Hainaut

Faut-il ramener la protection civile à Ghlin ? Une étude avance des arguments

© Tous droits réservés

Va-t-on revenir en arrière et rouvrir des casernes pour la protection civile comme celle de Ghlin ? La discussion s’est invitée en commission de l’intérieur de la Chambre. En 2019, le nombre de caserne de protection civile est passé de six à deux ; la caserne de Ghlin par exemple a été fermée. Désormais, il ne reste que celles de Brasschaat en Flandre et Crisnée (près de Liège), côté Wallon. Et une étude des universités de Liège et de Hasselt confirme que cela pose des problèmes.
Le délai d’intervention de la Protection civile pour des situations complexes ou des situations d’urgence est trop long, constate cette étude réalisée par une équipe de chercheurs universitaires de Liège et de Hasselt et présentée mercredi à la Chambre. Il ne devrait pas dépasser une heure pour les interventions urgentes. Or, selon certains acteurs interrogés par les chercheurs, il faut parfois attendre deux heures.

Le nombre d’agents de la protection civile a diminué suite à la réforme qui avait été vivement critiquée et ces critiques ont resurgi après les inondations qui ont frappé la Wallonie l’an passé.

Moins de coopération, moins de volontaires

Le rapport constate que les personnes interrogées sont "relativement satisfaites" de la Protection civile. Il insiste néanmoins sur l’importance d’une meilleure coopération entre zones de secours -également réformées- et la Protection civile, particulièrement dans des crises comme celle des inondations. À travailler ou à se former ensemble, à acquérir ensemble du matériel, les uns et les autres bâtiront une doctrine commune. "Pour intervenir en situation de crise, il faut une intelligence collective", a expliqué Catherine Fallon (ULiège). Le rapport plaide aussi pour un renforcement du rôle de l’échelon fédéral en termes de coordination. Il note par ailleurs que la diminution du nombre de casernes a mené à une diminution du nombre de volontaires actifs au sein de la Protection civile.

Chaque zone travaille dans son coin

Autre défaut : l’absence d’analyse de risque à l’échelle du territoire national. Or, la vision d’une distribution des risques est cruciale, estiment les chercheurs. "Actuellement, chaque zone travaille dans son coin et la Protection civile n’a pas le temps de s’en occuper", a souligné Mme Fallon.

Cette analyse permettrait de déterminer le nombre de casernes nécessaire et leur implantation, sujet qui a suscité la polémique. Les chercheurs ont élaboré plusieurs scénarios reposant sur le nombre actuel de casernes, en en prévoyant onze (qui seraient des formes d’avant-postes provinciaux) ou trois, soit une en Flandre, l’autre en Wallonie, l’une ou l’autre pouvant intervenir à Bruxelles.

Le rapport met en garde contre l’absence de mesures car "rester dans la logique de stagnation actuelle et laisser les zones de secours se développer avec le secteur privé" mettra "un peu plus la Protection civile hors jeu des services d’urgence".

Réactions politiques

"Ce rapport légitime une parole que plusieurs d’entre nous tenons depuis longtemps", a jugé dans l’opposition Vanessa Matz (Les Engagés). Dans la majorité, le PS et Ecolo ont répété leurs critiques sur la réforme menée par l’ex-ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA). "Cela paraît difficilement acceptable qu’il faille deux heures pour se rendre à un endroit. Il faudra au minimum créer une caserne en plus", a estimé Guillaume Defossé (Ecolo-Groen) tandis qu’Eric Thiébaut (PS) a jugé "le maintien de la situation actuelle inacceptable car, sinon, les zones de secours les plus éloignées des casernes ne feront plus appel à la protection civile et celle-ci finira pas disparaître". Tim Vandeput (Open Vld) s’est en revanche montré sceptique sur la création d’une troisième caserne et a appelé à faire preuve de "pragmatisme".

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous