Contacté, le directeur de l’Institut Notre-Dame, Willy Kersdag, se dit encore fort affecté par cette épreuve. "Nous avons reçu coup sur coup deux nouvelles terribles, la manière dont il est mort et ensuite les deux meurtres qu’il a commis. Cela a été très difficile à gérer pour l’équipe", retrace-t-il. "Il y a une tension difficile à gérer entre le chouette collègue qui travaille avec nous depuis 30 ans et les actes qu’il a commis. Deux sentiments extrêmes se confrontent. J’ai été accompagné par le PMS et le pouvoir organisateur de l’école, il était déjà 11h et les médias parlaient de l’affaire. Je n’ai pas voulu lire ce qui était écrit pour me concentrer uniquement sur les faits, c’est pour cela que j’ai utilisé l’expression 'circonstances tragiques'. A ce moment, on n’en savait pas plus. Ensuite, nous avons informé les professeurs et les élèves."
Il faudrait parler de ce sujet sur le long terme, pas uniquement parce que cela a eu lieu dans notre école
Le directeur confirme la minute de silence tenue lors de la journée pédagogique du 26 septembre mais précise avoir "aussi parlé des victimes et de la mère de Carl qui est très âgée. Vivre ça à la fin de sa vie, c’est terrible."
Est-ce que cet événement pourrait être l’occasion de parler des violences faites aux femmes avec les élèves ? "Pourquoi pas, répond le directeur. Mais il faudrait parler de ce sujet sur le long terme, pas uniquement parce que cela a eu lieu dans notre école, je ne voudrais pas que cela impacte des professeurs, le fait de devoir rebondir sur ce qu’il s’est passé, cela concerne tout de même l’un de leurs collègues. Je trouve aussi qu’on devrait mieux former nos élèves sur la critique des sources car nous avons pu lire n’importe quoi dans les médias, des choses qui ne collaient pas avec ce que nous savons de notre collègue. Il a été lynché médiatiquement. Je rappelle aussi qu’un autre homme, un papa, est mort, mais pour les médias, c’est comme s’il n’existait pas."
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A propos des critiques formulées sur la communication de l’école, le directeur explique : "C’est n’est pas facile, nous avons été critiqués de toute part, notamment parce que nous ne montrions pas assez d’émotions. Mais nous aurions été critiqués aussi si nous avions montré trop d’émotions ! Nous essayons de passer cette épreuve avec la plus grande conscience et le plus d’humanité possible. Nous tentons de rester professionnels et de poursuivre notre tâche d’enseignement. Bien entendu que nous avons de l’empathie pour les victimes, cela tourne dans ma tête, j’y pense très souvent. Quel gâchis. Mon fils, qui a aujourd’hui 21 ans, m’a appelé quand il a appris la nouvelle. Carl a été son professeur. La première chose qu’il m’a dite c’est : ‘Il m’aimait bien’. On n’imagine pas quelqu’un qui montre de telles émotions capable de faire de tels actes."