Déclic

Faillites bancaires : a-t-on assisté à la première panique bancaire alimentée par les réseaux sociaux ?

Déclic et des claques

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Les marchés financiers ont-ils connu leur premier vent de panique amplifié par les réseaux sociaux ? C’est la thèse exposée par CNN, reprise par nos confrères de Slate.fr, au vu de la chute du cours des actions de banques américaines et européennes. Analyse de cette enquête dans Déclic.

Depuis plus d’une semaine, le secteur bancaire a tangué mais a évité le naufrage après les faillites de trois banques aux États-Unis, dont la Silicon Valley Bank, suivie de la mise en danger du Crédit Suisse, finalement racheté par UBS.

Aux États-Unis, des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars ont été retirés des banques par les épargnants. Si le calme semble revenir après la tempête, une question se pose : et si on avait assisté à la première panique bancaire alimentée par les réseaux sociaux ?

Des files aux guichets de banques qui rappellent la crise de 1929

Tout a commencé il y a une quinzaine de jours, la Silicon Valley Bank, 16e banque américaine, spécialisée dans la tech et dans les start-up, fait face à un vent de panique.

En 24 heures, ses clients retirent 42 milliards de dollars et une grosse partie de ces retraits aurait été réalisée par Peter Thiel. La banque est à bout de liquidité. Même chose chez Signature Bank et puis chez First Republic. Tous ces retraits ont été relayés dans les médias traditionnels, mais aussi sur les réseaux sociaux, comme sur le compte Twitter de Geneviève Roch-Decter, consultante dans le secteur de la finance. Elle compte plus de 380.000 followers et poste une vidéo le 12 mars, depuis sa voiture. Elle filme la file devant les guichets de First Republic à Brentwood, quartier chic de Los Angeles.

Elle écrit : "Plein de voisins fortunés qui viennent retirer leur argent. Le cours de l’action de la banque a baissé de 33% en une semaine". Elle termine : "Est-ce à cela que ressemble une panique bancaire ?", un 'bank run', en anglais.

Ce phénomène rappelle un autre qui s’est manifesté il y a près de 100 ans et qui reste dans toutes les mémoires : lors de la célèbre crise de 1929.

Loading...
Loading...

Un emballement chez des investisseurs hyperconnectés à la technologie

Pour cette crise financière enrayée avant un nouveau krach boursier, il y a toute une série d’éléments qui expliquent la faillite de ces banques. Au centre de tous ces éléments, il y a déjà la question de la confiance. C’est la thèse que développe Slate.fr.

Le système monétaire et le système bancaire reposent fondamentalement sur la confiance. On place sa confiance dans un tiers qui va assurer la valeur de notre argent. Or, récemment, pour contrer l’inflation, les taux d’intérêt ont été relevés. Pendant longtemps, les taux ont été très bas. Avec des taux d’intérêt faibles, on emprunte beaucoup pour faire des investissements qui auront un rendement faible. Ce n’est pas grave puisque l’investissement ne coûte pas énormément. Les termes de la confiance étaient ceux-là. Inopinément, les taux d’intérêt grimpent. L’investissement à faible rendement coûte alors trop cher. On reprend donc son argent pour en faire autre chose. C’est le point de départ de cette crise, le coup de canif dans la confiance.

Mais pour qu’il y ait une panique bancaire, un 'bank run', il faut qu’il y ait un emballement non maîtrisé sur les marchés. Quand on se penche sur les banques qui ont été touchées en premier par cet emballement, on constate que la toute première était l’agence Silvergate spécialisée dans les cryptomonnaies, en crise après la faillite de la plate-forme FTX. Ensuite, la Silicon Valley Bank, la banque des start-up.

Les clients de ces banques sont des gens qui travaillent et investissent dans la tech. Ils ont le nez sur Twitter toute la journée. Ils ont donc posté, regardé des vidéos comme celle de Geneviève Roch-Decter en boucle ces dernières semaines. En plus, ces personnes ne doivent pas forcément faire la file au guichet, ils peuvent faire des mouvements bancaires en ligne. Ces retraits numériques expliquent la rapidité de la chute de ces banques.

Les réseaux sociaux auraient amplifié la perception du risque

À cela s’ajoute le fait qu’il n’y a pas de lien de cause à effet entre la faillite d’une banque et celle d’une autre précise Slate. Normalement, elles sont solvables. Ce qui les relie, c’est la perte de confiance. Pour la première fois de manière aussi claire, la perte de confiance est extrêmement rapide. Et elle s’est jouée en ligne, sur les réseaux sociaux, et plus spécifiquement sur Twitter.

Les nombreux posts, les commentaires qui appelaient littéralement à aller retirer son argent, renforcés par l’effet de bulle algorithmique, ont probablement altéré, gonflé la perception du risque au point de provoquer un début de contagion. La viralité d’une telle information serait plus rapide que la réponse des régulateurs bancaires.

On se souvient du mouvement de panique concernant le papier-toilette dans les supermarchés au début de la pandémie de covid-19. Le cocktail incertitude et manque de confiance provoque la volatilité, l’imprévisibilité des comportements… qui peuvent se cristalliser sur des objets aussi étonnants que du papier toilette.

Forcément, le système monétaire qui est avant tout fondé sur la confiance se cristallise sur l’argent.

Ici, les réseaux sociaux ont probablement joué un rôle amplificateur de l’incertitude, dans un contexte où la confiance dans les institutions est altérée.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous