Jupiler Pro League

FC Bruges-Union, le choc du titre : les 7 raisons d’encore y croire pour l’Union

5 min

Par Erik Libois

Cette fois, c’est vraiment le match-tournant. Après le 0-2 de dimanche au Parc Duden, le FC Bruges a pris la main pour le titre (et surtout la tête du classement). Ce mercredi soir, on saura sans doute. Si le Club a assuré son leadership. Ou si l’Union a réussi sa propre résurrection.

Bien sûr, l’Union a pris au Parc Duden un gros coup sur la cafetière. Bien sûr, l’Union a perdu la tête (du classement) qu’il occupait depuis 7 mois et chancelle aujourd’hui dans les cordes. Bien sûr, le Club Bruges devient la bête noire des Unionistes qui, en 3 duels cette saison, ne l’ont jamais battu, ni ne lui ont infligé le moindre goal.

Mais en sport, rien n’est jamais fini avant le gong final. Et l’Union a encore bien des raisons d’y croire. Et le FC Bruges, du coup, de se méfier de la bête blessée. Des raisons, on en a trouvé au moins 7.

1. Les chiffres de l’Union en déplacement

L’Union adore son Parc Duden et son public jaune et bleu, il n’en reste pas moins que les Mazzù Boys prestent beaucoup mieux… hors de leurs bases. Après 37 matches (19 à domicile, 18 en déplacement), phase classique et Play-Offs cumulés, les Unionistes ont pris 56% de leurs points à l’extérieur (45 contre 36, + 9 points away… avec un déplacement de moins), ont marqué 57% de leurs goals loin de Bruxelles (+ 11 buts away). C’est surtout du fait de leur concept tactique : les Jaune et Bleu aiment laisser la possession à l’adversaire… puis punir en contre.

Le fidèle public de la Butte © BELGA

2. Bruges à domicile : la forteresse se lézarde

Le Breydel fait peur, le public blauw-zwart mugit et le visiteur est acculé ? Le mythe a pris du vieux. Depuis la période Covid, le Club n’est plus si souverain à domicile : cette saison il a rentré un bilan… quasi-identique chez lui et en déplacement. En 18 matches au Breydel, le FC Bruges a pris 40 points, y a marqué 38 buts et encaissé 21. Ce n’est… pas mieux qu’en déplacement : 19 matches, 39 points, 37 buts marqués, 16 encaissés. Le FC Bruges encaisse donc même davantage au Breydel…

Les meilleurs buteurs brugeois plantent d’ailleurs plus facilement loin de leur grotte : si Charles De Ketelaere a marqué 8 de ses 14 roses à domicile, Hans Vanaken (10 buts dont 6 en déplacement), Noa Lang (7 goals dont 4 away) et le duo Adamyan-Skov Olsen (5 buts dont 3 away) frappent plus souvent en déplacement. Les autres buteurs flandriens sont blessés (Rits) ou en disgrâce (Dost et Vormer).

3. Bruges-Union, le précédent du 27 janvier

C‘est clairement l’un des matches-références de l’Union cette saison. Attendue au tournant par tout le landerneau de Pro-League en ce mois de janvier 2022 qui lui proposait un menu infernal Anderlecht-Genk-Antwerp-Bruges, l’Union s’affiche au Breydel en cette 24e Journée avec 9 points d’avance… et sort un vrai match de patron.

Le tout Bruges médusé voit son Club posséder le ballon 66% du temps… mais sans rien produire face au gardien Anthony Moris. En mode contre et warrior, l’Union écrase l’entrejeu par ses passes courtes et ses récupérations musclées : Felice Mazzù fait du Bruges à Bruges. Les stats sont édifiantes : 11-4 pour l’Union aux frappes au but, 7-1 aux tirs cadrés… et surtout 7 safes signés Simon Mignolet !

Ce soir-là, Simon Mignolet stoppa tout... © BELGA

Ce soir-là, aux interviews, Anthony Moris et le capitaine Teddy Teuma plaisantent : " Ce soir, on a 54 points : on est officiellement sauvés de la relégation… " Mais le sentiment dominant est que l’Union a frôlé une victoire historique à Bruges. Au décompte des 3 duels, l’Union a d’ailleurs chaque fois dominé le Club… mais en péchant dans l’efficacité offensive.

FC Bruges - Union Saint-Gilloise : 27 janvier 2022 (0-0)

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4. Deniz Undav : un buteur de contre

Le meilleur buteur du championnat rentre une saison phénoménale mais, surtout, Deniz Undav marque… quatre fois plus en déplacement ! Sur ses 25 buts actuels… 20 ont été marqués à l’extérieur, une stat hallucinante. C’est une caractéristique des buteurs unionistes : exception faite de Dante Vanzeir (14 buts mais seulement 6 marqués away) et de Kaoru Mitoma (6 buts marqués… tous au Parc Duden), Casper Nielsen (7 goals, dont 4 en déplacement) et Teddy Teuma (6 buts… dont 5 en déplacement) frappent surtout hors de leurs bases.

Au-delà des chiffres, apparaît évidemment l’indice de forme du moment… et là, difficile de nier l’évidence : Undav n’a pas marqué… lors de 10 des 15 derniers matches (depuis son transfert à Brighton…) et Vanzeir n’a buté que 3 fois en 2022

Denis Undav, un buteur qui s'exporte © BELGA

Et l’examen des expected-goals (ratio entre les occasions franches et les buts réels) face aux membres de ces Play-Offs est sans appel pour les Unionistes : 0 but marqué pour… 4,3 buts attendus en 3 matches face aux Brugeois, 3 buts marqués face à l’Antwerp (mais 0 en play-offs…) pour 5,9 buts attendus ! En gros, seule la naïveté défensive des Anderlechtois a permis aux Unionistes de marquer 7 fois… pour 4,5 buts attendus.

Les buteurs unionistes sont donc en méforme, gèrent mal la pression... ou n’ont (actuellement) pas la qualité requise dans le geste de finition.

5. Le commando unioniste

On l’a souvent dit, les Unionistes sont des warriors, des guerriers, des survivants animés par le désir de réussir. Moris a pointé au chômage, Undav Teuma et Kandouss ont galéré dans les divisions régionales allemande et française, Vanderheyden en a bavé en D2 hollandaise, Amani était indésirable à Charleroi, Genk ne comptait plus sur Vanzeir. Ils ont bouffé les racines des mauvaises herbes, ils ont touché plus bas que terre : pour eux, tout ce qui vient est du bonus.

L'Union, un mental de survivants... © BELGA

Tout le core-business de Mazzù est construit sur l’esprit de groupe de ses joueurs. Dimanche, après le pénalty raté par Vanzeir, ses partenaires, Nielsen et Undav en tête, ont illico louangé leur Dante… et promis de l’aider à se venger ce mercredi. Extrait remarqué, issu d’un documentaire Union Inside, d’un speech de Coach Felice avant un match, contre Bruges précisément : " Le cœur d’un homme est plus fort que le budget d’une équipe. " Sacré Felice.

6. L’absence de pression

" Bruges doit être champion ; nous, on ne doit rien du tout " : antienne martelée depuis des mois dans le camp unioniste. Hormis la déception bien légitime de louper éventuellement le titre après un tel parcours, les Jaune et Bleu ont d’ores et déjà réussi leur saison.

Pour la dernière année de qualification directe d’un club belge pour les poules de la Champions League, Bruges doit donner un dernier coup de pelle au fossé (sportif et surtout financier) qu’il a creusé sur sa concurrence habituelle (Anderlecht, Gand, Genk, Antwerp, Standard). Bruges terrassé par un club venu de D1B ? Bart Verhaeghe en étoufferait ses carbonnades…

7. Les choix tactiques d’Alfred Schreuder

10 victoires et un partage (la semaine passée à Anderlecht) sur les 11 derniers matches : difficile pour Alfred Schreuder de rentrer un meilleur bilan avec Bruges. Reste que les critiques demeurent : le jeu était plus sexy sous Philippe Clément et les récents choix défensifs du Batave au Parc Duden continuent d’interpeler. Des choix qui n’ont payé que par le résultat final… et le pénalty raté de Vanzeir. Rejouer le match de dimanche, il est peu probable que Bruges re-gagne ce match.

Ce soir au Breydel, devant son public gourmand et le poussant vers l’avant, Schreuder devra sans doute revenir aux bases et jouer plus offensivement. Le technicien blauw-zwart maudit clairement la blessure de son architecte et homme en forme Mats Rits. Tout cela, Felice Mazzù le sait mieux que personne. Et n’attend que ça pour placer ses contres meurtriers. Aux Vanzeir et Undav de montrer cette fois plus d’inspiration.