L’activité, qui dure de fin juillet à début octobre, est lucrative : l’exploitant islandais de Selfoss, par ailleurs avocat, en tire environ 9 à 10 millions de couronnes (entre 63.500 et 70.700 euros) par an.
"Dans de nombreux cas, les juments présentent des signes d’inconfort de court terme lors du prélèvement sanguin", précise Sigrídur Björnsdóttir, spécialiste équine à l’Autorité alimentaire et vétérinaire islandaise (MAST).
Mais "cela n’est pas considéré comme une altération grave à moins que les symptômes ne soient sévères, prolongés ou que la jument montre des signes de stress chronique".
En 2021, l’Islande comptait 119 fermes à sang et près de 5400 juments gravides élevées dans le seul but d’être saignées, un chiffre qui a plus que triplé en dix ans.
L’hormone eCG/PMSG est transformée sous forme de poudre par la société islandaise Isteka.
Plus grand producteur d’Europe, la biotech traite environ 170 tonnes de sang par an. Sans doute moins cette année : après la publication des vidéos, certains exploitants ont quitté la profession.
"Les agriculteurs ont été durement touchés et choqués", déplore depuis ses bureaux à Reykjavik le directeur général d’Isteka, Arnthor Gudlaugsson.
S’il reconnaît des cas qui posent problème, M. Gudlaugsson estime que la vidéo, tournée en caméra cachée, était conçue "pour donner une description trop négative […] du processus".
Les images ont en tout cas entraîné l’ouverture d’une enquête par la police et permis d’identifier les fermes impliquées.
Toutes les exploitations ont été inspectées cet été sans qu’aucune ne soit contrainte de fermer.
Le scandale a aussi déclenché un débat en Islande où la plupart des gens ont découvert l’existence de cette activité pourtant pratiquée localement depuis 1979.
"Cela nous fait réfléchir sur notre position en termes d’éthique", explique Rosa Lif Darradottir, vice-présidente de la toute nouvelle association pour le bien-être animal d’Islande.
"Fabriquer un médicament (pour) les animaux de production juste pour améliorer leur fertilité au-delà de leur capacité naturelle… La cause n’est pas noble", dit-elle.
La quantité de sang prélevée est aussi pointée du doigt.
"C’est purement et simplement du mauvais traitement des animaux et nous avons un mot pour ça : la cruauté animale", dit la députée d’opposition Inga Sæland, à l’origine d’une proposition d’interdiction retoquée à plusieurs reprises.
Une nouvelle réglementation plus stricte est entrée en vigueur début août. Valable trois ans, elle doit permettre aux autorités de décider de l’avenir des "fermes à sang".