Cet épisode de "dunkelflaute" coïncide en tout cas avec une remontée des prix de l’électricité sur le marché de gros. "Alors que les prix fluctuaient autour de 200 euros pour un mégawattheure les semaines précédentes, vous pouvez doubler cela ces derniers jours. Avec des pointes nocturnes de plus de 500 euros par mégawattheure", explique Matthias Detremmerie, cofondateur et trader du fournisseur d’énergie Elindus.
Ce mercredi matin, on observait, par exemple, un pic à un peu plus de 440 euros le MWh sur le marché Epex Spot, une bourse européenne de l’électricité.
Ce sont des prix élevés par rapport à ce qu’on a connu avant la guerre en Ukraine et avant la reprise économique post-covid. Cependant, même à 400€ le MWh, les prix sont plus bas qu’en août dernier où le mégawattheure se négociait à des prix de l’ordre de 600 à 700 euros.
Pour rappel, le prix de l’électricité dépend de celui du gaz. Depuis l’été, en Europe, le prix du gaz naturel s’était tassé en raison de mois d’octobre et novembre cléments et parce que les pays avaient reconstitué leurs stocks de gaz. L’arrivée du froid et d’une météo peu propice aux énergies renouvelables a quelque peu changé la donne.
"Avec la vague de froid qui semble arriver sur l’Europe, on a une augmentation de la consommation de gaz liée au chauffage et aussi une augmentation de la consommation de gaz liée au fait qu’on a très peu d’éolien et de photovoltaïque qui fonctionne", explique Damien Ernst, spécialiste de l’énergie et professeur à l’ULiège.
"Cette augmentation de la consommation de gaz provoque une augmentation du prix du gaz qui se traduit par une augmentation du prix de l’électricité. En quelques jours, on est passé d’un 120 euros le MWh pour le gaz à un 140€, 150€ le MWh, ce qui se traduit par une augmentation du prix de l’électricité", ajoute Damien Ernst.
On ne voit pas encore un système électrique terriblement stressé qui n’arrive pas à générer suffisamment d’électricité.
Cependant, ce n’est pas encore la panique sur les marchés. "Sur les marchés long terme et court terme, on voit quand même plus ou moins les mêmes prix pour l’électricité. On ne voit pas encore un système électrique terriblement stressé qui n’arrive pas à générer suffisamment d’électricité. Quand on n’arrive pas à générer assez d’électricité, en général on a des prix à court terme sur les marchés qui sont beaucoup plus élevés que les prix à long terme. On n’est pas encore dans cette configuration-là", explique Damien Ernst.
Il faudra voir cet hiver, dans les prochaines semaines et prochains mois, si des vagues de froid font craindre des risques pour l’approvisionnement en électricité, auquel cas les prix repartiraient plus fortement à la hausse.