Economie

First Republic Bank, troisième banque américaine sauvée depuis mi-mars : la dernière ?

First Republic Bank, troisième banque américaine sauvée depuis mi-mars : la dernière ?

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Par Jean-François Noulet, avec agences

Les autorités américaines ont pris le contrôle lundi de la First Republic Bank, une banque régionale dont le siège était à San Francisco et qui était en faillite. Elles l’ont ensuite revendue en majorité à la banque JPMorgan Chase.

Dans la foulée des faillites de SVB, Silicon Valley Bank et Signature Bank en mars, First Republic était sous pression, de nombreux clients ayant décidé de récupérer les dépôts qu’ils avaient confiés à cette banque.

Qu’est-ce que cette banque et pourquoi a-t-elle sombré ?

First Republic Bank, c’est une banque commerciale spécialisée dans la gestion du patrimoine des clients fortunés. Basée à San Francisco, elle possède des succursales dans une dizaine d’États américains.

Lorsque la Silicon Valley Bank et la Signature Bank font faillite en mars dernier, les agences de notation commencent aussi à s’intéresser à la situation de First Republic Bank. Son profil inquiète. La banque, fin 2022, a prêté pour plus de 160 milliards de dollars à ses clients, dont la plus grande partie, environ 130 milliards, est garantie par des biens immobiliers.

Les agences de notations Fitch et S&P s’inquiètent et abaissent la note de First Republic Bank. Elles constatent que la banque a prêté plus d’argent qu’elle n’en avait en dépôt. Elles constatent aussi que ces prêts, à taux fixes, ont perdu de la valeur en raison de la hausse des taux d’intérêt sur le marché américain. Les agences estiment que le risque est grand que la banque perde de l’argent. Il y a aussi un risque que les clients choisissent de retirer leur argent de la banque. Ce qui ne manquera d’ailleurs pas d’arriver.

Dans un premier temps, à la mi-mars, onze banques américaines viendront en aide à First Republic Bank en y déposant 30 milliards de dollars. Mais cela ne suffira pas. Les clients de la banque vont prendre peur et vont continuer à retirer des sommes considérables. En avril, ce sont 100 milliards de dollars qui ont été repris par ces clients. C’est près de 60% des dépôts qui ont disparu. Le cours de Bourse de la First Republic Bank s’effondre.

Vendredi dernier, la banque ne valait plus que 654 millions de dollars en bourse contre plus de 20 milliards en début d’année.

Depuis mi-mars, la faillite menaçait First Republic Bank. Elle s’est concrétisée en ce début mai.

First Republic Bank, troisième banque américaine sauvée depuis mi-mars : la dernière ? Photo d’illustration.
First Republic Bank, troisième banque américaine sauvée depuis mi-mars : la dernière ? Photo d’illustration. © Tous droits réservés

Pas eu d’autre choix que d’intervenir

Les autorités américaines étaient réticentes à intervenir pour sauver une troisième banque, mais elles n’en ont pas eu le choix. Elles ont dû constater la faillite de la First Republic Bank, l’une des plus grosses faillites bancaires de l’histoire des États-Unis.

C’est sur la banque JPMorgan, un géant de la finance américaine et mondiale, que les autorités se sont appuyées pour reprendre la First Republic Bank. Depuis mars, JPMorgan avait déjà récupéré une partie des actifs de la First Republic. Depuis lundi, elle récupère quasi-tout le reste ainsi que tous les dépôts. "Notre gouvernement nous a invités, ainsi que d’autres, à intervenir, et nous l’avons fait", a déclaré Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, dans un communiqué.

"Les dépôts de tous les clients sont protégés, les actionnaires perdent leur mise et surtout, les contribuables ne sont pas sollicités", a souligné de son côté le président américain Joe Biden depuis la Maison-Blanche. L’accord permet de "s’assurer que le système bancaire est sûr et solide", a-t-il assuré.

Du côté de JPMorgan, le patron Jamie Dimon a estimé que l’opération allait "aider à stabiliser le système". La banque profite aussi de l’occasion pour renforcer sa position dans le domaine de la gestion de patrimoine.

Le système bancaire américain est-il sauvé ?

Est-ce la dernière banque américaine à plonger ? En est-ce aussi terminé des conséquences pour d’autres établissements bancaires à l’étranger ?

Après les faillites de Silicon Valley Bank et Signature Bank, les plus gros soucis ont été ceux rencontrés par Crédit Suisse qui a chuté et a dû être sauvé par les autorités suisses.

First Republic Bank aurait probablement dû déjà plonger à cette époque. "First Republic était identifiée comme une banque à problème dès mi-mars et l’annonce de sa fermeture ne constitue pas une nouvelle raison de s’inquiéter", a estimé Nicolas Veron, économiste au think tank européen Bruegel, avant l’officialisation de la faillite.

D’ailleurs, depuis la mi-mars, plusieurs banques de petite et moyenne taille ont présenté des bilans financiers qui tenaient la route, apaisant les craintes d’une contagion.

Le patron de JPMorgan, lui, reste toutefois prudent. "Il est évident que si, à l’avenir, il y a des récessions, des hausses de taux et d’autres choses de ce genre, d’autres fissures pourront apparaître dans le système", a-t-il expliqué en pointant notamment du doigt les activités liées à l’immobilier commercial.

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