Avant le comité de concertation attendu cette semaine - il aura lieu mercredi, au lieu de vendredi comme précédemment annoncé-, le GEMS, le groupe d’experts qui conseillent les autorités, a communiqué son rapport aux différents participants à la réunion du Codeco. Le texte, que nous avons parcouru, préconise un certain "retour en arrière", avec la mise en œuvre de règles plus strictes qui touchent "tous les secteurs et les couches de la société". L’objectif assumé du GEMS est de mettre en place dès à présent un dispositif pour faire diminuer la circulation du virus, tout en précisant que ces mesures doivent être tenables durant tout l’hiver.
Soyons avant tout, prudents. Les éléments cités dans ce rapport du GEMS sont des recommandations d’experts sanitaires. Ce n’est pas forcément que ce que décidera le comité de concertation. L’expérience nous a montré que les éléments évoluaient largement au cours des discussions. Ces recommandations s’inscrivent néanmoins dans un contexte épidémiologique tendu. La semaine dernière, dans Jeudi en Prime, le ministre fédéral de la santé Frank Vandenbroucke se disait inquiet. "On est en train de perdre le contrôle. Il faut absolument freiner les contaminations", martelait-il. Selon les dernières projections, d’ici la fin du mois de novembre, le nombre de malades du Covid en soins intensifs oscillera entre les 600 et 700.
La vie nocturne à nouveau plongée dans le noir ?
Le GEMS recommande de suspendre toutes les activités publiques intérieures pour lesquelles les mesures barrières ne peuvent être garanties (le masque, la distanciation sociale et la ventilation). Concrètement, les experts préconisent de fermer durant un mois la vie nocturne, les boîtes de nuit ou les activités estudiantines, mais aussi les activités en intérieur de sports de contact.
Pour aller au cinéma, assister à un concert ou se rendre au théâtre, toujours selon cet avis des experts, il faudrait désormais à nouveau porter le masque, même si l’on présente un passe sanitaire. Concernant ces activités dites "statiques", le GEMS souhaite en effet instaurer le concept du "CST +". Le Covid Safe Ticket, seul, ne suffirait plus. Le port du masque serait rendu obligatoire pour assister à ces activités, la ventilation serait fortement contrôlée. A ces conditions, ces secteurs culturels et évènementiels pourraient donc maintenir leurs activités.
Toujours selon l’avis des experts du GEMS, dans les cafés et les restaurants, les clients devraient à nouveau rester assis. Plus de verre au comptoir d’un bar ! L’activité dans le secteur de l’Horeca pourrait donc être préservée, à condition également que le personnel et les clients portent le masque sauf quand ils consomment ou sont assis.
Le masque partout à l’intérieur, dès 9 ans ?
Partout à l’intérieur d’un espace public, à l’école comme sur le lieu du travail, le masque buccal devrait être rendu "obligatoire" selon les experts du GEMS, dès l’âge de 9 ans. Sauf si nous pouvons maintenir la distanciation sociale, ou sauf si nous mangeons ou consommons une boisson. C’est ce qu’a lancé comme recommandation également le ministre Frank Vandenbroucke en plaidant pour le port du masque dans l’enseignement dès la 4e primaire. Une mesure à laquelle s’oppose la ministre de l’Education, Caroline Désir. Reste à voir ce que valideront formellement les différentes autorités politiques. Les experts justifient en tout cas leur recommandation par des éléments épidémiologiques.
"Avec l’émergence du variant Delta, peut-on lire dans le rapport du GEMS, le rôle des écoles et des enfants âgés de 6 à 11 ans a évolué. Les données sur les infections scolaires en Flandre montrent que l’incidence chez les enfants de l’école primaire est environ 4 fois supérieure à l’incidence des écoles secondaires et 2 fois supérieure à l’incidence moyenne nationale."
Le texte précise également que cette mesure doit s’inscrire dans un dispositif général. "L’obligation du port du masque aux enfants ne peut être introduite qu’à condition que des mesures égales soient prises dans tous les autres secteurs et âges", précise le rapport du GEMS.
Le retour de la "bulle" pour les fêtes ?
Ce n’est pas ce que préconisent les experts. Le GEMS demande toutefois aux autorités d’inviter la population à réduire le nombre de contacts dans la sphère privée, et d’utiliser au maximum les tests rapides avant les réunions de famille ou des dîners entre amis.
Les experts remettent à nouveau sur la table la question du caractère "obligatoire" du télétravail. Jusqu’à présent, il est recommandé là où c’est possible de l’appliquer. Le GEMS voudrait imposer le télétravail jusqu’aux vacances de Noël à tous les secteurs où il est possible de l’appliquer. Récemment, l’administrateur délégué de la FEB (la Fédération des entreprises de Belgique) estimait que cette mesure n’était plus "audible" pour les employeurs.
Ce rapport du GEMS est signé par 22 experts, notamment par Yves Van Laethem, Marc Van Ranst et Erika Vlieghe. C’est un document parmi d’autres qui sert de base de discussion lors de la préparation du Comité de concertation.