Une dynamique différente : "Il ne faut pas regarder que les seuils, mais aussi la dynamique, explique Simon Dellicour, épidémiologiste à l’ULB. Ça augmente beaucoup moins vite que l’an dernier. On est dans une quatrième vague, sous variant delta, qui a commencé fin juin, avec des chiffres qui montent lentement mais assez doucement."
Des cas dans les écoles, oui, mais… : deux semaines après la rentrée dans le primaire et le secondaire, on espérerait évidemment avoir des chiffres pour évaluer la situation actuelle. Pas de bol, l’ONE qui chapeaute ce contrôle via les centres de médecine scolaire avance des changements techniques pour justifier qu’on aura aucun chiffre avant quelques semaines. Les seules données qu’on a pu obtenir concernent le réseau WBE (Wallonie-Bruxelles enseignement), soit les établissements directement gérés par l’ex Communauté française. Ceux-ci auraient enregistré 174 cas d’infection au Covid en établissement, contre 171 l’an dernier à la même époque. Si ces chiffres sont avérés, c’est plutôt une bonne nouvelle qu’avec un virus qui circule plus, on ait un nombre similaire de cas détectés en école.
Une évolution différente selon les régions… et la vaccination : en cette mi-septembre, la situation semble toutefois connaître une accalmie, au niveau des hospitalisations notamment. Mais les tendances pour les contaminations commencent à diverger selon les régions : à Bruxelles où la situation s’était dégradée plus vite que dans le reste du pays, la courbe s’est aplanie. En Flandre, elle a même commencé à redescendre. Mais le nombre de cas détectés continue à augmenter en Wallonie, notamment dans les communes où le taux de vaccination est plus faible, et en particulier en province de Liège. Là où la deuxième vague s’était montrée la plus meurtrière en 2020. A l’époque, la rentrée universitaire avait été pointée du doigt comme un des facteurs ayant pu favoriser l’explosion.
Des paramètres difficiles à évaluer : "Il y a deux paramètres antagonistes, qui font que la situation est très différente de l’an dernier, rappelle Simon Dellicour : le variant delta, qui est beaucoup plus contagieux, et se transmet donc beaucoup plus facilement, et la vaccination, qui freine la transmission, et limite le nombre de cas graves engendrés". Le déséquilibre profite cependant au virus pour le moment, avec une hausse des indicateurs, mais lente. "Et puis, on vient changer soudain ces paramètres, avec cette rentrée, professionnelle mais aussi scolaire. Et aussi un certain relâchement, beaucoup plus important que l’an dernier, notamment des personnes vaccinées par rapport aux mesures de prévention. On ne sait pas aujourd’hui où ça va nous mener".
Et demain alors ? Faut-il donc s’inquiéter ? "On s’attend à ce que ça progresse encore, concède Simon Dellicour. Toute la question est de voir où va se poser le point d’équilibre, s’il arrive à se poser à un point où le virus circule plus, mais sans provoquer un nombre trop important d’hospitalisations, alors on pourra vraiment respirer. Mais si ça monte au point de provoquer une nouvelle surcharge dans les hôpitaux, alors, il faudra revoir nos stratégies, notamment par rapport aux personnes vaccinées". Il faudra alors se poser la question qui fâche : face à des vaccins efficaces, mais pas à 100%, quels sont les risques qui subsistent si les personnes vaccinées n’observent plus aucune prudence ?