"Le moteur principal du Gulfstream, c’est le vent. Mais il y a une deuxième composante qui est liée aux différences de températures. C’est le même principe qu’une casserole d’eau bouillante, explique Hugues Gosse, climatologue, directeur de recherche au FNRS et professeur à l’UCLouvain. L’eau chaude remonte et de l’eau froide replonge à d’autres endroits : le Gulfstream transporte de l’eau plus chaude vers le nord où elle refroidit et replonge aux alentours du Groenland et qui retourne ensuite vers le sud. Ce circuit influence la température de l’océan qui va lui-même influencer la température de l’atmosphère qui va influencer les vents. Il y a toute une série de boucles de rétroactions et d’échanges et en particulier au niveau des tempêtes, par exemple."
Le Gulfstream est un régulateur climatique. Or, le lien étroit entre la fonte des calottes et les effets du Gulfstream sur le climat a déjà été observé par le passé. Jean-Louis Tison, glaciologue et professeur à l’ULB : "Il y a eu un épisode géologique très remarquable il y a environ 14.000 – 12.000 ans. Il s’est produit à cette époque une tendance générale au réchauffement du climat. On reçoit plus d’énergie du soleil (dû à la fonte des glaces et la diminution du rôle de l’albédo, NDLR), la température monte et, tout à coup, elle redescend parfois 8 à 10 degrés dans certaines régions du globe et ça dure pendant 2000 ans. À cause de ce réchauffement, les calottes glaciaires qui existaient alors fondent et forment des icebergs qui convergent vers l’Atlantique Nord. Cette eau douce, plus légère que l’eau de la mer, flotte et stagne dans l’Atlantique Nord, ce qui a pour effet de bloquer le Gulfstream."