Certains diront que ça fait le charme de Roland-Garros, et plus globalement des tournois du Grand-Chelem, d’autres estimeront que le public français a (encore) dépassé les bornes jeudi soir.
Pas réputé pour son impartialité et plutôt connu pour son soutien indéfectible envers les joueurs français, le public du Suzanne-Lenglen en a donné un nouvel aperçu jeudi soir en night-session.
Alors que le dernier représentant tricolore, Arthur Rinderknech, ferraillait face à Taylor Fritz (8e joueur mondial), les travées du Suzanne-Lenglen se sont mises à, bruyamment, soutenir leur joueur, au point de contester et de huer la moindre petite discussion entre Fritz et l’arbitre.
Malgré la perte du 1er set, Fritz est, lui, resté dans sa bulle pour finalement logiquement l’empocher en quatre manches (2-6, 6-4, 6-3, 6-4) au grand dam du public présent. Après la balle de match, l’Américain s’est permis de toiser le public en mettant un doigt sur sa bouche, comme pour intimer les supporters français à se taire.
Une petite provocation qui n’a évidemment pas été au goût des spectateurs, les huées redoublant d’intensité dans la foulée. Au point même d’interrompre l’interview d’après-match. Au micro de Marion Bartoli, l’Américain n’a jamais su en placer une, pris en grippe par les supporters.
Sa seule réponse, délicieusement ironique, résume assez bien son état d’esprit : "Je vous aime les gars. La foule a été franchement incroyable. Ils ont réussi à allumer quelque chose en moi, ils m’ont tellement soutenu que j’étais obligé de gagner."
Sa seule déclaration d’après-match. Dans la foulée, l’Américain a refusé les interviews d’après-match avant d’annuler la conférence de presse pourtant traditionnellement obligatoire. Ambiance, ambiance.
De son côté, même battu, Arthur Rinderknech ne pouvait que s’incliner devant le soutien d’un public évidemment acquis à sa cause : "Même si je ne connais pas cette sensation, j’ai eu l’impression de jouer un match de Coupe Davis à l’ancienne. C’était vraiment incroyable pour moi."
Incroyable pour lui, un peu moins pour Fritz. L’Américain se consolera sans doute en se disant que c’est lui qui affrontera Franscisco Cerundolo (tête de série #23) pour une place en 8e de finale.