrie de la tech. Cette banque de Santa Clara a été fondée dans les années 80 et a accompagné l’explosion de la tech. Spécialisée dans les start-up, elle fait ce qu’on appelle du capital-risque. En d’autres termes, elle se range dans les banques qui sont prêtes à financer un petit projet, une start-up innovante qui a une très très bonne idée et qui possède un potentiel de croissance très important. Elle investit en espérant que cette start-up devienne une 'licorne', terme pour désigner une entreprise qui pèse plus d’un milliard de dollars. C’est LE modèle de financement des GAFA.

La SVB, d’après son site web, fournissait des services bancaires à la moitié des start-up américaines financées par le capital-risque.

Les fonds de Peter Thiel, l’homme de la Silicon Valley, auraient entraîné une panique généralisée

Peter Thiel, co-fondateur de PayPal, Palantir Technologies, et Founders Fund le 7 avril 2022 lors d'une conférence sur le Bitcoin à Miami.

La chute de la SVB raconte aussi une certaine histoire de la Silicon Valley. Un des personnages de cette histoire a eu, ces dernières décennies, un rôle central dans le développement de ce pôle des industries de la technologie. Cet homme, on en parle pourtant assez peu. Il s’appelle Peter Thiel. Ce milliardaire américano-germano-néozélandais est à l’origine de Paypal, système de paiement électronique, avec Elon Musk. Mais rapidement, Peter Thiel devient ce qu’on appelle un "venture capitalist", un investisseur en capital-risque.

En 2004, il a le nez très fin : il rencontre un étudiant du nom de Mark Zuckerberg. Il lui prête 500.000 dollars pour qu’il lance sa bonne idée. Peter Thiel est le premier investisseur de Facebook. Il va ensuite mettre des billes dans Airbnb, dans Space X,…

Dans la foulée des attentats du 11 septembre, il crée Palantir Technologies, mystérieuse société de surveillance qui fait du Big Data, financée par le fonds capital-risque de la CIA. Utilisée par les services de renseignements de nombreux pays, elle est soupçonnée d’être l’œil de la CIA.

Peter Thiel est un conservateur, un transhumaniste. Il a été conseiller de Donald Trump. Il s’est lancé en politique au sein du parti républicain. Idéologue de la Silicon Valley, il bénéficie d’une énorme influence.

Plusieurs journalistes américains se demandent si Peter Thiel n’a pas été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres dans la faillite de la SVB. C’est ce que révèle le média économique Bloomberg. Peter Thiel possède un fonds d’investissement qui s’appelle 'Founders Fund'. La semaine dernière, ce fond lance un appel à investissement des partenaires, pour qu’ils financent une entreprise en laquelle il croyait. Mais étonnamment, les fonds ne sont pas transférés. Sentant qu’il y a un problème, la société de Peter Thiel décide de retirer ses millions de dollars qui sont en dépôt dans la banque. Un journaliste de CNN a de son côté lâché qu’en agissant de cette manière, Peter Thiel donnait un "baiser de la mort" à la banque. Car si Peter Thiel retire ses capitaux, tous les actionnaires, les dirigeants de start-up de la high-tech, le font.

Une leçon pour l’avenir ?

Ce retrait soudain n’est pas la seule raison de cette faillite de la Silicon Valley Bank. La banque faisait face à des problèmes structurels liés au ralentissement l’activité dans la tech. Mais son effondrement a été très rapide.

Un événement qui démontre à quel point ce modèle du capital-risque est, comme son nom l’indique, risqué. Investir de grosses sommes d’argent sur base d’une idée novatrice, cela peut marcher, mais pas souvent. Il y a donc énormément d’argent qui est investi en pure perte, dans la Silicon Valley dont on ne parle pas souvent. Un phénomène dont feu la Silicon Valley Bank et Peter Thiel sont un peu les icônes.

On connaît le récit des fondateurs des big tech. Le mythe du héros entrepreneur à la Mark Zuckerberg, à la Jeff bezos, à la Elon Musk, récit fondé sur l’idée du génie disruptif et le mythe du garage, de ceux partis de rien pour fonder des empires qui viennent changer le monde.

Dans cette histoire intervient rarement l’autre grand archétype de la Silicon Valley… l’investisseur en capital-risque. Cette faillite de la SVB aura le mérite de rappeler cette autre facette du plus célèbre pôle de la haute technologie.

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