Selon Vincent De Wolf (MR), bourgmestre d’Etterbeek, "Il s’agit d’un non-événement, créé par des personnes qui veulent le faire mousser." Il met en avant le fait que Les Ambassadeurs étaient payés par la commune d’Etterbeek. "A Etterbeek, nous estimons que la neutralité s’applique dès lors que l’activité est financée par des fonds publics et d’autant plus que cette activité se déroulait dans une salle très symbolique, la salle du conseil. Les personnes qui exercent l’autorité communale ne peuvent pas porter de signes politiques, syndicaux ou religieux. On peut être pour ou contre, mais c’est ce qui est dans nos textes ! Je n’étais pas disponible ce jour-là, j’aurais peut-être pris une autre décision. Il faut aussi dire qu’une des coordinatrices nous a appelés d’elle-même pour demander si cela posait un problème qu’une des animatrices portait le voile." Il continue : "Je précise que nous avons reporté l’activité et que nous avons proposé d’en discuter avec les personnes concernées."
Monia Gandibleux reconnaît qu’il leur arrive de prévenir les écoles de la présence d’animatrices portant le voile : "C’est un vrai dilemme car en posant la question à l’avance, on fait parfois émerger le problème là où il n’existait pas toujours. Si on ne prévient pas, on met l’établissement devant le fait accompli : parfois on peut entrer sans problème, parfois pas. Pour nous, cette situation ne devrait pas exister du tout. Dans une société idéale, nous ne devrions prévenir personne !"
Tout le monde ne semble pas partager l’avis du bourgmestre à l’intérieur de l’administration communale. L’échevin en charge de la Cohésion Sociale et de la Démocratie Participative, Karim Sheikh Hassan (Ecolo), explique aux Grenades : "Ma position est claire. Le principe de neutralité ne s’applique pas à un prestataire extérieur. Chaque administration a ses propres règles, cela veut dire que l’asbl doit s’adapter à chaque fois qu’elle travaille dans une autre commune ? Les réponses à cette question divergent. Selon moi, il ne faut pas entrer en contradiction avec la liberté religieuse. Le débat aura lieu au conseil communal, c’est dommage qu’on ait attendu cette affaire pour en discuter."
Le débat est un outil précieux pour les jeunes
Quoi qu’il en soit, Fatima a contacté à ce sujet Unia, le service public indépendant qui lutte contre la discrimination. Pour Nathalie Denies, cheffe du service Soutien individuel au sein d’Unia, cette affaire interroge d’abord "ce qu’on entend par service public. Il est de plus en plus difficile de déterminer qui sont les agent·es du service public, notamment parce qu’un certain nombre d’entreprises privées fonctionne avec du financement public et reçoivent des missions de service public, la STIB par exemple. Est-ce que le principe de neutralité s’applique à toutes ces personnes ?"
Elle précise : "Quand on aborde la question de la neutralité des agent·es du service public, on ouvre la boite de pandore. La neutralité n’est définie nulle part, on sait seulement qu’un·e agent·e doit traiter tou·tes les citoyen·nes de la même manière."