Le dossier du master en médecine de Mons met le feu au gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles. Après le gouvernement flamand avec l’Azote, le gouvernement Bruxellois avec la friche Josaphat, c’est donc une troisième entité fédérée qui se retrouve avec un blocage.
Alternatif
La fin de l’hiver est décidément propice aux crispations, voire aux crises dans les entités fédérées. Azote flamand, friche bruxelloise, médecine francophone, ces trois dossiers ont en commun des différents de fond entre partis. Mais ils ont aussi en commun d’interroger la composition des coalitions au pouvoir. Au point d’ouvrir la possibilité de contourner un partenaire via des majorités alternatives. Au point de rendre très compliquée la reconduction des mêmes coalitions après les élections.
Tout commence par une annonce de la ministre Valérie Glatigny de ne pas suivre entièrement l’ARES, l’académie de recherche et d’enseignement supérieur qui est chargée de coordonner ce que font les universités, pour éviter que tout le monde ne se marche dessus.
L’ARES a donné son accord pour 57 habilitations. La ministre refuse les deux habilitations qui concernent les masters en médecine à Mons et à Namur. Argument : le nombre de médecin est contingenté, si on crée des nouveaux masters, on n’augmente pas le nombre de médecin, mais on augmente les coûts, près de 500.000 euros.
Front commun
Ecolo et PS se retrouvent en front commun contre le MR pour plusieurs raisons. D’abord Jean-Marc Nollet et Paul Magnette se parlent et ils sont alignés sur le fond. Selon eux, le Hainaut a besoin de ce master pour garder des médecins dans la province. Ensuite, ils considèrent tous les deux que le MR outrepasse un accord qui serait intervenu entre les partenaires : suivre les décisions de l’ARES. Ils considèrent donc tous les deux que le MR, à travers Valérie Glatigny, ne respecte pas une parole donnée. Le non-respect des règles informelles du jeu politique est un élément important. Dans la crise de l’Azote c’est aussi ce que le CD&V a reproché à la N-VA, et ce qu’ECOLO a reproché au PS dans le dossier Josaphat. Cette dimension formelle, cette accusation de non-respect des règles du jeu est l’élément qui suscite cette montée en tension.
Dramatisation
C’est Paul Magnette qui a décidé d’enclencher la vitesse supérieure, de dramatiser ce blocage en menaçant d’une majorité alternative. Mais en gouvernement, le vice Premier ministre PS, Frédéric Daerden s’est montré moins radical. Du côté d’Ecolo on préfère ne pas parler de majorité alternative, pour l’instant. La nuance est dans le "pour l’instant". Les verts se disent malgré tout prêts à le faire s’il le faut.
Une majorité alternative serait un désaveu pour la coalition, une humiliation politique aussi pour le MR. En effet, Les Engagés et le PTB pourraient voter ces masters, le MR se retrouverait totalement isolé. On n’en est pas là donc, pour l’instant.
Avertissement
Enfin, pour comprendre cette crispation, il faut encore parler de Georges-Louis Bouchez. Le président du MR est aussi montois et membre du CA de l’université de Mons. Il se retrouve avec cette opposition au master en médecine à Mons, très isolé et dans une position très délicate dans sa province. L’engagement du PS et d’ECOLO dans ce dossier s’explique aussi par la volonté de mettre Georges-Louis Bouchez en difficulté, c’est évident.
Sans doute faut-il y voir également un énième avertissement au MR, s’il le fallait encore, un an avant les élections : la stratégie de Georges-Louis Bouchez irrite les autres présidents de parti et risque d’écarter le MR du pouvoir. Mais qui au MR pouvait encore l’ignorer ?